Titre d'origine: Deliria
Réalisateur: Michele Soavi
Année: 1987
Origine: Italie
Durée: 1h31
Distribution: David Brandon, Barbara Cupisti, Domenico Fiore, Robert Gligorov, Mickey Knox, Giovanni Lombardo Radice, Clain Parker.
Récompense: Prix Section Peur, Avoriaz 1987
Sortie salles France: 11 Mars 1987. Italie: 22 Juillet 1987. Australie: 8 février 1987
FILMOGRAPHIE: Michele Soavi est un réalisateur italien né le 3 Juillet 1957 à Milan, (Italie).
1985: The Valley (vidéo). 1985: Le Monde de l'horreur (Documentaire). 1987: Bloody Bird. 1989: Le Sanctuaire. 1991: La Secte. 1994: Dellamorte Dellamore. 2006: Arrivederci amore, ciao. 2008: Il sangue dei vinti.
Primé à Avoriaz, le premier film de Michele Soavi n'est point passé inaperçu auprès des fans grâce au soin formel imparti à son esthétisme et l'extravagance de sa réalisation. Avec un argument académique au concept éculé, le réalisateur laisse entrevoir dans sa première partie un traditionnel slasher influencé par la giallo avec son lot quotidien de meurtres sanglants. Dans un théâtre, de jeunes interprètes répètent leur numéro sous l'allégeance d'un directeur drastique. Axé sur un scénario morbide auquel un tueur perpétue ses exactions, un criminel s'est justement échappé de l'asile pour se réfugier dans ce séminaire. Déguisé avec le costume d'une tête de hibou dépouillée sur l'une de ces victimes, il décide de les assassiner un par un. Si le prologue jouait la carte de l'originalité en créant l'effet de surprise d'un faux semblant (l'assassinat de la prostituée n'était qu'un leurre pour l'iconographie d'une répétition théâtrale), la suite va retomber dans les ficelles balisées du genre avec cette troupe de comédiens embrigadée dans un lieux clos et confrontés au plus impitoyable des tueurs. Heureusement, la réalisation de Michele Soavi réussit malgré tout à instaurer une certaine efficacité dans le dynamisme du rituel meurtrier. En prime, avec ironie et pour contenter les amateurs de gore, chaque crime est perpétré avec une arme différente (hache, perceuse, tronçonneuse, couteau) alors que l'accoutrement vestimentaire du tueur a de quoi dérouter par son excentricité !
D'ailleurs, le premier homicide commis en interne du théâtre rappelle indubitablement la rigueur graphique des plus beaux meurtres d'Argento. Inspiré par son maître, Michele Soavi va notamment peaufiner le cadre de ses décors théâtraux avec une ambition stylisée particulièrement raffinée. Mais c'est dans la dernière partie singulière, quand la dernière survivante se retrouve seule avec le tueur, que Bloody Bird réussit admirablement à surprendre et tenir en haleine. Par l'adresse d'une réalisation inventive exploitant ses décors restreints et son sens du suspense octroyé à la quête désespérée de l'héroïne pour atteindre une clef en guise de liberté. La flamboyance crépusculaire de sa photographie (privilégiant le azur, le rouge et les teintes roses) nous illustre parfois des images picturales quand il ne s'agit pas de ballet poétique. Pour exemple, à un moment propice de la narration, le tueur va créer sa propre mise en scène macabre par l'entremise de plumes de duvet voltigeant au dessus de ces cadavres soigneusement regroupés sur l'estrade. Ces instants de poésie macabre bercés par l'ambiance onirique d'une mélodie envoûtante laissent en mémoire des instants de grâce mortifère.
Hormis le jeu hasardeux des comédiens et la conformité de sa première partie, Bloody Bird réussit à surprendre et séduire dans son dernier chapitre. Véritable ballet d'onirisme et de féerie macabre pour la confrontation formulée entre la survivante et le tueur volatile, le premier essai de Soavi mérite une vraie considération.