
En réalité une production pour le petit écran faisant partie d'un projet co-entrepris avec Umberto Lenzi (ce dernier réalisera au sein du dit projet La casa del sortilegio et La casa delle anime erranti, alors que Fulci, outre La casa del tempo, s'attellera à La dolce casa degli orrori, tous sur le thème d'une grande maison dans laquelle se produira des événements surnaturels), La casa nel tempo et sa date de sortie qui n'échappent pas à la réputation d'un métrage de fin de carrière (et fin de carrière ne s'accommode pas spécialement avec génie fulcien, ça, les aficionados le savent bien) ombragent pourtant, dans la vaste filmographie du maestro, un authentique petit trésor oublié, et que peu connaissent au final.
Lorsque trois petites racailles (deux hommes et une femme) décident de dénicher leur bonheur dans un somptueux manoir habité par un couple de vieux cinglés (inteprétés par d'excellents acteurs, au jeu respectif plus savoureux et théâtral que jamais, si, si), ça tourne au carnage: la mémé et le pépé se font exploser la carcasse à la carabine, alors que le jardinier (très bon et sobre Al Cliver) se fracasse la tête contre un angle de table. Evidemment, nos trois pauvres amis n'y peuvent rien, ils voulaient seulement dévaliser toutes ces richesses, rien de plus. Et ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'ils sont tombés dans une maison où les horloges (oui, les horloges) ont la mainmise. Ces dernières se chargent donc de ressusciter les propriétaires (surtout qu'elles affectionnent le pépé, il est comme un père pour elles) et le trio de babas-cool va avoir, comme on dit, du fil à retordre !

Bénéficiant de décors superbes (bon dieu que le manoir est luxueux, on dira ce qu'on voudra, Fulci n'a tout de même jamais croupi dans le non-budgetisme dérisoire contrairement à certains), d'une réalisation soignée (malgré une photographie peut-être excessivement surexposée), d'un déroulement soutenu (on ne s'ennuie jamais) et d'une bonne musique (alternant beats funky fin 80's rythmés et mélodies synthétiques lancinantes), La casa nel tempo distille aussi et surtout une atmosphère malsaine et troublante, voire inconfortable, dont on peut au final assez difficilement trouver les origines.
Le script sombre rapidement dans le joyeux foutoir scénaristique, mais qu'importe, il laisse le champ libre à une succession de rebondissements tous plus grand-guignolesques (et parfois Gore) les uns que les autres, et c'est ça qui compte !

Bilan: Au coeur d'une somptueuse maison, Lucio Fulci nous emmène aux confins de l'horreur délirante et théâtrale avec ce brillant téléfilm, excellemment mené. Une très bonne surprise, que l'on n'était vraiment pas en mesure d'attendre.
