.: L'HISTOIRE
Il y a trente ans, des extraterrestres entrèrent en contact avec la Terre... Les humains avaient tout imaginé, sauf ce qui se produisit. Les extraterrestres n'étaient venus ni nous attaquer, ni nous offrir un savoir supérieur. Ces visiteurs d'au-delà des étoiles étaient des réfugiés, les derniers survivants de leur monde. Ils furent temporairement installés dans le District 9, en Afrique du Sud, pendant que les nations du monde se querellaient pour savoir quoi en faire... Depuis, la gestion de la situation a été transférée à la MNU (Multi-National United), une société privée qui n'a pas grand-chose à faire du sort de ces créatures, mais qui fera d'énormes bénéfices si elle arrive à faire fonctionner leur extraordinaire armement. Jusqu'à présent, toutes les tentatives ont échoué : pour que les armes marchent, il faut de l'ADN extraterrestre. La tension entre extraterrestres et humains atteint son maximum lorsqu'un agent de terrain du MNU, Wikus van der Merwe, contracte un mystérieux virus qui se met à modifier son ADN. Wikus est à présent l'homme le plus recherché de la planète, celui qui vaut plus qu'une fortune : il est la clé qui permettra de percer le secret de la technologie alien.
Repoussé, isolé, sans aide ni amis, il ne lui reste qu'un seul endroit où se cacher : le District 9...
.: LA CRITIQUE
Avec ce premier long métrage de Neill Blomkamp, adapté de son court "ALIVE IN JOBURG" datant de 2005, la sortie de "DISTRICT 9" est certainement l'évènement le plus attendu de cette rentrée, en particulier après un succès phénoménal au box office US et l'énorme buzz suscité par une campagne publicitaire d'envergure, sans parler de la notoriété de son producteur, qui n'est autre que Peter Jackson !
Parqués à Johannesburg dans un camp baptisé District 9, des dizaines de milliers d'Aliens (familièrement surnommés « crevettes » à cause de leur apparence) survivent au milieu des ordures depuis plus de vingt ans, lorsque leur vaisseau s'est immobilisé sur Terre sans pouvoir en repartir.
Victimes de ségrégation dans le pays de l'Apartheid et dans l'une des villes les plus dangereuses au monde, ces êtres venus d'ailleurs sont les rebus d'une société submergée par les médias et hostile à tout ce qui est étranger... Pour calmer la colère ambiante, la MNU se voit donc chargée de déménager ce ghetto, qui compte désormais plus d'1,8 millions d'individus. Si l'entreprise paraissait déjà bien compliquée, rien ne présageait alors l'imminente métamorphose du chef des opérations, Wikus Van De Merwe, devenant ainsi l'objet de toutes les convoitises...
Sous ses allures de docu-fiction, "DISTRICT 9" mélange habilement les genres pour offrir au spectateur un incroyable divertissement sur fond de critique sociale. Si la référence à l'Apartheid ainsi qu'aux camps de concentration est un peu téléphonée, un foisonnement de détails rend le film particulièrement riche aussi bien visuellement que scénaristiquement.
Avec un budget de 30 millions de dollars, le protégé de Peter Jackson, déjà familier de l'art des effets spéciaux, parvient à rendre crédible et réaliste cette « invasion » extraterrestre, malgré quelques incohérences, qui restent cependant tout à fait pardonnables au vu d'un tel degré d'aboutissement et de souci du détail, surtout pour un premier film !
On appréciera notamment le soin apporté à l'exploitation du fameux District 9, cette zone de non droit constituée de bidonvilles où règne misère et trafics en tout genre, et au sein de laquelle les Aliens sont persécutés par le redoutable clan des nigérians pour les vertus soi-disant magiques de leurs membres et de leurs organes, semblablement à la situation actuelle des albinos dans la plupart des pays d'Afrique subsahariens.
Des exactions qui s'ajoutent aux expérimentations perpétrées par la MNU afin de percer le secret de l'armement extraterrestre d'une puissance inégalée, pour des profits assurés...
Alors que les parallèles avec des films comme "CLOVERFIELD" et "REC" ont été largement invoqués, "DISTRICT 9" s'inspire aussi vraisemblablement du jeu vidéo et de la culture manga. On pense notamment à "AKIRA" pour la métamorphose du héro (ou plutôt anti-héro) ainsi qu'à des Mechas type "EVANGELION" pour la fusion homme-machine, ici homme/alien-machine. L'aspect SF est d'ailleurs bien ancré dans le film, le réalisateur ayant réussi à concilier un univers relativement futuriste à une époque contemporaine, à laquelle il est donc facile de s'identifier.
En revanche, l'allure un peu trop humanisée des Aliens déçoit un peu. Bien que d'apparence proche d'un crustacé, on se demande toujours pourquoi des créatures venues d'un autre monde serait forcément dotées d'une morphologie relativement similaire à la nôtre, d'autant qu'ici les attitudes et la gestuelle sont très inspirées par l'être humain. Par ailleurs on pourrait aussi s'interroger sur le fait que les Aliens soient exploités par une société privée et non aux mains du gouvernement.
Le film n'échappe également pas à quelques poncifs, entre sentimentalisme larmoyant et action à l'américaine, mais toujours avec une sorte de second degré en filigrane qui fait passer l'ensemble comme une lettre à la Poste (quand elle n'est pas en grève) !
Sous ses aspects purement récréatifs, "DISTRICT 9" porte un regard sans concession sur le genre humain, cupide et opportuniste, à l'image du personnage principal, qui devient finalement plus « humain » au fil de sa mutation.
Note de Lan : 7.5 sur 10
Critique du film "DISTRICT 9"