LE BISON BLANC
Titre original: THE WHITE BUFFALO
Réalisateur: Jack Lee Thompson.
Année: 1977.
Origine: U.S.A.
Durée: 1H37.
Distribution: Charles Buchinsky (Charles Bronson), Kim Novak, Jack Warden, Will Sampson, Clint Walker.
BIO: J. Lee Thompson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada).
Riche d'une carrière établie de 47 longs-métrages, le cinéaste aura aborder tous les genres avec plus ou moins de bonheur dont certains sont entrés au panthéon de chefs-d'oeuvre reconnus. On peut citer en exemple certains de ses films les plus marquants comme Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, la Conquête de la planète des singes, la Bataille de la Planète des singes, le Bison Blanc, l'Empire du Grec, Monsieur St-Yves, Passeur d'hommes et Happy Birthday (son unique incursion dans le slasher).
Il signera également une célèbre série de films d'action violents, militant pour l'auto-défense en compagnie de son acteur fétiche Charles Bronson avec Le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, la Loi de Murphy, le Justicier braque les dealers, le Messager de la mort et Kinjite, sujets tabous.
L'ARGUMENT: Dans le Dakota, un cow-boy solitaire, véritable légende de son vivant va tenter de traquer en compagnie de deux acolytes un bison blanc de taille démesuré qui sème la panique et la terreur dans la région.
Dans la veine de Moby Dick ou de Jaws sorti deux ans auparavant, notre vétéran Jack Lee Thompson surprend de manière singulière dans sa manière de mélanger les genres en juxtaposant le western académique épris de violence brute et le fantastique spectaculaire étiqueté au bestiaire animalier.
Ce que nous allons suivre durant le cheminement de nos trois héros chevronnés sera l'entreprise d'une traque inlassable, une chasse au monstre et un exorcisme rédempteur pour laquelle Wild Bill Hickok rêve de manière régulière durant ses nuits de cauchemar. En effet, notre héros se verra consenti que ses songes horrifiques sont bien le fruit d'une véritable prémonition puisqu'il affrontera demain dans le monde rationnel son pire cauchemar au moment opportun.
Après deux violentes et meurtrières échauffourées dans un saloon empestant la fumée et le whisky parmi des cow-boys éméchés, fébriles de la gâchette, Hickok va renouer avec un vétuste briscard raciste qui lui avouera l'existence véritable du monstre en question.
Après un compromis, nos deux protagonistes vont rencontrer sur leur chemin un curieux sioux solitaire qui a juré de se venger de la bête responsable de la mort de son fils.
A eux trois, ils vont tenter d'affronter l'immense créature dans une région hostile enneigée où le moindre recoin sera l'endroit idéal pour un potentiel refuge de cet animal hors du commun.
Dès la scène d'intro, un rêve irréel en nuance bleutée matiné de brume inquiétante, nous sommes directement attirés par l'ambiance feutrée soigneusement imagée.
La première demi-heure nerveusement rythmée débute furtivement par un massacre d'indiens commis par le fameux bison enragé ! Une scène violente et spectaculaire qui ne lésine pas sur les plaies gores des victimes, déchiquetées par les cornes de l'animal ou envoyés dans les airs avec une aisance irrationnelle. Les FX cheaps, mécaniques réussissent malgré tout à rendre attractif une séquence brutale, intense et spectaculaire affectée par un habile montage assez bien structuré.
La suite va nous énoncer une poignée de personnages coutumiers, d'anciennes connaissances d'Hickok plus ou moins importantes de son passé familier avant de se mesurer à de violents affrontements au duel envers ces hors la loi marginaux, alcoolos prêts à affronter pour le moindre prétexte notre légende vivante de la gâchette rapide.
La seconde partie du film dirigera nos deux personnages dans les vastes plaines enneigées du Dakota en compagnie d'un indien de prime abord hostile mais qui vont peu à peu communément s'entraider à la suite d'une rixe inopinée entre bandits révoltés.
C'est à ce moment propice que la chasse au monstre peut enfin commencer !
En dehors d'un western hors normes associant le genre fantastique, Jack Lee Thompson s'intéresse tout autant au relations humaines partagées envers nos trois témoins. Une vétuste histoire d'amitié qui va se consumer pour en rencontrer une autre, beaucoup plus fraternelle, modeste et aborder la thématique du racisme entre indiens et américains.
Les relations étroites de Hickok et son ami de longue dâte, un vieux briscard obtu induit dans la haine raciale sont les aspects à relever dans le conflit de leur génération où le jeune cow-boy semble plus tolérant, moins anachroniste que son illustre prédécesseur.
C'est dans ce conflit opposé que notre héros va se laisser séduire par un étranger tout autant instruit, habile et humanisé dans sa culture atypique que l'américain va intelligemment accepter et adopter. Avant une trêve sacrificielle.
Le final dantesque, très spectaculaire renoue avec le début vrombissant du film dans un affrontement impressionnant et terrifiant pour la présence démesurée d'un monstrueux bison blanc encore plus déterminé et enragé à annihiler l'ennemi. Cette séquence superbement mise en scène nous scotche littéralement devant l'incroyable présence d'une authentique créature de cauchemar impossible à maitriser.
En dehors d'une aimable poignée d'interprètes bien connus des amateurs (John Carradine en apparition futile, Stuart Whitman en alcoolo, Kim Novak en blonde pulpeuse), l'immense Charles Bronson imprègne le métrage de sa présence magnétique, son regard félin calme et menaçant, souvent recouvert d'une paire de lunettes rondes inaccoutumée. D'une sereine tranquillité agile à prévoir le pire dans les affrontements impromptus entre bandits orgueilleux. A moins d'être décontenancé et stupéfié face à son propre cauchemar matérialisé !
On retrouvera également avec plaisir le regretté Will Sampson (décédé le 3 juin 1987 / Vol au dessus d'un nid de coucou) qui campe un indien revanchard, frivolement arrogant, hostile mais rattrapé par sa sagesse de l'âme, du respect des valeurs dans sa philosophie stricte mais pacifique et honorée.
Le Bison Blanc est un excellent western inhabituel, bien mené, joliment décoré de vastes étendues enneigées et justement interprété par des trognes connues qu'on a toujours plaisir à retrouver.
Aussi spectaculaire dans ses gunfights introductifs qu'impressionnant dans ses affrontements fantastiques entre le monstre et les chasseurs, le metteur en scène évitera ainsi le grand guignol facile n'abusant jamais de son apparition spectrale (on ne verra la bête véritablement affronter l'action qu'à deux reprises), en misant avant tout sur l'attente, le suspense et l'ambiance angoissante d'une présence diabolique. Le final très impressionnant achève de rendre un spectacle attachant non dénué de charme Bis dans sa texture anti-conforme, son aspect kitch et contemporain dans sa touche surréaliste.