malgré les méga apréhension que j'avais, j'ai été très surpris et le film est franchement sympa! Un de mes De Palma favori, bon l'intrique est complexe (enfin je connais le livre donc ça allait) mais tous les depalma ont une intrigue complexe (rien que
Mission: Impossible je capte pas tout
)
yop critique perso:
Le Dahlia noir
USA
2006
Réalisé par Brian De Palma
Avec Josh Hartnett, Scarlett Johansson, Mia Kirshner
Elisabeth Short, victime dun meurtre à la fois atroce et passionnant qui défraya la chronique en 1947, na pas finit de faire parler delle. Surnommée « Le Dahlia noir » par les journaux de lépoque, cest sous ce même nom quelle offre à James Ellroy, lune de figures les plus prestigieuse du roman noir américain, décrire le roman qui lui vaudra la célébrité. Cest donc ce roman que De Palma, après que David Fincher soit un temps envisagé, sest mis en tête dadapter au cinéma.
Oeuvre incroyablement dense,
Le Dahlia noir est difficile à résumer. Pour clarifier, disons que le film nous raconte lenquête de deux flics que tout oppose, Bucky Bleichert et Lee Blanchard, chargés de résoudre ce meurtre horrible. Mais cette enquête se révèlera très vite complexe et douloureuse, et elle risque dentraîner nos deux héros dans une chute irrémédiable quils sont loin de maîtriser
James Ellroy lui même juge très durement les précédentes adaptations de ses romans, allant même jusquà dire du mal du portant très bon
L.A. Confidential. Pourtant voilà quil ne tarit pas déloges sur le film de De Palma
Le réalisateur de
Pulsion et des
Incorruptibles aurait-il enfin réussi à parfaitement adapter le style si particulier de Ellroy à lécran ? Aurait-il réussi à rendre cette ambiance si sombre qui anime les livres du « Dog » ? Est-il resté fidèle au livre ?
La réponse est à la fois oui et non. En effet malgré les immenses trahisons au matériel dorigine que le film se permet, et malgré que la reconstitution classieuse des années 50 soit à des lieues de latmosphère sombre et désespérée du roman,
Le Dahlia noir reste quand même un film plutôt réussi.
Tout dabord, et ça devient très vite flagrant dans le film, De Palma nessaie pas un seul instant ni de rester fidèle à lhistoire, ni de retranscrire latmosphère du livre. Au contraire,
Le Dahlia noir est infiniment plus un film de De Palma quune adaptation de Ellroy. Le réalisateur se réapproprie totalement lhistoire, quil retranscrit dans son univers. Bien sûr les admirateurs de Ellroy (dont je suis) seront partagés, si certains seront déçus de ne pas voir le livre retranscrit fidèlement, dautres seront satisfaits par cette relecture qui jette un nouveau regard sur luvre.
Le travail dadaptation au cinéma est souvent débattu, et la question de la sacro-sainte fidélité à luvre est chaque fois abordée. Mais quand on voit que les dernière adaptations cinématographiques duvre littéraires comme
A Scanner Darkly ou
Sin city, sacrifient la cohérence et lefficacité au profit dune « fidélité au livre » qui finit plomber totalement le film, on ne peut que saluer la décision de De Palma. Surtout quand elle est prise par un réalisateur ayant un univers et des thématiques aussi riches.
Ainsi
Le Dahlia noir illustre une sorte de « résurrection » de son réalisateur, après un
Mission : impossible ou un
Femme fatale plutôt décevants.
Mais le film nest pas non plus totalement exempt de défauts. Si on a évité le pire auquel on était en droit de sattendre au vu du casting, on néchappe cependant pas à linterprétation outrancière et catastrophique de Aaron Eckart (Blanchard) et de Scarlett Johansson (Kay). Cest plutôt dommage quand on sait quils occupent tout deux parmi les rôles les plus important du métrage. Et le duo Blanchard/Bleichert en souffre un peu. Heureusement Josh Hartnett est étonnamment convaincant dans le rôle de Bucky, et surtout Mia Kirshner (Le Dahlia) illumine lécran de sa beauté fragile et innocente.
Au rayon des défauts toujours, on regrettera le début un peu poussif et des premiers interrogatoires qui rythment le commencement de lenquête de manière assez peu passionnante. Mais lintrigue ne tardera pas à décoller, notamment grâce à une incroyable et superbe scène de meurtre, tout à fait « de palmienne » qui restera longtemps dans les annales tant elle est à la fois magnifiquement brutale et parfaitement orchestrée. Il sagit de la véritable clé de voûte du film. De Palma sublime lintensité dramatique de cette scène grâce à un découpage et un cadrages sans défauts. On pense immédiatement à ces morceaux de bravoures filmiques quétaient les scènes de meurtres mythiques de Pulsion ou de Blow out.
Outre ce meurtre, on retrouve beaucoup des obsessions du réalisateur dans le film : voyeurisme, saphisme, héros impuissant, fascination pour latroce
On saluera ainsi lexcellente idée davoir inséré les bouts dessai filmés de la fameuse Betty Short. Ces scènes sont un habile symbole de la relation obsessionnelle qui existe entre le réalisateur et son actrice (quon retrouve bien évidement aussi chez Hitchcock, grand maître de De Palma).
Mais bien plus que cela, elle permettent aussi au spectateur déprouver de réels sentiments pour cette jeune femme retrouvée assassinée de la plus atroce façon. Par lintermédiaire de ces scènes, Betty Short vient véritablement hanter tout le film. On retrouve dailleurs ce fantôme de Betty dans la scène finale, qui bien que ratée au niveau de lesthétique, se tient tout à fait dans cette logique de « hantise », qui exprime à la fois la fascination des enquêteurs pour se meurtre, mais aussi bien sûr celle de James Ellroy et de nous, spectateurs.
Une fascination à la fois morbide et romantique, que De Palma fait naître et entretient tout au long du film, depuis lautopsie du début jusquà lapparition fantomatique finale. Et cela fonctionne si bien, le spectateur sattache tellement à Betty, que le flash back nous montrant sa mise à mort brutale en devient proprement insupportable. Cette scène de mise à mort constitue léchos surpuissant de lautopsie du cadavre de Betty, dont on pourra éventuellement regretter la relative fadeur en comparaison, mais qui vient justement introduire le processus de fascination quéprouve peu à peu le spectateur. Et cest cette même fascination pour le meurtre de jeunes femmes quon retrouve dans toute luvre de James Ellroy.
En fin de compte
Le Dahlia noir est une adaptation tout à fait réussie, et malgré un certain nombre de défauts, le film fonctionne parfaitement bien, arrivant finalement parfaitement à mêler les obsessions de son réalisateur avec certaines constantes de luvre de Ellroy