Réalisateur: Douglas Cheek
Année: 1984
Origine: U.S.A
Durée: 1h40 (director's cut)
Distribution: John Heard, Daniel Stern, Christopher Curry, Kim Greist, Laure Mattos, Brenda Currin.
Récompense: Prix du Meilleur Film Fantastique au Festival du film fantastique de Bruxelles, 1985
FILMOGRAPHIE: Douglas Cheek est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le
1984: C.H.U.D
2003: Empires: Peter and Paul and the Christian Revolution (Documentaire pour la TV)
Unique réalisation de Douglas Cheek, C.H.U.D est l'exemple symptomatique de la série B sans prétention, troussée avec l'habileté d'un scénario efficace. Qui plus est, avec amour et respect du genre dans une modestie éludée d'esbroufe et de sarcasme railleur. Avec son concept délirant inspiré des films de monstres des années 50 (des sdf se transforment en mutants cannibales sous les effets d'une irradiation), C.H.U.D réussit formidablement à traiter son pitch avec conviction et sobriété. Pamphlet écolo contre les dangers du nucléaire et le traitement infligé à une marginalité désoeuvrée, Douglas Cheek entreprend sa série B avec un sérieux probant (non exempt d'une pointe d'humour macabre) dans une réalisation alerte proche du documentaire. A l'image de l'urbanisation crasseuse d'un New-York blafard où les laissés pour compte jonchent les trottoirs ou se parquent dans les sous-sols des égouts. C'est d'ailleurs en majeure partie dans ces souterrains glauques que l'action du film se concentre par l'entremise d'un policier, d'un photographe et d'un révérend bénévole. Si dans la première partie, leur investigation policière débutait de manière un peu laborieuse, la suite des vicissitudes va s'avérer plus stimulante depuis qu'ils se sont opposés à l'autorité vénale d'un leader du gouvernement. Indépendamment délibérés à résoudre les disparitions inexplicables que relayent les journaux, nos compères vont ensuite devoir fréquenter la faune clandestine des clodos du coin pour tenter de comprendre quel est l'auteur de cette vague d'homicides. Réfugiés sous la ville dans les réseaux des conduits où des cadavres démembrés jonchent les sols humides, nos enquêteurs vont se retrouver face à la menace de monstres cannibales tout en démystifiant un scandale sanitaire !
Outre le caractère attachant des comédiens de seconde zone et la photogénie rigide assénée à un New-York flétri, le soin alloué aux maquillages confectionnés par Ed French apportent notamment un cachet de crédibilité à l'entreprise. Enfin, pour parachever l'oeuvre mineure d'une manière plus acerbe, le réalisateur s'approprie d'un climax haletant fertile en suspense, rebondissements et agressions monstrueuses sous un score musical percutant !
Ludique par son idée débridée et son efficacité progressive et pourvu d'un réalisme étonnamment crédible, C.H.U.D est l'archétype de la série B compétente, louablement pensée dans une doctrine réfutant le ridicule grand guignolesque et la violence putassière. A redécouvrir tant il renouvelle une irrémédiable sympathie typiquement ancrée dans les années 80 !
Pour l'anecdote et selon certaines sources, il s'agit d'un des films préférés de Rob Zombie qui aurait souhaité en son temps concrétiser un éventuel remake.