LE CAS 39 (Case 39) de Christian Alvart. 2008. 1H48. U.S.A. Avec René Zellweiger, Ian McShane, Bradley Cooper, Jodelle Ferland, Callum Keith Rennie.
Le sujet: Une assistance sociale parvient à retirer une jeune fille maltraitée de l'enfer qu'elle vit auprès de ses parents. Mais les apparences sont trompeuses...
Mon avis: Après l'excellent "Antibodies" en 2005, l'allemand Christian Alvart enchaine coup sur coup la mise en scène de "Pandorum" et ce "Cas 39" dans la lignée des films de possession maléfique comme l'étaient ces petits films sans prétention des années 70 et 80 avec "les Yeux du mal", "Une si gentille petite fille", "De si gentils petits monstres" ainsi que les célèbres fleurons "la malédiction" de Donner et surtout "l'exorciste" de Friedkin.
Après "Esther" et "the children", la mode en pleine vogue des enfants diaboliques revient à nouveau tenter de nous terrifier sous l'apparence anodine d'une jeune petite fille victime de maltraitance de la part de ses chers parents suspicieux de prime abord. La première scène choc du début surprend par sa radicalité, son effet de surprise et l'insupportable idée d'être le témoin de voir d'aimables parents enfermer, embrigader leur enfant dans un four à cuisine pour la rotir dans les entrailles de l'enfer. Dit de manière ironique la scène pourrait paraitre à sourire ! il n'en n'est rien car tout est ici mis en scène au 1er degré sans détour, de manière académique et rigoureuse ou l'impensable se vit devant nos yeux !
La suite nous envoit dans une mise en condition lattente d'un suspense habilement entretenu et bien rodé grâce à une mise en scène assez adroite qui sait mener avec savoir faire, efficacité et inquiétude une trame limpide, légèrement angoissante, sournoise, jouant gentiment avec les nerfs du spectateur attentif à ce cauchemar diabolique dont la frêle présence féminine d'une gamine réussit à nous frissonner l'échine, nous troubler de sa présence aigre et son regard insidieux.
Surtout quand se révèleront les hallucinations horrifiantes et répétées que les prochaines victimes se mettent à assister après un mystérieux appel téléphonique ! La seconde séquence réellement choc sera la plus terrifiante de tout le métrage ! elle intervient quasi à mi-parcours dans une salle de bain avec ce personnage assiégé par une miriade de guêpes noires vêlues sortant des orifices de ses oreilles, de la bouche, des cheveux jusqu'à ce que le protagoniste pris de folie furieuse finit par se suicider devant cette vision incessante aussi insensée ! Une scène affolante qui joue remarquablement avec la répulsion, la phobie de ses insectes bourdonnants de plus en plus envahissant, nombreux et d'origine inconnue !
Toute la réussite de "case 39" tient à ce que la mécanique du suspense fonctionne de bout en bout, à savoir le combat désespéré d'une femme seule contre tous et comment anéantir et rayer une bonne fois pour toute le Mal enfouit dans un si jeune corps humain.
René Zellweger (dont je n'apprécie pas particulièrement ses prestations habituellement) campe l'assistante sociale venue au secours de la petite Lillith avec une certaine épaisseur psychologique dans son personnage attachant au passé torturé, sensible et humain, à bout de souffle, aux cimes de la folie, seule face à ses propres peurs et tenter de combattre au dela de ses moyens la véritable incarnation d'un Mal indéfini.
Le final sans effets tape à l'oeil joue assez bien avec le sentiment de claustrophobie que l'on peut éprouver dans une pareille situation. Un effet de suffocation particulièrement bien retranscrit se fait ressentir et ne céde pas (ou si peu) à la carte du spectaculaire et du grand-guignol en allongeant interminablement une scène éprouvée.
"Case 39" est un excellent exercice de style qui n'invente rien mais permet de passer un bon moment grâce à un habile dosage suspense et frisson, une interprétation convaincante et une narration fantastique qui n'emploie pas de grosses ficelles pour réussir à nous convaincre d'un évènement aussi impensable. Sans oublier la présence inquiétante et sournoise de Lillith transmettant au spectateur une certaine odeur de souffre...