[Titre anglophone:
Don't play with fire]
- VERSION SALLES -
Un bon polar urbain de série B, doté d'une excellente BO (normal, des compositions de
Goblin et
Jean-Michel Jarre entre autre s'y voient allègrement plaquées), avec une ambiance proche des films de la
blaxploitation 70's (productions policières noires américaines à petit budget).
Tsui Hark ne s'embarrasse guère d'une quelconque morale et livre, en pleine émancipation de la nouvelle vague cinématographique de Hong-Kong, un petit film autant nihiliste que résolument insolite. On reprochera toutefois à ce
L'enfer des armes une interprétation très caricaturale, un rythme mou donnant lieu à quelques nettes longueurs, un ou deux effets de violence maladroits, ainsi qu'une intrigue nébuleuse, voire parfois incohérente. Quant aux quelques tortures d'animaux provoc', elles s'avèrent tellement gratuites et mal amenées qu'elles tendent à susciter davantage l'hilarité qu'autre chose.
Inégal, mais plutôt intéressant.
- DIRECTOR'S CUT -
Cette version d'origine n'altère finalement ni en bien ni en mal la valeur de ce polar de
Tsui Hark. Elle apporte, certes, quelques scènes supplémentaires intéressantes, dont celle notamment - très courte - de la confection d'une bombe, elle modifie aussi quelque peu le pitch de base (cette fois, c'est de par l'explosion d'une petite bombe dans un cinéma et non l'écrasement d'un piéton sur une route que les protagonistes du film, à savoir trois étudiants et une jeune délinquante paumée, s'unissent afin de commettre des méfaits), mais elle détient également une jolie petite pléthore de séquences totalement superflues, qui ne font que nuire à un ensemble déjà bien comblé en bavardages et temps morts laborieux.
Globalement, les caractéristiques de
L'enfer des armes version
director's cut s'apparentent donc dans les grandes lignes à celles du montage sorti en salles: une ambiance urbaine suintante, une bande-son impeccable (surtout si les scores "empruntés" appartiennent originellement à celle de
Zombie ou encore
Les guerriers de la nuit; aussi cette démarche peut-elle paraître en l'occurence douteuse), mais une interprétation générale peu crédible (les trois petits étudiants flanqués de leurs lunettes et de leurs coiffures grotesques, stéréotypés au possible), une narration parfois assez foutraque, ainsi qu'un rythme molasson, donnant le feu vert aux dialogues mornes et aux longueurs inutiles.
Inutile par ailleurs de crier encore aujourd'hui au pamphlet ultra-violent parce que censuré à sa sortie:
L'enfer des armes, son nihilisme quelconque et ses quelques petits mitraillages arrosés de peinture rouge apparaissent aujourd'hui fort gentillets, à l'aune des maints brûlots cinématographiques dérangeants pondus entre temps.
Malgré ses maladresses se voulant inostensibles, ce métrage qui transpire la mauvaise odeur des bas-fonds de Hong-Kong peut néanmoins s'imposer comme la première réussite de
Tsui Hark. Les deux versions du film sont à voir.