Titre d'origine: La Frusta e il corpo
Réalisateur: Mario Bava
Année: 1963
Origine: Italie
Durée: 1h25
Distribution: Daliah Lavi, Christopher Lee, Tony Kendall, Ida Galli/evelyn Stewart, Gustavo de Nardo, Harriet White.
FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie).
Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo.
1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).
Après La Fille qui en savait trop et Les Trois visages de la peur, Mario Bava réalise la même année le Corps et le Fouet, thriller gothique à tendance sexuelle. Car oser évoquer en 1963 les thèmes fétichistes de la perversion et du sadomasochisme étaient peu courants dans un pays aussi puritain que l'Italie. Par l'entremise d'un suspense lattent compromis à une hantise spectrale, Mario Bava renoue avec l'esthétisme baroque d'un gothisme raffiné au sein d'un château isolé du 19è siècle. La splendeur de ses décors d'architecture, le soin alloué à sa superbe photographie sépia, ornée de teintes azur et carmin, renforcent son sens pictural dans un esprit typiquement transalpin. Envoûtant et inquiétant, Le Corps et le Fouet renoue avec la tradition de l'esprit frappeur venu persécuter sa filiation.
Après avoir été chassé de sa famille, faute de l'étrange suicide intenté par la fille d'une domestique, le Baron Kurt Menliff revient parmi les siens et tente de renouer la relation sulfureuse qu'il entretenait avec sa belle-soeur.
Sur le schéma classique de la hantise, Mario Bava va y apporter une touche personnelle en y introduisant le thème sulfureux du masochisme sexuel par l'entremise d'un couple maudit. Si sa structure narrative habilement construite présage un récit éculé axé sur le thème du fantôme persécuteur, le réalisateur détourne sa situation rebattue par l'utilisation du "whodunit" mais surtout la relation incestueuse entretenue avec ce duo d'amants interlopes. On est d'autant plus surpris de son aura transgressive que Mario Bava ne lésine pas sur la violence acerbe quand le baron décide de prolonger son loisir masochiste avec sa belle-soeur soumise (mais complice !) pour la fouetter immodérément !
Au fil de ces incidents meurtriers et par le principe du coupable présumé, Le Corps et le Fouet laisse planer le doute sur l'identité du fameux criminel ou la potentielle vengeance d'un spectre tyrannique avant de nous divulguer son issue salvatrice.
Dans le rôle du baron renfrogné, Christopher Lee insuffle une présence glaçante par sa sinistre silhouette autant que son regard impassible dénué de moindre vergogne. Avec l'arrogance de ses activités masochistes perpétrées au delà de la mort, l'acteur dégage une aura malsaine vertigineuse auprès de ses hôtes toujours plus indécis envers son hostilité surnaturelle. En maîtresse soumise et torturée, Daliah Lavi illumine l'écran par sa beauté ténébreuse et ne cesse de provoquer une fascination troublée pour ses attirances sexuelles et sa répulsion haineuse envers un tyran possessif. ATTENTION SPOILER !!! Cette charge érotique, ce romantisme déchu qui enveloppe le récit sont impartis au portrait de cette femme névrosée et Mario Bava transcende son introspection schizophrène avec la complicité du Mal influent ! FIN DU SPOILER.
D'une beauté gothique ensorcelante, le Corps et le Fouet se pare d'une ambition effrontée à oser dépeindre le thème de la sexualité sous une forme ambiguë de violence délétère et de machisme primaire. Cette puissance formelle et l'atmosphère diaphane qui en émane restent toujours aussi prégnantes et nous fascinent irrémédiablement par son romantisme éperdu.