LA BELLE ET LA BETE

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LA BELLE ET LA BETE

Messagepar BRUNO MATEI » 02 Novembre 2012, 08:08

Titre d'origine: Panna a netvor
Réalisateur: Juraj Herz.
Année: 1978.
Origine: Tchécoslovaquie.
Durée: 1h27.
Distribution: Zdena Studenková, Vlastimil Harapes, Václav Voska, Jana Brejchová, Zuzana Kocúriková...

Sortie U.S: 1983

Récompense: Prix du film fantastique au Festival de Fantasporto, 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Juraj Herz est un réalisateur, acteur et scénariste slovaque, né le 4 septembre 1934 à Kezmarok, en Tchécoslovaquie (actuellement en Slovaquie) .
1968: l'Incinérateur de cadavres. 1972: Morgiana. 1978: La Belle et la Bête. 1979: Le 9è coeur. 1986: Galose stastia. 1996: Maigret tend un piège. Maigret et la tête d'un homme. 1997: Passage. 2009: T.M.A. 2010: Habermann.

Inédite en France, cette adaptation du conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont relève le défi de proposer une version beaucoup plus sombre et cauchemardesque que les illustres classiques concoctés par Jean Cocteau ou Walt Disney. D'origine tchèque, cette perle rare et introuvable risque de dérouter le public lambda peu habitué à s'aventurer dans les contrées hostiles d'une terre slovaque imprégnée de magie noire. Ce qui frappe d'emblée dans ce conte obscur à l'aura hermétique, c'est son ambiance singulière alternant féerie gracile par la candeur d'une princesse hantée par les songes et visions cauchemardesques de créatures visqueuses travesties en rat ou volatile. L'architecture gothique de l'étrange bâtisse régie par la bête (les statues de pierre, les faisceaux de chandeliers, les cadres occultant des démons picturaux, les domestiques mutiques insaisissables), ainsi que les extérieurs naturels d'une forêt automnale (brume translucide, végétation substantielle et florissante dont les rares brebis sont pourchassées) nous égarent et dépaysent comme nul autre métrage audacieux. La densité du récit horrifique est notamment impartie à la relation trouble entretenue avec la belle et la bête. Romance pudique épris d'aigreur auquel un monstre maudit ne peut se résoudre à assassiner une princesse, La Belle est la Bête illustre sans fioriture leur empathie commune vouée à la tendresse dans un environnement insolite trop inquiétant. D'où ce sentiment tangible pour le spectateur de se sentir oppressé mais envoûté par la scénographie des lieux obscurs. La musique en demi-teinte alternant l'orgue funèbre et l'élégie du piano ne cesse d'altérer les ambiances doucereuses et mortifères.

Métaphore sur la noblesse de l'âme où le mal est destitué de son fardeau par l'atticisme de l'amour, la Belle et la Bête est en l'occurrence un étrange voyage vers les ténèbres de la rédemption. L'histoire d'amour incongrue entre deux êtres anonymes voués à éveiller leur sensualité pour apprivoiser leur distinction. Mis en scène avec austérité dans son refus délibéré de céder à un fantastique folklorique et joliment interprété, cette version réfractaire aux conventions peut se targuer de rivaliser avec le chef-d'oeuvre de Cocteau. Ou tout du moins, elle n'a pas à rougir de la comparaison tant sa somptuosité formelle insuffle une poésie atypique en l'absence (ou si peu) de trucages.
A découvrir sans réserve avec une attention particulière, même si au prémices, cette liaison hermétique peut sembler abstraite et déconcertante.
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BRUNO MATEI
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