La Dolce Casa degli Orrori

-> Les films d'horreur, fantastique, SF...

Messagepar Sir Gore » 08 Juillet 2006, 10:50

Image

Titre anglophone: The Sweet House of Horrors
Casting: Jean-Christophe Brétignière, Cinzia Monreale, Lubka Lenzi, Lino Salemme, Franco Diogene, Vernon Dobtcheff.
Production: Massimo Manasse & Marco Grillo Spina.
Musique: Vince Tempera.
Assistants réalisateurs: Michele De Angelis & Camilla Fulci.
FX: Giuseppe Ferranti.

Fulci ne manquera pas d'en laisser plus d'un perplexe avec cette étrange production tournée pour le petit écran, dont le sens et l'interprétation nous échappent. Rappelons que La Dolce Casa degli Orrori ne se veut autre que l'un des quatre téléfilms réalisés au sein d'un même projet, dans lequel Fulci et son compatriote Umberto Lenzi se partagèrent équitablement la tâche. Il s'agit d'un quatuor de métrages prenant pour thème la maison hantée et chapeautés par la télévision italienne, ce qui signifie qu'un budget honnête leur fut tout de même accordé.

Cela débute par un double-meurtre d'une cruauté à la limite de l'écœurement: des parents formant le couple idéal, jeunes, beaux, classes et gentils, rentrent après une idyllique soirée en tête-à-tête à leur somptueuse maison; ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'un cambrioleur masqué s'y est introduit afin de dévaliser le coffre-fort dissimulé derrière un tableau. Alors que celui-ci tente de s'enfuir, le mari le rattrape, s'ensuit quelques castagnes bien chorégraphiées, jusqu'à ce que le malfrat triomphe en écrabouillant à plusieurs reprises la tête de son adversaire contre une paroi, laissant échapper de celle-ci un morceau de cerveau et le mari de s'écrouler à terre; musique tonitruante à la Claudio Simonetti, montage nerveux et sadisme incroyable, ce Fulci démarre alors tambour-battant. Le cambrioleur poursuit ensuite la femme à travers la cuisine, la rattrape et finit par lui fracasser la boîte crânienne à l'aide d'un gros tampon, jusqu'à la double-énucléation; l'action se terminera après que le méchant cagoulé se charge d'achever le mari agonisant en lui administrant deux monstrueux coups de barre de cheminée dans la figure, lui déchirant la peau des joues et faisant pousser à l’homme son dernier soupir. D'une sauvagerie proprement dégueulasse, outrageusement Gore (tout nous est montré dans les moindres détails, avec les effets spéciaux très crédibles de Giuseppe Ferranti) et ultra-violent, ce prologue retourne les tripes, mais ne s'apparente pas réellement à la suite du film.

Une fois que le cambrioleur masqué dont on ne connaît toujours pas le visage ait entrepris de transporter les deux cadavres des parents dans leur voiture et de balancer cette dernière en bas un fossé afin de faire croire à un simple accident mortel, le thriller trash/Gore se métamorphose en un melting-pot de fantastique et de comédie noire pour le moins absurde. L'enterrement a lieu, on découvre les deux bambins du couple défunt et leurs nouveaux parents adoptifs (la grande et belle Cinzia Monreale et un comédien méconnu d'origine francophone), tous les quatre habitant comme par hasard dans la maison où le drame s’est produit. S'entremêlent alors élément surnaturels, envolées parodiques et scènes angoissantes. Certaines séquences fonctionnent du tonnerre (Cinzia Monreale inquiétée par un bruit affreux, sorte de bourdonnement discontinu venant du haut, sort de sa chambre et monte lentement à la cave; on ne sait trop pourquoi, mais ce passage fonctionne à merveille si le but est de nous angoisser; cela nous permet de nous remémorer les grandes années fulciennes, notamment La Maison près du Cimetière et ses forts moments de suspense qui tendaient les nerfs), d'autres foirent joliment, la faute à une direction d'acteurs globalement lamentable, en particulier au niveau des deux gosses, qui jouent affreusement mal; la photographie quant à elle se révèle souvent très mauvaise, surtout durant les scènes d'extérieur, où la luminosité trop brillante crée une espèce de brouillard involontaire à vomir. Là, il s'avère bien clair que le talentueux chef-opérateur de L'Au-Delà et L'Enfer des Zombies devait être pris au moment du tournage de La Dolce Casa degli Orrori, car la différence se ressent comme si l'on comparait l'eau et le feu. Artistiquement, cet ouvrage fulcien ne vole donc pas plus haut qu'un téléfilm, il fallait bien s'en douter.

Mais il y a un on-ne-sait quoi qui fait que l'ennui ne parvient jamais à bord, le suspense fonctionne, les décors sont beaux, et quelques notes d'humour burlesque irrésistible viennent même nous arracher un ou deux francs petits rires (l'inspecteur obèse victime des parents-fantômes qui n'aiment pas sa présence dans leur maison; la grue possédée qui se retourne contre ceux qui souhaitaient démolir le manoir). Cette volonté de brasser des tonalités divergentes nuit à toute crédibilité mais permet en contrepartie de divertir jusqu'au bout; pour faire plus simple, si La Dolce Casa degli Orrori avait emprunté des sentiers uniquement sérieux, l'intérêt aurait considérablement diminué. Or, de l'intérêt, le film en a, beaucoup même. L'introduction comblera les amateurs d’extrême Gore (même si le reste les décevra sans doute), et le métrage dans son ensemble distrait, angoisse et met mal à l'aise, pendant que Fulci distille une atmosphère troublante, glauque et oppressante, rappelant qu'il n'est pas un manche lorsqu'il s'agit de nous effrayer, quand ce n'est pas pour nous dégoûter.

Il y a aussi quelques scènes oniriques d'une beauté assez remarquable, notamment lorsque les parents réapparaissent dans l'imaginaire des deux enfants, un choix d'ambiance que Fulci continuera d'ailleurs à exploiter, notamment dans l'une de ses dernières œuvres, le non moins curieux Voix Profondes.

Parfois drôle, parfois grotesque, parfois inquiétant, parfois réussi, parfois raté, La Dolce Casa degli Orrori ne mettra pas tout le monde d'accord, c'est pourquoi il figure sans doute aujourd'hui dans le panier des travaux complètement oubliés ou même jamais véritablement découverts du maestro. Une chose est sûre, l'abominable massacre d'introduction suffit à rendre sa vision indispensable pour tous les aficionados de barbarie Gore italienne… et le film entier pour les inconditionnels de Fulci.

7/10

Image Image


* Désolé de ne pas avoir pu dégotter davantage d'images du film.
Avatar de l’utilisateur
Sir Gore
fulciologue averti
 
Messages: 2585
Inscription: 24 Août 2005, 09:37

Messagepar Killjoy » 08 Juillet 2006, 12:57

Gunblast @ 08.07.2006 à 11:50 a écrit: * Désolé de ne pas avoir pu dégotter davantage d'images du film.


clair que c'est carrément hardcore pour trouver des photos de ce film sur le net !!!!!
à signaler que l'actrice Cinzia Monreale est une habituée des productions ritales puisqu'elle a été dirigée par D'amato dans "Blue holocaust" et jouait déjà dans "L'au delà" où elle incarnait Emily (la jeune fille aveugle)
Image
sinon, pour en revenir à "Sweet house of Horrors", ce que tu en dis Gunblast m'a carrément mis l'eau à la bouche... B)
Ton thread est très inspiré et bien foutu, comme d'hab';)
bref, on a plus qu'à guetter une sortie zone 2 de ce Fulci très rare !!! :) :)
Avatar de l’utilisateur
Killjoy
HorrorDetox
 
Messages: 15664
Inscription: 14 Novembre 2003, 13:15

Messagepar asath » 08 Juillet 2006, 14:36

c'est marrant comme fulci utilise toujours des nanas avec des yeux ultras clairs voir translucides pour donner un aspect demoniaque.
Avatar de l’utilisateur
asath
Oh My Gore ! OFFICIAL MEMBER
 
Messages: 4083
Inscription: 02 Décembre 2003, 23:52
Localisation: au sous-sol de la peur

Messagepar Killjoy » 08 Juillet 2006, 16:04

asath @ 08.07.2006 à 15:36 a écrit: c'est marrant comme fulci utilise toujours des nanas avec des yeux ultras clairs voir translucides pour donner un aspect demoniaque.


ouais sauf que là si tu veux mon avis c'est des lentilles qu'elles ont ... :D :D :D :D :D
Avatar de l’utilisateur
Killjoy
HorrorDetox
 
Messages: 15664
Inscription: 14 Novembre 2003, 13:15

Messagepar Maniak » 08 Juillet 2006, 16:06

Chouette texte Gunblast, peut être pour une critique sur le site?
Avatar de l’utilisateur
Maniak
Katana Orgy
 
Messages: 4755
Inscription: 17 Juin 2004, 12:02
Localisation: Vosges

Messagepar Killjoy » 08 Juillet 2006, 16:09

clair qu'il se débrouille bien le père Gunblast pour la rédaction de ses threads !!!!!! B) B)
il y apporte toujours un soin particulier, chapeau ! B) B)
Avatar de l’utilisateur
Killjoy
HorrorDetox
 
Messages: 15664
Inscription: 14 Novembre 2003, 13:15

Messagepar YoUtH » 08 Juillet 2006, 16:14

Tu l'as finalement reçu celui là, Gunblast ? Si il est aussi sympa que House of Clocks, je le prendrais peut-être dès que le DVD sera à prix acceptable.
Avatar de l’utilisateur
YoUtH
Oh My Gore ! Worshipper
 
Messages: 547
Inscription: 27 Août 2005, 17:54

Messagepar Sir Gore » 09 Juillet 2006, 10:22

Merci pour vos compliments les gars, ça fait plaisir ! ;)

YoUtH: Si, il l'est tout autant, c'est deux chouettes téléfilms, certes pas sans défauts mais vraiment intéressants et divertissants, et je dirais même que La Dolce Casa degli Orrori est beaucoup plus Gore que La Casa nel Tempo rien que pour son intro d'enfer. :sick:
Avatar de l’utilisateur
Sir Gore
fulciologue averti
 
Messages: 2585
Inscription: 24 Août 2005, 09:37

Messagepar The Trooper » 09 Juillet 2006, 10:28

va falloir que je le trouve celui là.
Avatar de l’utilisateur
The Trooper
No social life
 
Messages: 6912
Inscription: 05 Novembre 2003, 12:25


Retourner vers Cinéma Horreur & Fantastique

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité