par Sir Gore » 10 Août 2006, 16:38
Voyez-vous, Creep n'est pas un film déméritant, mais il souffre d'un gros manque d'originalité et même de créativité qui le rend relativement insipide. Véritable compilation des derniers gros carton de l'horreur et du thriller, cette production anglo-allemande repompe sans vergogne l'esthétique sordide et lugubre de Saw, se contentant tout juste de remplacer la grande salle de bain désaffectée par une rame de métro ayant pour sous-sol de sinistres égouts, tandis qu'elle nous refait le coup de The Descent et de ses monstres humanoïdes - carrément identiques à ceux du film de Neil Marshall - en deuxième partie de spectacle, et l'on pourrait même aller jusqu'à dire qu'elle s'inspire copieusement du film d'Argento Le Sang des Innocents pour les séquences à l'intérieur du métro, mais ceci n'en demeure pas moins qu'une simple hypothèse. L'on a ainsi l'impression d'assister à un quelconque ersatz purement mercantile de succès commerciaux qui ont fait leurs preuves dans le genre au cours de ces quelques années précédentes. Mais le plus drôle, paradoxalement, vient du fait que l'année de production de Creep indique 2004 alors que celle de The Descent date de l'an postérieur. Serait-ce en fin de compte ce dernier qui a joué les copistes et qui a carrément dérobé le succès de son modèle ? Oui, à en croire les informations chronologiques sûres des sites de database. Dans ce cas, le métrage de Christopher Smith arrive un peu tard: l'effet The Descent est déjà passé, inutile de trop se répéter. Toutefois, Creep, en dépit de sa grande linéarité scénaristique, ne se révèle certainement pas dépourvu d'intérêt; il distille par moments un climat sordide, angoissant et stressant, qui fonctionne du tonnerre et parvient à nous mettre mal à l'aise. Là où l'ensemble échoue, c'est dans ses tentatives de faire sursauter le spectateur ou de l'effrayer: les situations et scènes-chocs s'avèrent bien trop prévisibles et stéréotypées pour susciter un sentiment de terreur en nous. D'autre part, la mise en scène, équivalente à celle d'un téléfilm fantastique du mardi soir sur M6, ne se veut pas réellement à la hauteur. Le réalisateur ne semble pas savoir tenir une caméra avec un minimum d'ambition et le monteur n'assure pas mieux (nombreuses ellipses de vidéoclip ou publicité bon marché assez laides). Quant à Franka Potente, elle perd une bonne partie de son charme en blonde platine. Et que dire à propos de certains agissements complètement absurdes de la part des personnages - le comble en revenant à Franka, enfermée avec un black dans une grille d'égout par un humanoïdes et répliquant en riant à ce dernier qui lui a déclaré s'appeler George: « Haha, comme c'est drôle ! Je devais justement rencontrer un George ce soir ! Mais ce n'est pas du tout à quoi je m'attendais... » - ? Lorsqu'on est séquestré dans de l'eau moisie par des psychopathes gouls, on n'a vraisemblablement pas le temps de rigoler, non ? On essaie plutôt de s'en sortir au plus vite et par tous les moyens. De plus, les monstres humanoïdes ne paraissent pas tant offensifs que ça, mais plutôt ridicules et assez vulnérables, pour que Miss Franka et sa robe jaune à pois parviennent à s'en défaire aussi aisément. Et pour terminer en ce qui traite des points faibles de Creep, le dénouement se fait un peu trop expédié pour que l'on puisse garder un souvenir marquant de tout ceci, dommage. Ah oui, nous avons failli omettre le Gore, totalement absent (ce ne sont pas deux petits égorgements tout justes sanglants ainsi qu'une scène de pré-charcutage chirurgical coupée in extremis qui pourront témoigner du contraire) et qui décevra une fois de plus les aficionados de barbaque. De nombreuses maladresses, un gros air de déjà-vu, une fin trop abrupte, et pourtant, un thriller horrifique qui tient parfaitement la route, ce grâce à un certain sens de l'atmosphère, un peu de suspense contrebalançant les passages prévisibles, puis une excellent bande-son très electro (Groove Armada, The Insects), malheureusement trop peu présente. Film à voir, bourré de défauts, mais à voir, allez savoir pourquoi.
6/10