Réalisateur: Neil Jordan
Année: 2012
Origine: Irlande/Angleterre
Durée: 2h01
Distribution: Gemma Arterton, Saoirse Ronan, Jonny Lee Miller, Sam Riley, Caleb Landry Jones, Tom Hollander, Daniel Mays.
Sortie salles Angleterre / Irlande. 31 Mai 2013. France: Direct To Video
FILMOGRAPHIE: Neil Jordan est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain irlandais, né le 25 Février 1950 à Sligo.
1982: Angel. 1984: La Compagnie des Loups. 1986: Mona Lisa. 1988: High Spirits. 1989: Nous ne sommes pas des Anges. 1991: L'Etrangère. 1992: The Crying Game. 1994: Entretien avec un Vampire. 1996: Michael Collins. 1997: The Butcher Boy. 1999: Prémonitions. 1999: La Fin d'une Liaison. 2002: L'Homme de la Riviera. 2005: Breakfast on Pluto. 2007: A vif. 2009: Ondine. 2012: Byzantium
Cinéaste auteur déjà responsable d'authentiques perles du genre (The Crying Game, La Compagnie des Loups, Entretien avec un Vampire), Neil Jordan renoue avec l'ambition de ses débuts pour un second traitement émis au thème vampirique dans une volonté de renouveler les codes du genre.
Deux femmes vampires tentent de survivre dans leur société moderne et trouvent refuge auprès d'une auberge surnommée Byzantium. La plus jeune d'entre elles tombe amoureuse d'un amant et lui dévoile son histoire vieille de 200 ans. C'est alors que débarque une confrérie ayant pour unique motivation de les annihiler.
Pourvu d'intentions louables afin de redonner un sang neuf au mythe du vampire et surtout d'oeuvrer dans le vrai cinéma fantastique, Byzantium joue dans la cour des grands à daigner illustrer la nouvelle débâcle d'un couple de vampires, prises à parti avec des misogynes indomptables et quelques émissaires aussi pugnaces.
Alors qu'Eléanor semble lamentée de sa condition d'immortelle dans son corps d'adolescente de 16 ans, sa mère Clara se livre à la prostitution afin de subvenir à leur besoin. Epris de mélancolie et de contrariété, Eléanor trouve refuge dans les bras d'un partenaire tout aussi dépressif. Dans un désir de confidence et afin de soulager sa culpabilité, elle écrit un journal qu'elle finit par dévoiler à son confident.
En alternant l'époque contemporaine et victorienne, le film se scinde par l'entremise de flash-back où nous allons pouvoir étudier le passé de nos héroïnes afin de comprendre de quelle manière ont-elles pu devenir des vampires et par quelle malédiction ! Pour leur caractérisation surnaturelle, Neil Jordan ne s'embarrasse pas des stéréotypes orthodoxes pour nous ressortir l'attirail des canines pointues, du miroir sans reflet et des pouvoirs surhumains. Bien au contraire, avec modestie, nos suceuses de sang toutes en humanisme sont ici simplement pourvues d'un ongle acéré pour attaquer leur proie afin d'entailler la chair et en siroter toute la sève. Pourvu d'une photographie somptueuse et d'une imagerie lyrique parfois ensorcelante, Byzantium tente de nous séduire et nous captiver à travers la complexité torturée de ces femmes condamnées à la solitude, car dépréciées par une confrérie misogyne réfutant la procréation. Le scénario structuré faisant la part belle à la psychologie conflictuelle entre une mère obtus et sa fille dépressive, d'autant plus épiées par des antagonistes machistes ou couards. Malencontreusement, et en dépit de la sincérité évidente du réalisateur, Byzantium peine à captiver durant sa première heure auquel son rythme fastidieux l'empêche de nous impliquer au plus près du désarroi des héroïnes. Qui plus est, son manque d'intensité dans les enjeux accordés nous détache parfois de leur vicissitude déclinante. Néanmoins, on se réconforte auprès de certaines séquences fantasmagoriques à la poésie stylisée (la fontaine de jouvence inondée de sang), d'idées retorses (le repère des chauves-souris et leurs effets occultes) et d'une seconde partie mieux maîtrisée dans son rythme fertile en péripéties. Enfin, la beauté charnelles des actrices, où la notion de saphisme est parfois effleurée, ainsi que leur dimension humaine allouée, est rehaussée du jeu dépouillé des comédiennes.
Si le premier acte de Byzantium risque de décourager certains spectateurs par sa monotonie pesante, la suite s'avère mieux gérée pour préserver l'intérêt des vicissitudes d'Eléanor et Clara. En demi teinte donc bien que parsemé d'éclairs de génie et d'effusions sanglantes, mais un spectacle éminemment intègre, original et stylisé. Pour parachever, cette nouvelle variation vampirique peut se targuer de considérer le spectateur comme un cinéphile studieux en quête de divertissement intelligent.