D'abord assistant-réalisateur de Dario Argento, puis émule de ce dernier une fois seul derrière la caméra, Michele Soavi, en tant que très bon artisan du cinéma italien de genre, nous concocte ici un délicieux mélange de comédie noire, d'épouvante gothique et de polar décalé. Certes, la mise en scène, parfois maladroite, la photographie un peu pâlichonne et le manque de rythme de l'ensemble sont là pour nous rappeler que Soavi n'a pas l'étoffe de ses maîtres, mais il met du cur à l'ouvrage et son Dellamorte Dellamore recèle de bons points non négligeables: la beauté plastique se dégageant de certaines images macabres, Rupert Everett excellent dans ce rôle de gardien de cimetière désabusé, la resplendissante Anna Falchi qui dévoile ses charmes dans tous les sens du terme, puis surtout ces oscillations entre poésie baroque, humour noir et tragi-comédie sentimentale parfaitement maîtrisées et contournant ingénieusement les écueils liés à l'homogénéité de l'ensemble. Les puristes de l'horreur Gore terre-à-terre qui a recouvert le paysage transalpin durant la fin des années soixante-dix et la première moitié des années quatre-vingt risqueront en revanche de ne guère y trouver leur compte. Qu'ils aillent au diable !
7/10