Enter the Void

-> Les films d'horreur, fantastique, SF...

Messagepar BRUNO MATEI » 06 Décembre 2010, 09:05

ENTER THE VOID (version alternative, 2H23, non diffusé en salles)
Réalisateur: Gaspard Noé.
Année: 2009.
Durée: 2H23.
Origine: France.
Distribution: Avec Nathaniel Brown, Paz de la Huerta, Ciril Roy, Sara Stockbridge

BIOGRAPHIE: Gaspar Noé, né le 27 décembre 1963 à Buenos Aires en Argentine, est un scénariste, producteur et réalisateur franco-argentin.
* 1998 : Seul contre tous
* 2001 : Irréversible
* 2009 : Enter the Void

Intro à Enter the Void.
" Je me suis aussi beaucoup inspiré d’un Livre des morts Tibétain – celui dont on parle dans le film, que j’ai découvert à l’âge de 18 ans, à une époque où je lisais beaucoup de choses au sujet de la mort et de la réincarnation. Je me suis vraiment énormément renseigné sur ce livre, apprenant au passage qu’il avait aussi beaucoup inspiré Philip K. Dick, et j’ai décidé d’adopter sa structure au moment de la mort d’Oscar. Ce livre parle du voyage de l’esprit qui s’effectue entre la mort et la réincarnation, un voyage sensé durer 49 jours. Je n’ai pas été fidèle à 100% au bouquin, mais j’ai quand même tenu à bien mettre en scène ce voyage astral totalement dis-fonctionnel et lumineux, d’où l’importance, surtout dans la scène de fin, de ces jeux de lumière lors des scènes de baise à l’hôtel, où la lumière émane des corps. "
Gaspard Noé.

2010, L'ODYSSEE DE L'ESPRIT.
Huit ans après son très controversé Irréversible, Gaspard noé nous revient avec un nouveau métrage beaucoup moins provocateur qu'à l'accoutumé et nous livre un trip filmique hallucinogène dont l'objectif premier sera de tenter de nous "transporter".

Un jeune garçon, Oscar, affectivement lié à sa soeur Linda se retrouve à Tokyo en flânant de manière transitoire sous l'emprise de drogue qu'il négocie dans les quartiers nocturnes d'une ville funambule.
Un soir, à l'occasion d'un deal de drogue compromis dans un bar, Oscar se fait coincer par la police. Il se réfugie en désespoir de cause dans les toilettes et meurt quelques secondes plus tard d'une balle dans la poitrine par ses oppresseurs de l'ordre.

En traitant du thème mystique de l'origine humaine et la croyance en la réincarnation, Enter the Void est un un film expérimental atypique qui créé la fascination temporelle, la désolation psychique, la morosité ambiante et la beauté divine grâce au pouvoir spirituel de la conception de la vie.
Enter the Void imagine le personnage d'un jeune junkie visualisé de l'intérieur du sujet, de manière à ce que le spectateur s'indentifie implicitement à travers son corps et son esprit. Comme le fait de pouvoir entendre sa respiration sourde, ses pensées intimes et visualiser de manière sensorielle ce qu'il regarde à chaque moment. Quelques instants de vie prégnants d'un quidam paumé dans la ville de Tokyo, jusqu'à sa fin tragique et au-dela de la mort cérébrale.

Le début totalement psychédélique nous entraine dans un délire visuel fantasque et vertigineux à travers la prise de drogue qu'Oscar va complaisamment inhaler. La réalisation virtuose et ambitieuse endosse des images versicolores et versatiles d'une beauté envoutante. Nous sommes véritablement dans un "ailleurs" hallucinogène, de la même manière que ce que notre héros subi puisque le spectateur s'est introduit en son identité.
Ses moments idylliques provoquent chez nous une véritable sensation palpable d'abandon, un trip sensitif perceptible selon l'implication émotionnelle personnelle auquel le spectateur saura apprivoiser durant la (longue) projection.

Passé ce délire mystique qui permet à travers la drogue une manière potentielle (hallucinatoire) de matérialiser les mystères insondables des origines de la vie, la narration foisonnante et déstructurée va nous emmener dans les moments clef de la vie abrégée d'Oscar.
Comme dans le livre des morts qu'il aura lu auparavant, notre héros va subir entre passé, présent et futur toutes les étapes spirituels décrites dans cette publication. D'une prémisse de son abandon à la vie jusqu'à sa réincarnation dans une prochaine vie naquise.
Parce qu'il refuse de quitter le monde des vivants à cause d'une promesse fidèlement léguée envers sa soeur, Oscar va observer ses protagonistes familiers errer dans la ville de Tokyo.
Dès lors, nous allons découvrir la raison des liens d'amour fusionnels qui unissent un frère et une soeur perturbés par un drame familial brutal et tragique.
En effet, durant leur tendre enfance, ils auront été témoins de la mort inopinée de leur parent dans un accident de voiture. Installés à l'arrière passager du véhicule, Oscar et Linda auront été fortement éprouvés de vivre en direct la sauvage devise impromptue de la faucheuse, s'appropriant ignoblement chaque vie de leur géniteur.
La séquence choc est extrêmement brutale et réaliste, à la limite du supportable. Essentiellement dans les travers implacables de la réaction émotionnelle intense de la petite Linda, directement témoin face à l'abomination.
Cette vision d'horreur va venir hanter l'écran à plusieurs endroits intermittents du récit pour rappeler l'aspect traumatique irrémédiable d'un tel évènement morbide envers l'innocence de deux enfants .
La suite de la narration nous entraine dans l'amertume inconsolable de sa soeur meurtrie, dans les brefs instants de culpabilité d'un jeune dealer (qui éprouvait une grande rancune envers Oscar, coupable d'avoir entretenu des relations sexuels avec sa mère) et enfin de l'errance de Victor, l'ami le plus proche du défunt, davantage épris de compassion pour Linda.

Dans un maelström d'images oniriques incessantes, entêtées par un score musical hybride omniprésent qui varie les genres et les ambiances, Gaspar Noé filme et autopsie de manière tentaculaire la ville de tokyo en caméra subjective. Il emploit de manière discontinue des moyens techniques étourdissants à travers des plans séquences aériens inconcevables, la caméra traversant continuellement les murs pour accéder à l'autre décor voisin.
Il étudie à travers l'entité invisible d'un esprit flottant dans l'espace le cheminement continu, académique d'être humains marginaux face à une société anxiogène. Des personnages lambdas perdus entre la morosité de cicatriser les plaies d'un décès soudain et le défi de continuer à avancer, avant d'enfanter le prodige un nouvel avènement.
A ce titre, le final exutoire dans un hôtel d'amour où des personnages s'accouplent langoureusement, dégageant des fluides lumineux mis en cause par l'émanation des corps chauds et transi se révèle d'une beauté séminale insolite.
Alors qu'il fallait oser filmer en gros plan, de manière inédite, l'acte sexuel d'un pénis pénétré dans l'orifice vaginal de l'héroïne sans une once de vulgarité ou de racolage !
Ce happy-end annoncé, clôturant un acte d'altruisme suprême fondé sur la promesse d'une fidélité entre un frère et une soeur (liés à jamais) s'avère bouleversant d'humanité dans son amour immodéré. Jusque dans l'infini biologique des premières larmes d'un nouveau-né.

LE LIVRE DES MORTS.
En s'adressant au mystère insondable des forces vitales tout en suggérant une potentielle croyance en la réincarnation, Enter The Void est un ovni filmique extraordinaire de virtuosité technique et de beauté esthétique dans ces décors de néons versicolores surchauffés et ces stroboscopes hypnotiques en rythme de techno.
Une expérience psychique émotionnelle indéfinissable qui prend le pari risqué de nous faire voyager dans l'espace temps comme aucun cinéaste visionnaire ne l'avait fantasmé (au risque d'ennuyer par moments futilement pesants).
Le trip ambitieux et pertinent peut aussi se voir comme un hymne à l'enfantement, au pouvoir divin de la création biologique avec tout ce que cela comporte de compromis. Un assemblage irréversible d'iniquité, douleur et fatalité juxtaposées à la dépendance addictive de l'épanouissement, du bonheur et de l'amour salvateur.
Un tableau labyrinthique d'une ville transie autour duquel nos héros, semblables à des fourmis, semblent survivre dans ce monde dérangé. Un univers destiné à obliquer sur lui même, duquel sommes nous même condamnés à errer sur terre pour se reproduire à l'infini.
Fantasque, bouillonnant et pénétrant.

RECOMPENSES:
* Festival international du film de Catalogne 2009
o Meilleure photographie (Benoît Debie)
o Prix spécial du Jury (Gaspar Noé)

"Narcisse du meilleur film au Festival International du film fantastique de Neuchatel.

QUESTION évoquant la potentielle prise de drogue sur le tournage.
Pour la drogue, c’était open bar sur le tournage ?
G. N. : Si tu te drogues sur un film, tu ne peux pas bosser correctement. Sur le tournage, personne ne se droguait, même pas un joint. C’était la condition sine qua non.
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Messagepar StitchTS » 06 Décembre 2010, 18:40

J'ai eu du mal avec la dernière partie, BEAUCOUP trop long.

Mais sinon, Noé est un putain de réalisateur, il ose et propose, et dans le cinoch français, c'est déjà beaucoup !
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Messagepar lirandel » 06 Décembre 2010, 18:56

Il s'est fait attendre ce ' Enter thé void' , on entend parler de lui partout, et c'est un peu sans doute parce que les salles où il était projeté étaient réduite à peau de chagrin.
Car il à effectivement était projeté en province comme par exemple à Aix en Provence.
Etant en déplacement à ce moment là , je n'ai pu à mon grand regret en faire une critique au moment souhaité.
Séance de rattrapage donc.

Gaspar Noé est un extraterrestre depuis ces premiers films, " Carne " où seul contre tous " parleront aux plus connaisseurs d'entre vous , " irréversible " qui à fait couler beaucoup d'encre et où l'on pouvait retrouver Albert Dupontel, Vincent Cassel et Monica Belluici réunis ( rien que cela) , avait enfoncer le clou d'une façon tellement intelligente et provocatrice à la fois qu'il fallait bien admettre que l'on tenait là un réalisateur hors norme.

Habitués à plus de courts métrages dont un certain " sodomites " passé sous silence mais dont la teneur était en elle même une raison de plus pour éluder cette oeuvre atypique au sens large du terme , l' on revient avec ce " Enter thé void " aux premiers amours de ce réalisateur controversé qui élabore un style reconnaissable dés le générique.

Sur le fond scénaristique du film tout d'abord l'on ne peut faire abstraction de ce livre des morts tibétains dont la croyance aussi simpliste soit elle est ici mise en image avec maestria .
La réincarnation tient ici le parangon façon kubrick de cette croyance ancestrale perdue dans les âges ou les occidentaux comptent pourtant quelques adeptes.

Je n'en fait pas parti , sois dit en passant , et l'on à cure d'y croire ou pas , puisque
le propos du film n'est pas prosélyte pour un sou , mais heureusement juste un voyage contemplatif à la première personne mais dont je vous avoue mon désarroi
quant à la longueur employée ici.

Trop long serait un euphémisme réducteur lorsque l'on ne possède pas les substance connues ou employées à la conception cérébrale d'un tel déluge .
Car si personne n'oses en parler , je vais me gêner.

C'est un peu comme écouter Jimmy Hendrix en faisant du sport , certains diront c'est un bon bluesmen, d'autres vous regarderont toujours avec ce sourire ironique
avec ce plus dans les yeux qui confirmeront que vous vous avez manquer quelque chose au passage ..

l'on en est d'accord ou pas , n' empêche que ceux qui savent lire auront compris, ' le reste n'est que bouillie pour chat.

J'attendais tellement de ce film qu'il à finit par me décevoir au bout du compte.
L étirement sans fin des plans séquences avec une caméra plongeante qui passent et repasse dans le moindre siphon de lavabo ou de trous à disposition m'ont transformé en lustre monotone et subissant .De la haute voltige photographique certes mais qui s'essouffle vite au bout du compte pour ne laisser à une grande partie du film l'ennui le plus lourd qu'il m'est était donner de voir.

La même chose m'était arrivé avec le film " Amer" qui ne reste pour moi qu'une figure de style conséquente et intéressante seulement sur les plans techniques.

Gaspar noé sait filmer , il n'y a aucun doute la dessus.
Mais je constate avec un certain énervement dans ces avalanches d'images bien senties , une sorte d'enfermement , un cul de sac en devenir en somme comme un peintre qui ne se servirait que d'une main , celle qui l'a fait connaitre .

L' on se réveille pourtant avec des scènes chocs qui ont le mérite d' aller au fond des choses comme un pénis qui crache la purée , des musiques aussi hétéroclites
les unes que les autres allant d' un style Prodigy ou des vagues monocordes déjà perçues dans son précédent film , ou J S bach sur Xylophone…c'est pas courant .

Mais l'histoire perd vite de son intérêt une fois comprise, et trop vite devinée .
Alors s'il te plait Gaspar , descends ta caméra de ton échelle pour le prochain coup.
et freine un peu sur les "doors"
please.

14/20 ;)
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Messagepar BRUNO MATEI » 07 Décembre 2010, 07:20

Tu n'as pas tort non plus Lirandel.
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Messagepar ottorivers » 07 Décembre 2010, 16:53

C'est vrai qu'il est long, mais je pense que c'est justement sur ce point que Noé compte, pour que le spectateur entre totalement dans et fasse sienne la dynamique du film.
C'est parfois chiant aussi, mais tout comme l'est la réalité.
Il n'y a pas d'histoire incroyable, mais plutôt un fait divers banal, et on suit le déroulement inéluctable à la première personne, même dans les moments vides.
Cela requiert une sorte d'acceptation du fait que c'est un non-film, et plutôt une expérience sensorielle ou l'on se laisse mené n'ayant d'autre choix, comme l'âme du héros.

Pris en tant que film lambda, oui il est interminable et le scenario inexistant.
Mais il aurait pris l'histoire d'une concierge aurait il été plus passionnant? Pourtant il aurait put, mais cela nous aurait paru encore plus invivable (je n'ai rien contre ce beau métier d'ailleurs).

Pas un film, une expérience. Il faut le savoir au risque d'être très déçu.

Je le trouve bien plus réussi qu'AMER et sans comparaison.

Il nous faut bien quelques artistes visionnaires même si certains choix de leur part sont discutables. Il y en a peu préservons les.
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Messagepar StitchTS » 07 Décembre 2010, 17:06

ottorivers @ 07.12.2010 à 17:53 a écrit: Il nous faut bien quelques artistes visionnaires même si certains choix de leur part sont discutables. Il y en a peu préservons les.


Pas mieux
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Messagepar jaimelaviande » 08 Décembre 2010, 13:22

Pas vu à sa (confidentielle) sortie. En DVD bientôt j'éspère. Noé semble s'éloigner de la noirceur d'antan on dirait... Hâte de me faire un avis en tout cas.
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Messagepar san » 08 Décembre 2010, 18:50

StitchTS @ 07.12.2010 à 18:06 a écrit:
ottorivers @ 07.12.2010 à 17:53 a écrit: Il nous faut bien quelques artistes visionnaires même si certains choix de leur part sont discutables. Il y en a peu préservons les.


Pas mieux


Pas mieux non-plus... :mellow:
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Messagepar ottorivers » 08 Décembre 2010, 19:42

Par contre j'ai peur que la vision sur petit écran n'amoindrisse l'effet ressentit, comme souvent chez Noé.

J'attends un peu avant de le remater à nouveau.
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Messagepar jaimelaviande » 09 Décembre 2010, 07:32

Oui surement un peu. En même temps je me souvient d'avoir vu Seul contre tous à l'époque sur petit écran et j' avais quand même pris une claque. Mais l'aspect "léché" visuellement n'était pas le même non plus. A voir donc...
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