Réalisateur: Alan Parker
Année: 1984
Origine: U.S.A.
Durée: 2h00
Distribution: Nicolas Cage, Matthew Modine, John Harkins, Sandy Baron, Karen Young, Bruno Kirby.
Sortie salles France: 22 Mai 1985. U.S: 21 Décembre 1984
Récompenses: Grand Prix du Jury, Cannes 1985
Prix du Public au Festival International du film de Varsovie, 1987
Top Ten Films: National Board of Review Awards, 1984
FILMOGRAPHIE: Alan Parker, né Alan William Parker le 14 Février 1944 à Islington, Londres, est un réalisateur, compositeur, scénariste et producteur anglais.
1975: The Evacuees (télé-film). 1976: Bugsy Malone. 1978: Midnight Express. 1980: Fame. 1982: l'Usure du Temps. 1982: Pink Floyd the Wall. 1984: Birdy. 1987: Angel Heart. 1988: Mississippi Burning. 1990: Bienvenue au Paradis. 1991: The Commitments. 1994: Aux bons soins du Dr Kellogg. 1996: Evita. 1999: Les Cendres d'Angela. 2003: La Vie de David Gale.
Tiré du roman de William Wharton, ancien vétéran américain de la seconde guerre mondiale, Birdy, le film, se permet d'en modifier le contexte historique pour le déplacer à l'époque des années 60, décennie lourdement compromise par le conflit Vietnamien. Après avoir été gravement blessé au visage par un bombardement, Al Columbato retourne dans son pays et rejoint son ami d'enfance, Birdy. Placé à l'hôpital car profondément marqué par la guerre, il s'est résigné à rester dans le mutisme pour fuir la réalité. Avant d'être prochainement muté dans un institut psychiatrique, Al tente en dernier ressort de le ramener à la raison. Si Alan Parker nous avait déjà profondément ébranlé avec le drame carcéral, Midnight Express et le trip clippesque, Pink Floyd the wall, Birdy va également marquer de son empreinte le spectateur happé par la puissance de son intensité émotionnelle.
Hymne à la liberté, réquisitoire contre le traumatisme de la guerre, plaidoyer pour le droit à la différence, Birdy est un poème universel sur la quête éperdue d'un monde idéaliste. Car à travers la passion obsessionnelle d'un adolescent féru de volatiles et lui même destiné à voler de ses propres ailes, Birdy nous démontre à quel point l'univers qui nous entoure peut s'avérer lâche et cruel chez les êtres les plus candides. C'est ce que nous illustre Alan Parker avec souci d'humanisme à travers le portrait de deux amis indéfectibles mais prochainement désunis pour rejoindre les troupes américaines et perdre leur innocence. Alternant flash-back de leurs 400 coups et moments actuels d'une triste réalité (celle de leur traumatisme psychologique post-vietnam, quand bien même Al tente par tous les moyens de sauver de la démence son camarade), Birdy bouscule nos émotions dans la description documentée d'une passion (trop) dévorante (celle des volatiles et de se confondre dans leur existence au point d'envisager de véritablement voler !). A travers la séparation amicale de Birdy et d'Al recrutés en soldat, la guerre du Vietnam est aussi là pour nous rappeler qu'elle a privé de leur liberté et de leur rêve des milliers de jeunes recrues non préparés à combattre au front pour s'y sacrifier. Outre sa réflexion sur la passion pouvant engendrer chez les esprits les plus introvertis un trouble de la personnalité, Birdy transcende une magnifique histoire d'amitié inscrite dans la fidélité. Car leur cohésion bâtie sur la confiance, la tolérance et le respect est également un espoir afin de ramener à la raison Birdy prisonnier de sa déchéance mentale !
Soutenu par la partition sensitive de Peter Gabriel transcendant une intensité émotionnelle ingérable et endossé par deux illustres comédiens criants de vérité humaine, Birdy est un grand moment de cinéma lyrique ! Un chef-d'oeuvre de fragilité touché par la grâce d'un onirisme prude. Celui de fantasmer un idéal de liberté épargnée de toute souffrance, en accord avec l'harmonie de la nature et de la cause animale ! Inoubliable est un euphémisme car Birdy est le crève-coeur d'une rédemption amicale même si l'ironie finale du saut de l'ange nous rappelle à notre réalité !