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[BRUNO MATEI]

BLANCHE NEIGE, LE PRINCE NOIR ET LES 7 NAINS.
Titre Original: I Sette Nani Alla Riscossa
Réalisateur: Paolo William Tamburella.
Année: 1951.
Origine: Italie.
Durée: 1H28.
Distribution: Rossana Podestà, Roberto Risco, Georges Marchal, Mario Mastrantonio, Salvatore Furnari, Francesco Gatto, Ulisse Lorenzelli, Giovanni Solinas, Arturo Tosi, Domenico Tosi, Ave Ninchi.

FILMOGRAPHIE: Paolo William Tamburella est un réalisateur, scénariste et producteur Italien. Il n'aurait tourné que 3 longs-métrages avant de mourir prématurément.
1946 Sciuscia (Producteur)
1950 Vogliamoci bene ! (réalisateur, scénariste et producteur)
1950 Sambo (réalisateur et scénariste)
1951 Blanche neige, le prince noir et les 7 nains (producteur, scénariste et réalisateur)

LES SEPT NAINS SAUTEURS SE DECHAINENT.
Depuis quelques semaines, l'éditeur Artus films nous a déterré de l'oubli une curiosité transalpine totalement méconnue du public et des critiques, un conte de fée sorti de nulle part, remis au goût du jour à travers le célèbre personnage de Blanche Neige. Une mixture incongrue d'aventures, de féérie, de science-fiction et de cape et d'épée !

Alors que le prince aimant doit partir au combat rejoindre sa troupe prise en embuscade, Blanche Neige se fait enlever par le sinistre Prince Noir. Au même moment, 7 nains endormis dans leur chaumière au fin fond d'une forêt apprennent cette mauvaise nouvelle dans la prescience d"un rêve commun. Dès lors, ils décident de partir à sa recherche pour une aventure semée d'embuches et d''imprudences.

Découvrir pour la première fois Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains plus de soixante ans après sa sortie se révèle aujourd'hui une curiosité insensée apte à entrer dans les bisseries incontournables dont seuls les italiens ont le secret.
Dans un scénario confus totalement désordonné mis en scène de manière folichonne, la narration improvisée tente de nous divertir avec la présence omniprésente d'une compagnie délurée de sept nains complètement crétins partis à la recherche de Blanche Neige, prise au piège entre les griffes du méchant prince noir.
Le plaisir coupable que l'on éprouve durant toute cette mascarade involontaire réside dans les agissements tous plus débiles et farfelus de nos fameux nains persuadés d'épater la galerie avec bonne foi et une humeur attractive incommensurable.
A travers des situations improbables dénuées de raison, ces sept petits personnages téméraires et pittoresques vont accumuler les pires pitreries pour amuser et faire rire son public prioritairement acquis pour les enfants. Il faut le voir pour le croire car certaines scènes digne d'un Mattei des Rats de Manhattan (souvenez vous, la noiraude enfarinée qui s'exclamait à vive voix: chui toute blanche euh !!! chui dev'nue toute blanche euh !!!!!) sont d'une idiotie déconcertante qu'elle provoque finalement l'attachement, l'amusement, voir le rire involontaire pour les invétérés du Bis indétrônable. Comme le fait qu'à l'aide d'une ficelle, nos valeureux nains vont décider d'emprisonner deux individus de grande taille sortis d'un âge préhistorique. A travers leur jeu improvisé, ils vont faire croire aux hommes des cavernes qu'ils s'amusent de bon coeur en entremêlant leur cordelette les unes aux autres dans chacune de leurs petites mains. Un casse-tête chinois sans queue ni tête auquel nos deux abrutis ahuris vont participer pour tenter de délayer les mains des nains. Alors que finalement eux-même vont à leur tour se retrouver enlacés et emprisonnés par la mince cordelette tendue autour de leur corps par nos acolytes truculents.

Paradoxalement, à certains passages du récit mouvementé, la mise en scène subitement plus inspirée va s'entacher à soigner une séquence féérique particulièrement réussie et réellement fantasque auquel le spectateur éprouve un vrai sentiment d'évasion. En effet, nos sept nains égayés partis à la recherche de Blanche Neige décident de faire une pause pour s'endormir sur la verdure apaisante d'une forêt enchantée. Tandis qu'à peine endormis, ils vont subitement être aspirés sous terre et se retrouver dans un monde englouti où de charmantes sirènes sensuelles vont les accueillir avec galanterie et empathie irrationnelle ! Avec des effets cheaps futiles mais efficaces, les décors fantasmagoriques vont tirer admirablement leur épingle du jeu pour nous adhérer à cet environnement aquatique grâce à une mise en scène attentionnée et inventive.

La suite des évènements se résume à un chassé croisé entre nos héros attardés et des méchants guerriers réunis dans la tour d'un château aux pouvoirs surnaturels. Puisqu'à la fin, on apprendra que les pouvoirs du prince noir sont régis par un mécanisme futuriste digne d'un laboratoire dantesque sorti de Frankenstein et Metropolis !
On notera aussi le décor réussi et baroque de l'entrée de ce château à travers son architecture exubérante pour faire place à un monument horrifique représentant un terrifiant monstre volatile.

ON A RETROUVE LA 7E COMPAGNIE CHEZ LA PRINCESSE DE NEIGE !
Fourre tout espiègle et déglingué mais assumé et réalisé avec sincérité, Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains est donc une bisserie saugrenue immanquable pour tous les passionnés de zèderie. Son mélange d'ingrédients impromptus axés à l'aventure, la féérie, la cocasserie incessante puis la science-fiction et surtout l'abattage débridé établi envers nos valeureux nains crétins accouchent d'un spectacle familial hors norme réellement plaisant, extravagant et attachant (en le considérant certainement au dixième degré). Sans oublier le charme docile d'une discrète mais courtoise Blanche Neige amoureuse comme il se doit de son prince vaillant.
Tandis que les autres complexés, inertes au charme du nanar puéril seront atterrés de détresse du spectacle pathétique offert en hommage au célèbre conte homonyme des frères Grimm, paru en 1812.