par Maniak » 30 Août 2005, 18:50
Critique de "à minuit je posséderais ton âme":
José Mojica Marins découvre le cinéma à 2 ans grâce à son père projectionniste. Ils verra ses premiers films depuis sa maison, attenante au cinéma où travaille son père. Ce furent des documentaires déducation sexuelle déstinés à prévenir les couples des dangers des MST ! Une première expérience plutôt étrange et pour le moins marquante !
Par la suite le jeune Marins découvrira le pendant cinématographique de ses bandes dessinées préférées sous la forme des westerns et des films daventures américains, cest à ce moment que sa passion pour le 7ème art naîtra véritablement. Très tôt, et avec les moyens du bord, José Mojica Marins réalise ses premiers courts métrages avec des amis. Ils furent projetés en public, mais les salles ne disposants pas déquipement de son, ce son les acteurs du films qui font les dialogues « en live » au moyen de portes voix !
En effet, dans les années 60 le cinéma brésilien est quasi-inexistant, et tout particulièrement le cinéma dhorreur : Marins déplore labsence dicône fantastique brésilienne telle que Dracula ou Frankenstein. Il décide alors de réaliser lui-même le premier vrai film dhorreur brésilien : « À Meia noite levarei tua alma » (A minuit je posséderais ton âme).
Le film nous narre les aventures de Zé do caixao (Zé du cercueil en français, et Coffin Joe outre atlantique
) croque mort dun petit village brésilien. Celui-ci est obsédé par la perpétuation de son sang. Il se met donc en quête de la femme parfaite (quil « testera » au moyen de tortures diverses.) capable de lui donner un enfant à la hauteur de ses espérances, lequel devra fonder « une nouvelle race » dhommes forts, libérés de toute croyances et superstitions. Zé méprise ses concitoyens, quil juge faibles car croyants (le brésil est un état très pratiquant) et il ne manque aucune occasion de le leur faire savoir en blasphémant, provoquant des bagarres ou en les provocants de manières diverses (Il mange de la viande le vendredi saint, triche au poker
).
Le film entier reposant sur le personnage de zé, il fallait lui trouver un look et un interprète convaincants. Pour le look, Marins sinspire dun de ces cauchemars, en effet lors dune nuit de fièvre il a rêvé dun étrange personnage griffu, et vêtu dune cape et dun chapeau-calque noirs, qui lemportait vers sa tombe. Le lendemain il ne se souvient plus de rien, hormis ce sinistre personnage : Il voit là le personnage idéal pour son film.
En plus de son look, Marins travaille beaucoup le personnage en lui même : Zé nhésite pas à joindre les actes à la parole, sa philosophie peu orthodoxe l'incite à faire ce qu'il veut au moment où il veut. Ainsi il nhésitera pas à tuer son meilleur ami pour séduire sa femme, à tuer sa bonne parce quelle le gêne, et à torturer, humilier et tuer de nombreux autres villageois pour des raisons variées.
Enfin, ne trouvant pas dinterprète satisfaisant pour le rôle, José Mojica Marins se résout à endosser lui-même la défroque du fossoyeur maléfique.
Et le résultat est impressionnant : Malgré sa méchanceté (ou peut-être a cause delle ?) Zé possède un charisme immense, avec des ongles de cinq centimètres, les yeux injectés de sang et le sourcil qui se lève avant chaque méfait, barbu et tout de noir vêtu linfâme Zé do Caixao est un personnage absolument unique dans le cinéma fantastique, et cela contribue énormément au succès du film.
Malgré des difficultés financières et matérielles (Marins ne possédais que 130 minutes de négatif à sa disposition, et il a du vendre sa voiture et sa maison pour payer léquipe !) le film est achevé et sort sur les écrans brésiliens en 1963.
Tout de suite les censeurs détestent le film, ce sont surtout les blasphèmes, même si le film est tout sauf avare en scènes de tortures et de meurtres gores, qui choquent. (rappelons qua lépoque le brésil était un pays à 100% catholique, et que la population était très pratiquante !)
Néanmoins le film est un succès immédiat, les gens se déplacent en masse pour voir le film, et « A minuit je posséderais ton âme » restera à laffiche pendant deux ans à Sao Paulo !
Actuellement, les blasphèmes tant décriés font tout de même sourire, et on peut trouver les monologues de Zé sur la nécessité davoir un enfant ennuyeux et répétitifs, mais lambiance macabre ravira les fans de vieux film dhorreurs, les effets spéciaux restent biens faits et très osés pour lépoque, et on est bien obligé de constater que le charisme de Zé opère toujours !
7/10