Enfin matté cette bombe !!!!
Ô la belle et grande surprise que ce CARNAGE, l'un de ces rares excellents slashers des années 80 comme on en referait hélas plus dans le cinéma aseptisé d'aujourd'hui.
Nanti d'un pitch on ne peut plus quelconque (un grand brûlé vient remettre de l'ordre dans le camp où cinq ans plus tôt il avait été victime d'une mauvaise farce en tant que moniteur) et ne s'embarrassant guère du moindre moteur cérébral (qui serait inutile, avouons-le, au bon fonctionnement du genre), CARNAGE nous apporte tout ce que l'on est susceptible d'attendre de la part de ce genre de production, à savoir une peinture supra caricaturale d'ados écervelés afin que l'on puisse mieux apprécier le sort qui leur sera réservé par la suite, du bon gros gore qui tache, du suspense, un rythme plus soutenu qu'à l'accoutumée, ainsi qu'un soupçon d'érotisme (aussi gentillet soit-il).
Tony Maylam se révèle un réalisateur nettement plus consciencieux que la plupart de ses peu illustres collègues de la même époque, dont Sean S. Cunningham, Steve Miner, George Mihalka ou Charles E. Sellier Jr. pour citer les plus connus d'entre eux, et met effectivemement en boîte un slasher de haut niveau.
Concernant les effets sanglants, l'on a droit à un Tom Savini - le grand maître du gore US - au sommet de son art qui nous offre une poignée de scènes de meurtres dont le montage nerveux à l'extrême ne fait qu'en renforcer l'intense brutalité. Le dit grand brûlé, armé d'une grosse paire de cisailles, charcute ainsi du marmot à tour de bras dans une démonstration de violence graphique au réalisme bluffant; Jean Tulard, grand spécialiste es-cinéma, n'avait franchement pas les yeux dans les poches de son pantalon, lorsqu'il déclara dans son dictionnaire des réalisateurs de toutes espèces à propos de la filmographie de Tony Maylam: "Un seul film marquant, mais l'un des plus sanglants du courant « gore » américain: CARNAGE".
Les décors forestiers et fluviaux du métrage servent de prétexte à d'haletantes (et étonnantes) poursuites filmées subjectivement ou parfois littéralement caméra à l'épaule, sur une musique électronique un tantinet kitsch mais singulière, assenant un sentiment de "terreur authentique" des plus efficaces et bienvenus à l'ensemble.
CARNAGE pourrait s'imposer comme l'archétype parfait du VENDREDI 13 qu'on aurait refait en beaucoup mieux, avec une dose nettement plus conséquente de gore, une mise en scène plus vigoureuse, ainsi qu'un tueur méchamment sadique et hideux (cf. lorsque l'on découvre son abominable faciès mutilé par les flammes vers le final), à des années-lumières de la risible Mamma Voorhees. Génialissime!
9/10