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[BRUNO MATEI]

C'ETAIT DEMAIN
Titre d'origine: Time After Time
Réalisateur: Nicholas Meyer
Année: 1979
Origine: U.S.A
Durée: 1h52
Distribution: Malcolm Mc Dowell, David Warner, Mary Steenburgen, Charles Cioffi, Kent Williams, Andonia Katsaros, Patti d'Arbanville, James Garrett, Leo Lewis.

Sortie salles France: 23 Janvier 1980. U.S: 31 Août 1979

Récompenses: Grand Prix et Antenne d'Or à Avoriaz, 1980.

FILMOGRAPHIE: Nicholas Meyer est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 24 Décembre 1945 à New-York.
1979: C'était demain
1982: Star Trek 2
1983: Le Jour d'Après
1985: Volunteers
1988: Les Imposteurs
1991: Company Business. Star Trek 6.
1999: Vendetta

Londres, 1893. Le célèbre écrivain HG Wells vient de mettre au point une machine à voyager dans le temps. Mais le tueur Jack l'Eventreur réussit à dérober son invention pour se retrouver projeter dans un futur beaucoup plus familier pour ses sordides exactions. HG Wells décide de le rejoindre pour tenter de l'appréhender.

Couronné du Grand Prix et de l'Antenne d'Or à Avoriaz, C'était Demain doit sa renommée méritée grâce à un habile scénario remarquablement construit, des personnages finement dessinés et un concept délirant absolument stimulant. Imaginez H.G Wells, illustre romancier de science-fiction, expliquant à ces amis qu'il est le concepteur d'une machine à explorer le temps. Seulement voilà, parmi l'assemblée, John Stevenson, alias Jack l'éventreur fait parti des invités et décide de dérober l'engin révolutionnaire pour fuir la police de Scotland Yard à ses trousses. Et HG Wells de s'empresser de le rejoindre dans le monde moderne du vingtième siècle à San Francisco !
Commence alors le début d'une palpitante chasse à l'homme me direz vous ! Oui et non, car de prime abord le réalisateur Nicholas Meyer souhaite privilégier la dimension psychologique de ces protagonistes réfugiés dans notre monde contemporain avili par la banalité de la violence et de la criminalité. Et notamment de mettre en exergue le comportement désinvolte de l'espèce humaine, tributaire des nouvelles technologies du monde moderne. Alors que Jack l'Eventreur se retrouve pleinement épanoui à perpétrer ses crimes dans cette nouvelle époque dissolue, H.G Wells va établir la rencontre d'une ravissante banquière et entamer une relation édénique. Si le réalisateur s'attarde avant tout à nous décrire une romance vertueuse entre les deux amants, c'est pour mieux nous familiariser à leurs rapports communs et ainsi confectionner un suspense grandissant pour la future sauvegarde de la dulcinée de Wells, prochaine cible de l'éventreur.

Avec sobriété et refus de surenchère spectaculaire, C'était Demain entretient son intérêt par sa structure narrative parfaitement élaborée, mais aussi et surtout par ces personnages spontanés, remarquablement campés par trois comédiens prodigieux. En romancier avisé revenu de l'époque victorienne, Malcolm McDowell livre une interprétation timorée toute en pudeur. Sa posture de détective circonspect affublé d'un look rétro façon Sherlock Holmes, son intégrité et sa fougue amoureuse de s'éprendre d'une femme toute aussi avenante imposent un profil docile pour mieux contraster avec la folie ambiante d'un nouveau siècle régi par l'incivilité. C'est la charmante Mary Steenburgen qui endosse le rôle ténu d'une bien-aimée anachronique, éperdument vouée à rencontrer la déférence d'un prince charmant subordonné à l'humilité. Sa présence suave et son caractère altruiste accentués par une voix lascive insufflent un irrésistible pouvoir de séduction dont H.G Wells et le spectateur lui-même sont naturellement contraints d'y céder. Enfin, Jack l'éventreur est incarné par le génial David Warner, absolument magnétique dans un rôle flegmatique odieusement délétère. Son hypocrisie arrogante et sa déraison meurtrière vouée à l'avilissement de la violence caractérise avec rigueur un tueur impassible, presque mutique dans ses exactions crapuleuses.

Mené de main de maître par un réalisateur novice parfaitement inspiré et pourvu d'une grande intelligence dans sa structure narrative découlant d'une allégorie sur l'infection du Mal, C'était Demain n'a rien perdu de son attrait irrésistible. La densité de son suspense progressif, son humour perspicace et surtout la dimension prude accordée à une tendre romance en font une réussite majeure de la science-fiction d'un éclat insoupçonné !