Titre d'Origine: The Exorcism of Emily Rose
Réalisateur: Scott Derrickson
Année: 2005
Origine: U.S.A
Durée: 2h02
Distribution: Laura Linney, Tom Wilkinson, Campbell Scott, Jennifer Carpenter, Colm Feore, Joshua Close, Kenneth Welsh, Scott Derrickson.
Sortie salles France: 7 Décembre 2005
FILMOGRAPHIE: Scott Derrickson est un réalisateur, producteur et scénariste américain.
1995: Love in the Ruins. 2000: Hellraiser 5: Inferno. 2005: l'Exorcisme d'Emilie Rose. 2008: Le Jour où la terre s'Arrêta. 2012: Sinister. 2013: Goliath. Prochainement: Deus Ex.
Comme Emily l'avait prédit, son histoire a affecté de nombreuses personnes. Sa tombe est devenue un lieu de pèlerinage non officiel qui continue d'attirer des visiteurs du monde entier. Après le procès, le père Moore s'est mis à vivre en reclus, refusant de faire appel, et déclarant: "cette question concerne Dieu: les tribunaux de ce monde ne peuvent rendre de jugement sur elle".
Erin Brune a communiqué son dossier a un expert médical et anthropologue dont les recherches et les travaux publiés sur la vie et la mort d'Emily Rose ont inspiré le film.
Influencé par l'histoire d'Anneliese Michel, une jeune allemande décédée après une séance d'exorcisme dans les années 70, le film de Scott derrickson relate le calvaire d'Emily Rose, étudiante universitaire asservie par des forces démoniaques.
Loin d'être un ersatz grossier de l'Exorciste de Friedkin ou d'un pseudo documenteur éculé, l'Exorcisme d'Emilie Rose s'en démarque lestement en privilégiant l'aspect médical d'un cas de possession (Emilie souffrirait de trouble épileptique psychotique !) plutôt que d'insister sur son caractère surnaturel lié à la spiritualité.
Avec l'efficacité d'un suspense lattent, le réalisateur alterne séances de procès pour la culpabilité du père Richard Moore (il est accusé d'homicide par imprudence) avec quelques moments horrifiques parfois terrifiants (les flash-back illustrant les premières manifestations surnaturelles infligées sur Emilie) ou impressionnants (la séance d'exorcisme confinée dans la grange). On sent bien que Scott Derrickson souhaite avant tout renforcer l'aspect crédible de son récit inspiré d'une authentique affaire de possession en juxtaposant les discours contradictoires de deux avocats. L'un préconisant une cause scientifique, l'autre une foi divine. Durant cette captivante session, le spectateur se pose donc en témoin, partagé entre l'explication rationnelle d'une grave pathologie, ou celle, irrationnelle, d'une existence démoniaque. Avec intelligence, le réalisateur ne prend pas parti sur ses théories antinomiques et nous laisse donc au final dans la suspicion. A savoir si une prescription médicale aurait pu influencer le décès d'Emilie ou s'il s'agissait d'un authentique cas de possession. Le débat argumenté accordant autant d'intérêt à la réflexion scientifique que mystique.
En ce qui concerne la caractérisation interlope d'Emily, l'actrice Jennifer Carpenter réussit avec fébrilité à insuffler une dimension humaine dans son désespoir lamenté et ses crises de folie originaires d'une démence satanique. Son désarroi nous est retransmis avec réalisme rigoureux quand celle-ci se retrouve sujette à des visions hallucinatoires, ou quand elle doit endurer (ou s'infliger) diverses agressions corporelles d'une entité invisible. Qui plus est, sa silhouette longiligne et son faciès étrange renforcent le malaise éprouvé à la vue de ces contractions difformes.
Avec intelligence et efficacité, l'Exorcisme d'Emilie Rose allie le film de procès et l'épouvante pour mieux s'écarter des ficelles balisées du thème satanique. Sa réflexion spirituelle sur la foi catholique nous donne à réfléchir sur nos croyances intrinsèques (que l'on soit athée, pratiquant ou agnostique), sur nos doutes existentiels et surtout sur l'emprise chimérique du diable.