Titre d'Origine: Dracula, Prince of Darkness
Réalisateur: Terence Fisher
Année: 1966
Origine: Angleterre
Durée: 1h30
Distribution: Christopher Lee, Barbara Shelley, Andrew Keir, Francis Matthews, Suzan Farmer, Charles Tingwell, Thorley Walters.
Sortie salles France: 21 Décembre 1966. Angleterre: 9 Janvier 1966
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville.
1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.
Dracula, Prince des ténèbres est le troisième volet du cycle vampirique de la Hammer instauré depuis leur chef-d'oeuvre indétrônable, le Cauchemar de Dracula. Sous la houlette de maître Fisher, ce nouvel opus redore le blason du prince des ténèbres avec l'intervention du vénérable Christopher Lee. Absent du second volet, l'acteur, ici dépourvu de moindre parole, rempile sa cape et ses canines acérées pour s'en prendre à deux couples égarés en interne de son château. Mais avant sa résurrection escomptée, Terence Fisher se prend un malin plaisir à retarder son attente sous l'allégeance d'un sinistre majordome. En effet, réduit en cendre dans le premier volet, Dracula va devoir compter sur la bienfaisance de ce serviteur insidieux afin qu'il lui fournisse le sang frais d'une victime sacrifiée. Puisque ce fameux fluide soigneusement déversé sur ces cendres va enfin pouvoir lui restituer la vie.
Cette notion de suspense lattent envisagée dans sa première partie est d'autant plus captivante que Terence Fisher véhicule une angoisse sous-jacente autour de la crainte intuitive d'une de ces hôtes. Qui plus est, avec la beauté gothique de ces décors flamboyants, chaque pièce du château semble imprégnée d'une aura aussi envoûtante qu'obscure. En insistant sur l'effet morbide d'un crime perpétré à l'arme blanche (l'égorgement établi hors-champs d'un homme suspendu par les pieds pour être vidé de son sang !), Terence Fisher ose transgresser un niveau de violence peu coutumier pour l'époque, d'autant plus que le fluide épais coulant sur la relique s'avère d'un rouge rutilant ! Beaucoup plus tard, une autre séquence spectaculaire va également oser braver l'interdit vis à vis de l'exécution sauvage intentée sur une femme vampire. Sans effet de coupe et à l'aide du zoom, Fisher va insister sur le caractère sanglant d'une poitrine perforée d'un pieu dans le coeur ! L'intensité de la situation est d'autant plus effrénée que cette proie démunie, car encerclée par une horde de chasseurs déterminés, semble suffoquer par son affolement de panique !
La seconde partie, beaucoup plus rythmée et fertile en péripéties se focalise sur la survie du second couple ayant trouvé refuge auprès d'un monastère sous la garde du Père Sandor. Bien entendu, Dracula, sa maîtresse et son majordome ne vont pas tarder à épier les alentours afin de tenter de s'en prendre à Helen.
Si l'intrigue de Dracula, Prince des Ténèbères ne renouvelle rien, elle s'avère irrésistiblement efficace et parfaitement structurée dans une trame intense multipliant imbroglios. D'autant plus que la mise en scène ciselée de Fisher transcende le genre et sublime sa poésie macabre avec la conviction d'interprètes charismatiques ! (en moine pugnace, Andrew Keir remplace Cushing avec une étonnante autorité !). Enfin, pour parachever, le final se clôt sur une confrontation finaude entre nos héros et Dracula, inopinément mis à mal par un traquenard autour d'un lac gelé !
Avec efficience et un savoir-faire inégalable, Terence Fisher confectionne avec Dracula, Prince des Ténèbres un somptueux ballet sous l'allégeance indéfectible d'un Christopher Lee étrangement mutique et par la bravoure valeureuse d'alliés farouches ! Ou comment transformer une oeuvre de commande en trésor de gothisme raffiné !