Titre d'Origine: "The Hills have Eyes"
Réalisateur: Alexandre Aja
Année: 2006
Origine: U.S.A.
Durée: 1h48 (version non censurée)
Distribution: Aaron Stanford, Ted Levine, Kathleen Quinlan, Vinessa Shaw, Emilie de Ravin, Dan Byrd.
Sortie salles France: 21 Juin 2006. U.S: 10 Mars 2006
FILMOGRAPHIE: Alexandre Aja, (Alexandre Jouan-Arcady) est un réalisateur, producteur, scénariste, dialoguiste et acteur, né le 07 Août 1978 à Paris.
1999: Furia. 2003: Haute Tension. 2006: La Colline a des Yeux. 2008: Mirrors. 2010: Piranha 3D. 2014: Horns.
Remake du classique de Wes Craven, La Colline a des Yeux révèle aux yeux des cinéphiles le cinéaste français Alexandre Aja pour ce coup de maître horrifique à la violence aussi âpre qu'incisive. Pour preuve, on ne compte plus les coups de pioche et de hache violemment assénées sur les corps ensanglantés des victimes, que ce soit du camp des autochtones forcenés ou des survivants insurgés, quand bien même la séquestration improvisée au sein de la caravane iconise l'épicentre traumatique du carnage avec une férocité quasi insupportable. Si la Colline a des Yeux parvient à provoquer l'angoisse et la terreur, il le doit de prime abord à l'atmosphère d'inquiétude régie autour des collines désertiques du Nouveau-Mexique (photo ocre à l'appui exposée sous un écrasant soleil !) qu'une famille de vacanciers est contrainte d'arpenter à la suite de leur accident de voiture.
Egarés en plein désert et en quête de main d'oeuvre pour leur porter secours, ils vont avoir sommairement affaire à la sauvagerie d'une bande de cannibales sévèrement dérangés du bulbe et génétiquement défigurés depuis des essais nucléaires ciblés sur leur ancien village. C'est donc une nouvelle descente aux enfers pour la survie que nous convie Alexandre Aja parmi le tempérament humaniste d'une famille unie par les valeurs chrétiennes et avant que la tragédie ne vienne les martyriser avec une cruauté proprement primitive. La peur viscérale du danger sous-jacent, car quasi invisible derrière les collines, la crainte instinctive de trépasser face aux exactions criminelles d'un autre âge ! Voilà les ressorts majeurs du metteur en scène aussi méticuleux à insuffler une ambiance lourde et pesante, juste avant qu'il ne laisse exploser la violence opiniâtre des confrontations tribales. Par le biais de sa brutalité hardcore parfois jusqu'au-boutiste (la tuerie perpétrée dans la caravane) et grâce à la caractérisation solidaire d'une famille plongée dans l'injustice d'une horreur gratuite et le chaos qui s'ensuit, Aja renoue avec le réalisme poisseux des bandes horrifiques des années 70. Notamment en prenant soin de peaufiner l'intensité dramatique confinée autour de survivants à bout de souffle mais délibérés à préserver coûte que coûte leur vie en combattant hache à la main l'ennemi. Et pour exacerber leur amertume dépressive et les confrontations barbares à venir, Aja compte sur la sobriété de comédiens totalement impliqués dans leur fonction de survie afin d'extérioriser les pulsions meurtrières de leur vendetta et leur ruse machiavélique pour mieux piéger leurs tortionnaires.
D'une brutalité inouïe et d'un réalisme éprouvant, la Colline a des yeux nouvelle mouture, réussit l'exploit de surpasser son modèle grâce au brio de sa mise en scène acérée, à l'exploitation vertigineuse de son environnement ombrageux et au tempérament ardent de comédiens habités par une fougue criminelle toujours plus addictive. Tout en énonçant au passage le péril nucléaire, Alexandre Aja transcende un morceau de cinéma horrifique brut de décoffrage dans sa bestialité primitive, un survival aride à couper au rasoir dont l'influence se répercute vers l'héritage poisseux des Seventies.