Une équipe du journal télévisé retransmet en direct la fusillade qui oppose un bataillon de forces de police à cinq malfrats qui viennent de dévaliser une banque. La diffusion de la défaite humiliante des policiers porte un coup terrible à leur crédibilité. Alors qu'il mène une autre enquête dans un bâtiment vétuste, le détective Heng découvre par hasard le repère des cambrioleurs. Le chef du gang, Yuan, voit alors des milliers de policiers se rassembler autour de l'immeuble et se préparer à lancer l'assaut. Pour damer le pion aux médias sur leur propre terrain, l'inspecteur Rebecca décide de transformer cet assaut en véritable spectacle télévisé.
Johnnie To assoit définitivement sa réputation de grand sachem du néo-polar hongkongais avec ce virevoltant pamphlet médiatique, dont la maestria globale nous prend au dépourvu, nous qui n'attendions sans doute de tout ceci qu'une série B bien troussée mais guère inoubliable.
Breaking News se veut tout simplement la réponse la plus exemplaire envers ceux qui reprochaient à John Woo sa fascination pour le lyrisme parfois ou même souvent au détriment du réalisme.
Le film s'ouvre avec une fusillade d'environ cinq minutes filmée en un plan-séquence, opposant une bande de malfrats et deux policiers. Un seul mot vient immédiatement à l'esprit: hallucinant. To a le goût de la véracité lorsqu'il met en scène, mais n'omet pas moins d'honorer le terme cinématographique propre en faisant preuve d'un grand et méticuleux sens de l'espace, tout en apportant un soin particulier à l'image (en d'autres termes, la photographie est magnifique); il se révèle par ailleurs très habile dans l'art des plongées et contre-plongées à partir de façades d'immeubles, dont on aura rarement vu aussi ample, aussi imposant. Pour résumer le tout, l'auteur de Le film s'ouvre avec une fusillade d'environ cinq minutes filmée en un plan-séquence, opposant une bande de malfrats et deux policiers. Un seul mot vient immédiatement à l'esprit: hallucinant. To a le goût de la véracité lorsqu'il met en scène, mais n'omet pas moins d'honorer le terme cinématographique propre en faisant preuve d'un grand et méticuleux sens de l'espace, tout en apportant un soin particulier à l'image (en d'autres termes, la photographie est magnifique); il se révèle par ailleurs très habile dans l'art des plongées et contre-plongées à partir de façades d'immeubles, dont on aura rarement vu aussi ample, aussi imposant. Pour résumer le tout, l'auteur de
The Mission prouve qu'il est un cinéaste complet, capable de conjuguer intelligence, réalisme, élégance visuelle et priorité du spectacle sous un virulent fond anti-médiatique, et ce en un seul et même métrage. Que les homologues en prennent de la graine !
Après cette introduction redonnant à elle seule ses lettres de noblesses au polar d'action chinois,
Breaking News va osciller entre le huis-clos urbain enragé et paranoïaque et le film-live prétexté par une jeune inspectrice ambitieuse, pensant redorer le blason de la police de Hong Kong en mettant en scène leur opération actuelle qui consiste à épingler deux bandes rivales de truands finalement planquées dans le même building; en diffusant ceci en direct à la télévision, le but est de chambouler l'opinion publique et l'il peu flatteur et confiant avec lequel celle-ci regarde les forces de l'ordre dans la façon de montrer qu'elles honorent leur fonction principale, celle de sécuriser le pays et de faire régner la loi. Tous les moyens sont bons, en particulier Internet et le portable, pour venir à bout de la mission. Pendant ce temps-là, les deux gangs s'octroient une pause et squattent tous ensemble l'appartement d'un père de famille et de ses deux bambins leur servant de planque, ce qui donne lieu à une formidable petite scène intimiste entre les deux chefs rivaux, se racontant mutuellement leur passion pour la gastronomie en préparant un repas pour les autres. Des détails qui font toute la différence et confèrent une touche d'humanisme dans un ensemble aussi brut, glacé et tendu.
Le propos a beau ne pas être réellement neuf (John Herzfeld notamment avait déjà visité le film-live avec son détonnant
15 Minutes, et
Breaking News apparaît d'ailleurs comme l'envers presque parfait de celui-là, puisque c'est la police et la presse qui filment ici, non pas les malfaiteurs), il permet de servir au canevas mécanique d'une uvre policière majeure, dont le traitement, l'atmosphère, la réalisation et la densité dramatique en font tout simplement l'équivalent chinois de
Heat. Une bombe.
10/10