par Killjoy » 19 Février 2012, 13:38
BIG FISH
De Tim Burton
Etats Unis
2003
avec Albert Finney, Ewan Mac Gregor, Jessica Lange, Marion Cotillard, Helena Bonham Carter
125 minutes
Synopsis :
Un père mourant et en phase terminale de sa pathologie incurable retrace des événements de sa vie à son fils
Il y a eu nombre de conflits entre les deux hommes mais linventivité dont fait preuve le vieil homme, mélangeant réalité, imaginaire et onirisme dans ses histoires va finir par intéresser voire obnubiler sa progéniture, plutôt réfractaire à ses exubérances verbales
Il sera question de la jeunesse du père, de sa rencontre avec une sorcière, avec un géant, de son passage dans une ville imaginaire, de ses prestations dans un cirque, de son départ à la guerre, de son amour fou avec celle qui deviendra sa femme
Bref, tout est passé en relief et aux rayons X, avec toujours cet aspect fantasque et improbable, mais rendu plausible et possible par la qualité narrative du père, laissant à son fils un sentiment impérissable et retissant les liens fraternels
Mon avis :
Réalisateur atypique mais réellement doué (il na plus à faire ses preuves !) Tim Burton signe avec « Big Fish » un film ultra soigné, jamais plombé de redondances et proprement impressionnant !
Tout y est : onirisme (mais pas outrancier), mise en scène parfaite, jeu dacteurs exemplaire et perfectible, décors majestueux et sens de la narration mettant en parallèle réel, romance et imaginaire
Au final, le spectateur capte très bien le message délivré par Burton, qui cherche à resserrer les leviers et les approches fraternels entre un père exubérant et son fils blasé par le comportement de ce dernier
Et ça fonctionne !
On est réellement émus et le final nous arrache des larmes, tout en étant à aucun moment mièvre ou racoleur !
Cest le talent de Burton qui nous plonge dans cet univers improbable, peuplé dune galerie de personnages imaginaires, débridés et attachants en même temps
Burton est peut être alors à sa quintessence stylistique, à la limite du baroque mais il se sert de ce bestiaire cinématographique comme dun tremplin pour affirmer une thèse bien réelle celle-ci : les conflits entre un père et son fils
Le rêve au service de la réalité, léchappatoire du quotidien via limagination au service de la dureté des relations père/fils
Chacun pourra même y faire et y voir des « transferts » avec sa propre vie car qui na jamais au moins une fois dans sa vie eu un clash avec son père ?
Retranscrivant avec fluidité cette approche et ce postulat maintes fois ressassé au cinéma, Burton parvient à y insuffler sa patte et son talent stylistique, et ça fait mouche !
Nombre de symboliques, nombre de plans placés là jamais par hasard et cet enchaînement de séquences entre réel et imaginaire confèrent à plonger le spectateur dans un spectacle extatique, presque cathartique, à la limite de losmose, nous faisant ainsi perdre pied entre la réalité du quotidien et léchappatoire vers les rêves
Ne ressemblant à nul autre métrage « Big Fish » assène un sentiment rassérénant et apaisant et donne une autre vision de lau-delà, sorte dendroit où tout le monde se retrouve, où tous les gens qui ont eu une place importante dans lexistence du défunt lui donne un ultime rendez vous
Un film extraordinaire, à tous points de vue, aussi bien visuellement que sémantiquement
Il faut le pénétrer et sy baigner corps et âmes pour comprendre la démarche de Burton qui témoigne de son expérience personnelle, venant lui aussi de perdre un être cher
Cest son « film thérapie » en quelque sorte
Note : 10/10