par SUSPIRIA » 04 Mai 2010, 19:20
MON AVIS: Premier long d'Alex Pastor alors que son frère David avait déjà entamé un premier film en 2005 avec "The Natural Route", les deux frères s'unissent ici pour la première fois derrière la caméra et s'atteler aussi à l'écriture pour leur nouveau projet intitulé "Infectés", l'histoire d'un virus mortel sur fond de fin du monde.
4 amis, 2 frères accompagnés de leurs amies envisagent de regagner une plage californienne, souvenir lointain d'un passé enfantin géré dans l'épanouissement et la fleur de l'insousciance (ce que présentera directement le générique du début avec ses flash-back en super 8) alors que sur leur route désertée ils vont être amené à rencontrer quelques personnages tout aussi désoeuvrés, lamentés, n'ayant pour seule mission que de tenter de survivre quelques instants présents en attendant sans doute une éventuelle mort fatidique dans les racines d'une maladie aussi fulgurante que fugace.
Autant prévenir de suite ceux qui s'attendent à un nouveau "28 Jours plus tard" en compagnie harmonieuse de zombies irradiés et de scènes d'action gores mirobolantes, "Infectés" joue la carte de la simplicité toute en humanité dans une atmosphère anxyogène, malsaine, maladive qui ne fait que retracer le mince parcours déchu de quatre jeunes survivants dépassés par les évènements et leurs états d'âme livrés au grand jour. Confrontés à la bassèsse humaine instinctive, l'avillisement, la dégénérescence de son humanité où l'homme se révèlera aussi dangeureux et hostile qu'un effroyable virus méthodique.
Confrontés à la peur envahissante d'être contaminé par ce germe infectieux extremement contagieux qui se transmet par l'haleine et le sang contaminé, où le temps de vie pour les victimes esseulées ne s'en retrouve réduit qu'à quelques jours de souffrance lattente dans une insupportable solitude, nos quatre protagonistes vont peu à peu perdre tous leur repère, leur valeur pédagogique, leur sens de la dignité humaine. Leur égoisme primaire et leur terreur viscérale à se retrouver face à une mort certaine si les moyens adéquats et radicaux ne seront pas entrepris. C'est à dire tuer froidement l'être humain contagié, même les potentiels suspects avoisinant les chemins traversés à moins d'avoir la morale affective d'abandonner sur sa route l'être aimé qui était si cher à nos yeux quelques instants auparavant !
La grande force du film sera de nous démontrer à travers le destin de quatre personnages fuyants que nous sommes tous capables du pire dans une situation aussi agonisante, radicale où s'environne l'odeur de la mort dans une atmosphère devenue irrespirable, chaque survivant portant un masque pour se prémunir d'une air davantage enrayée, anti stérilisée. Que nous sommes frères de coeur, amis de longue dâte ou amants amoureux, la peur de la mort n'en n'aura que faire de nos valeurs fondamentales sur l'amour et la tolérance d'autrui même si certains regrêts ou remords nous rappeleront au passage que nous gardons dans notre fort intérieur quelque chose d'infectieux, de mauvais quand nous sommes livrés à une potentielle phase terminale.
De ce fait, la narration sans véritable surprise en dehors des agissements bien caractérisés de chaque personnages en conflit pourra paraitre saugrenue et manquer de substance mais ce sera aussi pour mieux nous porter témoin d'une quête désespérée dans l'ennui et la solitude puisque chaque destin ne fait qu'aller et venir pour se perdre d'un endroit vers un autre. Tenter de rejoindre un semblant de vie plus agayé, lumineux dans cette fin de monde rendue opâque, nonchalante et impitoyable.
Une prise de conscience de nos égarements où la notion du Bien et du Mal n'as plus lieu d'être établie et raisonnée, où l'homme réduit à lui même aura perdu toute victoire sur le Mal.
Ce premier long-métrage aux moyens réduits est une bonne petite découverte qui doit tout à la psychologie de ses personnages. "Infectés" interpelle, interroge, effraie dans un environnement malsain épris d'amertume et d'un profond pessimisme moral.