par Killjoy » 05 Mai 2012, 19:27
CANNIBAL HOLOCAUST
Italie/Colombie
De Ruggero Deodato
1980
avec Robert Kerman, Carl Gabriel Yorke, Francesca Ciardi, Perry Pirkanen, Luca Barbareschi
98 minutes
Synopsis :
Un groupe de jeunes gens part en Amazonie afin deffectuer un reportage sur les tribus cannibales qui peuplent le maquis de la forêt
On perd leur trace !
Un mercenaire et un petit groupe de miliciens part à leur recherche
Le film dévoile la pellicule du film retrouvé après le décès des jeunes gens et notamment leur mise à mort par les indigènes
Ce qui devait être un voyage servant de support à une thèse journalistique va petit à petit se muter en un long cauchemar à lissue funeste et morbide !
Mon avis sur ce film :
uvre légendaire pour nombre de fantasticophiles et gravée à jamais dans les esprits des adeptes de cinéma extrême, « Cannibal Holocaust » est un métrage qui ne verse aucunement dans la facilité, il comporte une approche dun certain cinéma expérimental et intellectualisé.
Dune complexité hors normes, il soulève des thèmes de réflexion fondamentaux et cuméniques, un questionnement évident et lucide sur la déliquescence sociétale
Deodato, par le biais du pouvoir des images, délivre un parallèle/corollaire sur les civilisations qui sétablit en confrontant frontalement la dégénérescence (les tribus cannibales) et lopulence (les américains à lapparence « civilisés »)
Un témoignage qui ouvre les illères et renvoie lhomme au stade animal, à létat primitif
Une barbarie, certes, mais dotée dune thématique universelle et jamais, comme certains ont pu le dire souvent, complaisante (hormis bien sûr les meurtres danimaux, abjects et ignobles !)
On est mis devant le fait accompli, loin de tous stéréotypes, un message à la fois nihiliste et évocateur dune évidence que tout le monde refuse majoritairement de cautionner
Refusant de sautoproclamer « film choc » malgré une réputation qui converge dans ce sens, « Cannibal Holocaust » renvoie le spectateur à ses peurs primales et ses pulsions destructrices, loin des films de sa catégorie aseptisés et conventionnés, il se démarque par son côté abrupt et révolutionnaire
Moins voyeuriste que délivreur dune théorie emplie de lucidité et de pertinence, il demeure une uvre jusquau-boutiste au final proche du collapse cathartique, prenant acte de la folie génocidaire où lhomme opère un homicide sur sa fratrie (symbolisée par les indigènes)
Deodato prend parti pour une stratégie de délitement des consciences, signant ici un film imparable, de loin son meilleur !
La magnifique musique de Riz Ortolani est également pour beaucoup dans la réussite de luvre, amplifiant le côté dramatique tout en atténuant à certains moments la brutalité malgré quelques nappes synthétiques assourdissantes qui, nettement, rajoutent au malaise (notamment dans les scènes de poursuites avec les cannibales).
Note : 18/20