Réalisateur: Terry Gilliam
Année: 1985
Origine: Angleterre
Durée: 2h23 (version intégrale)
Distribution: Jonathan Price, Robert De Niro, Kim Greist, Katherine Helmond, Ian Richardson, Michael Palin, Bob Hoskins, Ian Holm.
Sortie salles France: 20 Février 1985. Angleterre: 22 Février 1985. Canada: 18 Décembre 1985
FILMOGRAPHIE: Terry Gilliam est un réalisateur, acteur, dessinateur, scénariste américain, naturalisé britannique, né le 22 Novembre 1940 à Medicine Lake dans le Minnesota.
1975: Monty Python: Sacré Graal ! (co-réalisé avec Terry Jones). 1976: Jabberwocky. 1981: Bandits, bandits. 1985: Brazil. 1988: Les Aventures du Baron de Munchausen. 1991: The Fisher King. 1995: l'Armée des 12 Singes. 1998: Las Vegas Parano. 2005: Les Frères Grimm. 2006: Tideland. 2009: L'imaginarium du docteur Parnassus. 2013: Zero Theorem.
Chef-d'oeuvre sarcastique de Terry Gilliam, Brazil reste son oeuvre la plus fondamentale et débridée de toute sa carrière. De par sa thématique abordée pointant du doigt le totalitarisme et par sa frénésie visuelle faisant office de carnaval fantasque ! En essayant de résoudre un problème informatique qui avait engendré l'arrestation d'Archibald Buttle, un bureaucrate sans histoire va rencontrer l'amour avec une frondeuse caractérielle avant de se rendre compte qu'il est tributaire d'une société aliénante. Foisonnant, exubérant, décalé, cauchemardesque, grave, hilarant et romanesque, Brazil nous jette à la face toute une palette d'émotions contradictoires afin de mieux mettre en exergue le caractère dérisoire d'un futur aussi nocif que blafard.
Oeuvre visionnaire habitée par la névrose, la paranoïa et la schizophrénie, Brazil est une peinture au vitriol de nos sociétés modernes déshumanisées, là où la bureaucratie et le capitalisme ont finit par imposer leur hégémonie. Individualistes, privés de sentiments car automatisés par leur paperasse qu'ils doivent écrire à l'aide de machines à écran, les travailleurs de cette mégalopole rétro futuriste ont finit par perdre toute notion de sédition, de raisonnement et de réflexion. A l'exception des terroristes perpétrant leurs exactions meurtrières dans les restaurants bondés d'une clientèle décatie (mais rafistolée au scalpel chirurgical !) et de quelques insurgés tels que ce plombier casse-cou venu prêter main forte à notre duo d'amants. Chargé de décors cafardeux par ses immenses entreprises bétonnées et ses foyers aménagés de conduits, c'est un périple cauchemardesque que nous dépeint Terry Gilliam à travers le cheminement d'un fonctionnaire avide d'évasion et de romance. Quotidiennement réfugié dans ses rêves édéniques, c'est uniquement par le biais du fantasme qu'il réussit à s'échapper de cette dictature. Jusqu'au jour où la chimère devient une réalité par l'entremise de Jill Layton, une frondeuse impétueuse préalablement habituée à vivre en autonomie. Outre son architecture visuelle héritée de l'expressionnisme et des années 30 (notamment la tenue vestimentaire des bureaucrates) et son sens caustique d'une dérision cruelle, la force du récit émane du contraste établi entre les délires fantaisistes du bureaucrate plongé dans une aventure illusoire et la gravité des situations réelles laissant transparaître une amertume profondément cruelle (l'épilogue reste à ce titre implacable dans son refus de rédemption !).
Parfois épuisant à suivre et non exempt de certaines longueurs, Brazil s'avère peut-être trop généreux dans son trop plein d'imagination et son panel d'émotions éclectiques afin de dénoncer avec fulgurance une propagande fasciste. Pourtant, cette sarabande inscrite dans l'exubérance et le dépaysement claustrophobe insuffle une grande émotion dans son vibrant plaidoyer pour la liberté, hymne désespéré au rêve et à l'amour.