Blue Velvet de David Lynch, 1986

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Blue Velvet de David Lynch, 1986

Messagepar BRUNO MATEI » 31 Mai 2013, 07:05

Réalisateur: David Lynch
Année: 1986
Origine: U.S.A.
Durée: 2h01
Distribution: Isabella Rossellini, Kyle MacLachlan, Dennis Hopper, Laura Dern, Hope Lange, Dean Stockwell.

Récompenses: Meilleur réalisateur et meilleur second rôle masculin pour Dennis Hopper, lors des Los Angeles Film Critics Association Awards en 1986.
Meilleur acteur pour Dennis Hopper, lors du Festival des films du monde de Montréal en 1986.
Meilleur film et meilleure photographie, lors du Festival international du film de Catalogne en 1986.
Grand Prix au Festival d'Avoriaz en 1987.
Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photographie et meilleur second rôle masculin pour Dennis Hopper, lors des Boston Society of Film Critics Awards en 1987.
Meilleur film étranger, lors des Fotogramas de Plata (Espagne) en 1987.
Meilleure actrice pour Isabella Rossellini, lors des Film Independent's Spirit Awards en 1987.
Meilleur film étranger, lors des Joseph Plateau Awards (Belgique) en 1987.
Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photographie et meilleur second rôle masculin pour Dennis Hopper lors des National Society of Film Critics Awards en 1987.
FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A.
1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).

Plongée introspective dans les entrailles des ténèbres sous l'apparence tranquille d'une bourgade bucolique, Blue Velvet est une expérience inclassable au pouvoir de fascination imparable. Auréolé du Grand Prix à Avoriaz en 1987, ce diamant noir à l'aura hermétique nous projette dans un univers malsain où débauche sexuelle et sadomasochisme vont peu à peu corrompre un jeune garçon avide de mystère et de voyeurisme !

Après avoir découvert une oreille dans un champs, le jeune Jeffrey décide de mener sa propre enquête afin de connaître l'identité de son propriétaire. Sa curiosité et son attirance pour l'inconnu vont l'attirer dans l'appartement d'une chanteuse de cabaret, séquestrée et molestée par un dangereux psychopathe.

En empruntant le schéma classique du film noir, David Lynch s'impose ici en créateur d'univers parallèle par le biais du Bien et du Mal infiltrés au coeur de n'importe quelle bourgade urbaine. A travers l'investigation d'un voyeur juvénile attiré par le Mal, Blue Velvet nous immerge par le trou d'une serrure afin de nous divulguer un monde sordide où sexe et violence vont galvauder l'éthique des victimes asservies. La fascination exercée sur ce monde de débauche et de corruption nous ramène inévitablement à notre propre conscience existentielle, à savoir que les notions du bien et du mal sont instinctivement connectés à notre rétine cérébrale. David Lynch nous évoquant l'instinct primitif de l'être humain et son éventuel dégénérescence quand celui-ci s'emploie à dépasser les frontières de la moralité, notamment parce que le monde est enraciné dans la cruauté. Avec une originalité sans égale, le réalisateur bouscule les habitudes du spectateur dans une mise en scène expérimentale en perpétuelle mutation. Il utilise comme prétexte l'intrigue criminelle d'un kidnapping et la découverte insolite d'une oreille coupée pour bâtir un film fantastique obscur où le genre n'est jamais explicite. A travers ses décors baroques, ses chansons rétros, sa mélodie envoûtante et surtout la dimension névrosée de ces personnages, Blue Velvet suggère un fantastique éthéré par sa dimension psychologique. Tandis que sa structure narrative ne cesse d'alterner les changements de tons afin de distancier le monde obscur de la perversion (l'étrange confrérie de Frank et ses sbires) et celui, salvateur, de l'innocence (l'idylle naissante caractérisée par le couple Jeffrey/Sandy). Ce fantastique baroque est notamment mis en exergue par l'excentricité psychotique de Frank, mafieux sans vergogne imbibé de drogue et d'alcool, épaulés d'hommes de main tout aussi dégénérés ! Pour endosser son rôle de schizophrène incurable, Dennis Hopper livre son interprétation la plus effrontée pour extérioriser ses pulsions sexuelles et sa violence incontrôlée. Littéralement transi de démence, l'acteur martyrise son otage avec une nature erratique aussi dérangeante qu'éprouvante ! Plongé dans la soumission et le désarroi, Isabella Rossellini provoque l'empathie pour retransmettre avec fragilité, émotion et rancoeur sa condition de femme soumise, compromise par un penchant pervers pour le masochisme. Enfin, Kyle MacLachlan incarne tout en sobriété et de manière ambivalente celui d'un espion voyeuriste, subitement épris d'attirance par la perversion mais rattrapé par le remord et son affection pour sa compagne.

Un monde étrange
Chef-d'oeuvre métaphorique sur le simulacre et l'instinct cruel de l'existence, réflexion sur l'influence de la perversion, Blue Velvet est un moment de cinéma étrange inévitablement hypnotique. Une fascinante plongée intérieure dans les méandres du Mal mais aussi une catharsis sur la purification de l'amour. Avec une puissance évocatrice et une émotion candide, Blue Velvet s'érige aussi en exorcisme face à nos démons intérieurs pour notre combat quotidien à la collecte de la quiétude.
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BRUNO MATEI
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