Réalisatrice: Marina De Van
Année: 2012
Origine: Irlande/France/Suède
Durée: 1h31
Distribution: Padraic Delaney, Robert Donnelly, Charlotte Flyvholm, Ella Hayes, Mark Huberman.
Sortie prévue en 2014.
Récompense: Mention Spéciale du Jury au Festival du Film Fantastique de Strasbourg en 2013.
FILMOGRAPHIE: Marina De Van est une réalisatrice, scénariste et écrivaine et actrice française, née le 13 Février 1971.
2002: Dans ma peau. 2009: Ne te retourne pas. 2012: Le Petit Poucet (télé-film). 2013: Dark Touch.
D'origine française, Marina De Van nous avait déjà prouvé avec ses deux premiers longs-métrages son goût prononcé pour les ambiances interlopes chargées de malaise diffus et les introspections viscérales de personnages angoissés en quête identitaire. Avec Dark Touch, elle renouvelle sa faculté à provoquer angoisse et tourment en distillant un climat anxiogène constamment dérangeant sous l'allégeance d'une enfant douée de télékinésie.
Après la mort inexpliquée de ses parents, Niahm, 11 ans, est hébergée chez des amis proches. Son comportement étrange inquiète sa nouvelle famille ainsi que leurs rejetons. Dans une demeure familiale adjacente, un nouveau massacre est perpétré ! La police commence à suspecter la nouvelle orpheline préalablement présente sur la scène du crime !
Dans la lignée de Carrie de De Palma et des Révoltés de l'an 2000 de Serrador, Dark Touch empreinte les thèmes de la télékinésie et de l'enfant diabolique afin d'établir un réquisitoire contre la maltraitance infantile. L'esthétisme de sa photo crépusculaire agrémentée d'éclairages pastels nous plonge dans une ambiance anxiogène terriblement pessimiste. Avec une troublante efficacité, Marina De Van renouvelle les clichés usuels de l'horreur surnaturelle en préconisant avant tout une atmosphère ombrageuse acérée. Les évènements accidentels et meurtriers se succédant d'une manière alarmiste par la cause de parents incompétents. Dominé par la révélation étrange de la petite Missy Keating (son 1er rôle à l'écran !), Dark Touch est littéralement envoûté par la blêmitude de sa candeur auquel ses pouvoirs télékinésiques extériorisent une angoisse colérique incontrôlée. Du moins au prémices de ses manifestations puisque ensuite délibérée à se venger de façon assumée. L'aura occulte qu'elle réussit à insuffler, sa détresse meurtrie qu'elle nous retransmet avec humanisme provoquent un malaise tangible incessamment inconfortable. Sans édulcorer sa trajectoire vindicative, Marina De Van va au contraire persister dans le nihilisme pour nous entraîner dans un abyme cauchemardesque sans échappatoire possible. Si le film déstabilise autant et provoque l'émoi, c'est parce qu'il met en exergue la fragilité de l'enfant martyr fustigé par la sauvagerie des adultes. Sous la présence délétère mais sensitive de Niahm, la réalisatrice nous décrit sa paranoïa traumatique à percevoir leur agressivité. Qu'ils soient volontairement tortionnaires ou tout simplement colériques, la moindre violence exprimée par le monde des adultes est ressentie chez Niahm comme un viol corporel. En traitant notamment de la démission parentale auquel les géniteurs n'ont plus l'habitude de s'impliquer dans l'éducation, Marina De Van établit donc un rapport davantage conflictuel entre l'enfant et le parent exprimant avec indépendance leur propre opinion.
Les Innocents
Sous le moule de l'horreur surnaturelle, Marina De Van peaufine habilement un drame psychologique particulièrement dérangeant par son climat de malaise oppressant. La présence inquiétante des enfants meurtriers exacerbe un sentiment d'oppression asphyxiant pour le spectateur, témoin malgré lui d'une vendetta jusqu'au-boutiste pour la cause infantile.
A l'image ténébreuse de son ange exterminatrice évoquant un brasier purificateur, un vrai film "dark" d'une nuit sans lendemain.