Chromosome 3 de David Cronenberg, 1979

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Chromosome 3 de David Cronenberg, 1979

Messagepar BRUNO MATEI » 22 Février 2014, 07:39

Titre d'origine: The Brood
Réalisateur: David Cronenberg
Année: 1979
Origine: Canada
Durée: 1h34
Distribution: Oliver Reed, Samantha Eggar, Art Hindle, Henry Beckman, Nuala Fitzgerald, Cindy Hinds, Susan Hogan.

Sortie salles France: 10 Octobre 1979. Canada: 1er Juin 1979. U.S: 25 Mai 1979

Récompense: Prix du Jury de la Critique Internationale au Festival International du film de Catalogne, 1981.

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada).
1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage, 1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.

Après 2 coups d'essai très remarqués auprès de la cinéphilie spécialisée (son diptyque Frissons/rage), David Cronenberg frappe encore un grand coup avec Chromosome 3, un drame psychologique où l'épouvante vient s'instaurer d'une manière toute aussi malsaine. Un psychiatre marginal prescrit à ses patients une nouvelle thérapie, le psychoprotoplasme ! En s'intéressant particulièrement à traiter le cas d'une mère dépressive, tout juste séparée de sa famille. Battue par sa génitrice durant son enfance, Nola Carveth extériorise sa haine en reproduisant la même violence sur sa propre fille Candy. Au moment où le Dr Raglan tente de la guérir avec sa nouvelle thérapie, un meurtre vient d'être commis sur la propre mère de Nola. Le coupable reste introuvable, jusqu'au jour ou Frank Carveth, l'époux de la patiente, découvre son identité après la découverte d'un second meurtre. Ce meurtrier appréhendé possède l'apparence d'un enfant difforme dénué de sexe, fruit d'une mutation génétique inconnue !

Avec plus de talent dans la maîtrise de sa mise en scène et la sobriété imperturbable des comédiens (Oliver Reed, Samantha Eggar, Art Hindle et la petite Cindy Hinds crèvent l'écran !), David Cronenberg continue de perturber le spectateur par le biais d'une intrigue foutrement anxiogène. Des patients psychologiquement fragiles ou perturbés laissent transparaître sur leur corps des stigmates après avoir confier leur traumatisme moral au Dr Raglan !
Le fait d'assister à la psychothérapie de ces individus en grande souffrance psychologique se répercute sur notre psychisme puisque le cinéaste aborde les délicats problèmes du divorce, de la filiation, de la maltraitance infantile et de la dépression dans un souci d'intimisme. Qui plus est, avec le témoignage prude d'une fillette traumatisée par un meurtre, Cronenberg enfonce le clou pour mettre en exergue la fragilité de l'innocence quand celle-ci est livrée à une situation de grande violence. A l'instar de cet homicide crapuleux auquel l'institutrice sera sacrifié par deux enfants mutants devant le témoignage horrifié de ces élèves ! Cette scène éprouvante quasi insupportable serait aujourd'hui bannie de nos écrans tant Cronenberg n'a pas froid aux yeux pour projeter des images horrifiques assez crues mais toujours tributaires d'un scénario aussi original qu'intelligent. Car il explore notamment le danger des progrès de la médecine (le psychoprotoplasme peut provoquer une tumeur !) et suggère donc une analogie sur le cancer. Sur ce dernier point, le film met bien en valeur les effets indésirables de la souffrance psychologique au risque de se répercuter sur notre corps et développer une forme d'excroissance. SPOILER ! Quand au point d'orgue traumatique, il faut avoir le coeur bien accroché pour découvrir l'horrible vérité quand la mère des abeilles décide de dévoiler à la base de son nombril un foetus ensanglanté pour le lécher délicatement ! FIN DU SPOILER

Profondément dérangeant et malsain, Chromosome 3 retransmet une émotion quasi dépressive avec l'entremise de ces protagonistes instables en quête d'exutoire et nous plonge dans l'horreur cérébrale avec une transgression jusqu'au-boutiste. Le climat de malaise qui en émane est notamment renforcé par le score aigu de Howard Shore et Cronenberg achève sa conclusion sur une note d'autant plus nihiliste. En nous laissant sur le bord de la route avec la dernière apparition d'une fillette impassible, future martyr d'une maladie incurable !
Du grand cinéma horrifique comme on en voit plus de nos jours.
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BRUNO MATEI
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