Titre d'origine: Compagny of wolves
Réalisateur: Neil Jordan
Année: 1984
Origine: Angleterre
Durée: 1h35
Distribution: Sarah Patterson, Angela Lansbury, David Warner, Tusse Silberg, Micha Bergese, Graham Crowden, Kathryn Pogson.
Sortie salles France: 23 Janvier 1985. U.S: 19 Avril 1985. Angleterre: 21 Septembre 1984
Récompenses: Prix du meilleur film, meilleurs effets spéciaux (Christopher Tucker) et prix de la critique internationale au Festival du film de Catalogne, 1984.
Mention Spéciale au Fantafestival, 1985
Prix du meilleur film, prix du jury, prix de la critique et prix des meilleurs effets spéciaux au Festival de Fantasporto, 1985.
FILMOGRAPHIE: Neil Jordan est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain irlandais, né le 25 Février 1950 à Sligo.
1982: Angel. 1984: La Compagnie des Loups. 1986: Mona Lisa. 1988: High Spirits. 1989: Nous ne sommes pas des Anges. 1991: L'Etrangère. 1992: The Crying Game. 1994: Entretien avec un Vampire. 1996: Michael Collins. 1997: The Butcher Boy. 1999: Prémonitions. 1999: La Fin d'une Liaison. 2002: L'Homme de la Riviera. 2005: Breakfast on Pluto. 2007: A vif. 2009: Ondine. 2012: Byzantium
Adaptation cinématographique du fameux conte de Perrault, la Compagnie du loup empreinte la légende du Petit Chaperon Rouge dans une texture horrifico-hermétique. A travers le songe d'une jeune adolescente en émoi sexuel, Neil Jordan nous confine dans un univers particulièrement baroque où la féerie côtoie l'étrangeté. Entièrement tourné en studio afin d'accentuer le côté fantasmatique des "rêves" de l'héroïne, le film baigne dans un esthétisme onirique particulièrement envoûtant parmi son village médiéval implanté au coeur d'une forêt et auquel les animaux font office d'effigie.
Ici, il n'y a pas vraiment de structure narrative mais plutôt un assemblage d'historiettes fondées sur la crainte du loup. Une manière d'interpeller l'éveil à la séduction d'une adolescente surprise par sa croissance physique et intellectuelle (notamment son attirance/répulsion pour le passage à l'âge adulte). Le loup étant ici une métaphore afin de mettre en exergue le côté prédateur de l'homme quand il s'agit d'un dangereux séducteur prêt à commettre ses méfaits sexuels sur une jeune pubère. A travers cette analogie, on peut d'ailleurs y déceler une mise en garde de la pédophilie (et des pervers sexuels) puisqu'ici, l'adulte est pleinement conscient de courtiser une adolescente. Imprégné d'images picturales où les animaux et la nature communient, et émaillé de symboles métaphoriques, la Compagnie des Loups transcende l'excursion baroque d'une jeune fille prête à aborder le grand méchant loup ! Dans un climat diaphane à l'aura impénétrable, Neil Jordan réussit à transfigurer le conte de fée en cauchemar psychanalytique pour les rapports de couple (les thèmes de l'adultère, de la phallocratie et du flirt dominent leur comportement). A l'instar du jeu de séduction qu'entretiennent l'homme et la femme, leur attirance charnelle étant extériorisée par la pulsion sexuelle. Quand bien même notre petit chaperon maquillé de rouge à lèvres finira par se laisser influencer par l'apparence sournoise du loup.
Pour les brèves séquences de transformation, si les FX peuvent aujourd'hui paraître un brin datés, il ne manque pas d'originalité dans leur conception afin de se distinguer de ses homologues ayant préalablement accompli le miracle technique (l'inévitable diptyque: Hurlements, le Loup-garou de Londres). Enfin, on peut saluer la présence charismatique des comédiens (les rôles impartis à la grand-mère et au chaperon rouge semblent s'être évacués du conte de Charles Perrault !), des personnages iconiques se combinant parfaitement avec l'environnement dépeint !
Abstrait, opaque et inévitablement envoûtant, La Compagnie des Loups est la caractérisation idéale du cinéma fantastique adulte qui tente de proposer au public un spectacle atypique réfutant les conventions et la facilité du divertissement. Le genre de classique métaphorique destiné à la pérennité, à l'instar du célèbre livre de Charles Perrault !