Bedevilled

-> Les films d'horreur, fantastique, SF...

Messagepar Oh My Gore » 15 Septembre 2010, 23:32

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Ecrit par Jang Cheol-so
Avec Min-ho Hwang , Min Je, Lee Ji-eun-i

Année : 2010
Pays : Corée du Sud
Durée : 115 min

.: L'HISTOIRE
La trentaine fatiguée, Hae-won travaille dans une banque à Séoul jusqu'au jour où elle assiste à une tentative de meurtre. Au même moment, sa vie professionnelle prend un tour inattendu. Contrainte de prendre du recul, elle part sur une petite île sous-développée, où, petite, elle était venue rendre visite à ses grands-parents...

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.: LA CRITIQUE
Assistant de Kim Ki-Duk sur "L'ÎLE", voici le premier long métrage de Jang Cheol-so en tant que réalisateur. Espérons que ce dernier nous livrera d'autres œuvres choc du même acabit. "BEDEVILLED", "tourmenté(e)" dans le texte, est à mi-chemin entre le drame et le slasher. Le tout est de ne pas se laisser décourager par les lenteurs du film. La première heure nous fait découvrir deux femmes que tout oppose. Il y a tout d'abord Hae-won, citadine typique, qui pète carrément les plombs avec le train de vie qu'elle mène à Séoul. Après un dernier éclat à son taff, elle décide de partir loin, pour une île où elle se rendait plus jeune. C'est là que vous allons découvrir le personnage de Bok-nam, une amie d'enfance d'Hae-won, qui vit misérablement avec les autres paysans de l'île et subit régulièrement les mauvais traitements de son mari.
"BEDEVILLED" est avant tout un drame social qui nous montre à quel point la lâcheté humaine peut être répugnante. Hae-won se fait tabasser, travaille sans relâche pendant que les mégères du village la critiquent et se moquent d'elle. Elle reste vaillante malgré tout et rêve de s'enfuir pour Séoul avec sa petite fille. Son mari va alors s'en prendre à ce qu'elle a de plus cher et cette fois-ci, sa vengeance sera terrible, et n'épargnera personne...

Plus les actes de maltraitance et de lâcheté s'enchaînent, plus le spectateur se doute que ça va éclater fort... Évidemment, on se place du côté d'Hae-won, tueuse sanguinaire certes, mais avec de bien bonnes raisons. Les habitants de l'île, campés avec justesse, sont tous haïssables, témoins d'une violence domestique révoltante. Hae-won est plus en nuance. Elle parle à son amie pour lui dire de fuir son mari, mais ne se mouille jamais vraiment... jusqu'au jour où elle se range du côté des lâches.

Transformée en machine à tuer, Bok-nam est uniquement obnubilée par la vengeance. Le drame réaliste devient un slasher, le sang coule à flots et la vengeance de notre personnage est carrément jouissive. L'humour surgit de situations gore et cocasses : un vieux paysan simple d'esprit se retrouve épargné au milieu de tous les autres vieux tués, et le mari de Hae-won finit enseveli sous de la pâte de soja!

On apprécie l'effort sur l'image indéniable du long métrage. L'île devient un huis-clos que l'on ne peut fuir, avec un soleil omniprésent qui exacerbe la sensation d'étouffement. Le contexte de "BEDEVILLED" rappelle forcément "L'ÎLE" de Kim Ki-Duk où la violence explosait brutalement dans le quotidien.

"BEDEVILLED" est ainsi une œuvre marquante, pleine de tension, de rage et d'émotions qui ne laisse pas indifférent. On a hâte de découvrir un autre film du réalisateur coréen, en espérant qu'il sera aussi efficace et qu'il continuera à choisir des acteurs aussi doués!

Note de Myrtle : 8 sur 10

Critique du film "BEDEVILLED"
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Messagepar ottorivers » 16 Septembre 2010, 08:52

Pas grand chose à dire de plus, effectivement ce film déchire un minimum.

Un drame qui se transforme en slasher bien sauvage, donc totalement justifié.
Pour une fois qu'on est du coté du tueur, on aimerait bien qu'elle s'en sorte pour changer.
Une bouffée d'oxygène dans le genre, même si certains passages sont un peu longuets mais bon c'est aussi le style Coréen.

7.5/10
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Messagepar BRUNO MATEI » 15 Mars 2011, 07:02

Première mise en scène d'un jeune Sud-coréen novice, Bedevilled, grand vainqueur du Festival de Gérardmer, est un mélange inhabituel des genres divisé en 2 parties distinctes, le drame psychologique et l'horreur réaliste. Une narration dense et rigoureuse dédiée à ses personnages, subtilement structurée de manière à élever le genre horrifique vers une portée psychologique poignante et intense en dépeignant une délicate et douloureuse histoire d'amitié écornée entre deux jeunes femmes.
Ce récit abrupt va culminer son cheminement dans une lente descente aux enfers alors que l'une d'entre elles est déjà contrainte depuis trop longtemps d'accepter les pires sévices infligés à un mari ultra violent et putassier dans sa sexualité éhontée.

Hae-won est une jeune célibataire irascible et égoïste, exerçant la profession de banquière à Seoul en toute autonomie.
Un soir, elle est témoin d'une agression envers une jeune fille sans vouloir tenter de lui porter assistance.
Alors que l'ambiance irritable avec ses collègues de travail se détériore davantage, elle se voit contraint de prendre quelques jours de vacances sur une île qu'elle avait connu étant petite quand elle rendait visite à ses grands parents. C'est durant cette période infantile qu'elle fit la rencontre de Bok-nam, une fillette avec qui elle noua de solides liens d'amitié.
Les deux anciennes amies vont pouvoir à nouveau se réunir mais un lourd secret enfoui dans leur passé remontant aujourd'hui à la surface et la vie martyrisée de Bok-nam vont sérieusement dissoudre leur relation affectée.


Avec une trame intelligente entièrement bâtie sur l'humanité de ces deux personnages principaux, Bedevilled décrit dans sa première partie avec empathie une évocation sordide de la vie décharnée d'une mère de famille contrainte de subir les pires offenses d'un mari ultra violent et ordurier, alors que sa propre petite fille désincarnée se retrouve à subir des actes pédophiles aux lourdes séquelles psychologiques irrémédiables.
Sur un mode réaliste, brute, entaché par une ambiance insulaire estivale, Bedevilled s'octroie au portrait de cette jeune femme battue et sexuellement violentée alors que la petite population locale, condescendante, et arriérée accepte facilement à ce que celle-ci soit devenue au fil du temps la femme esclave, maltraitée et martyrisée d'un bourreau insidieux. Une couple maudit octroyé à l'anachronisme d'une déloyale famille puriste, dénigrant la femme contemporaine autonome, pour se porter complice et laxiste des activités illicites d'un machiste perfide et bonimenteur.
Le retour sur l'île de son ancienne amie Hae Won envenimée de son caractère lâche et illégitime ne va qu'exacerber l'accomplissement vindicatif de la femme soumise alors qu'un terrible évènement tragique va la faire basculer dans l'horreur expéditive et cathartique.
C'est cette seconde partie revenge qui va faire sombrer le film dans le pur concentré d'horreur ultra sanglante, fruit des conséquences crapuleuses commises sur une innocente victime condamnée à endurer l'humiliation physique et morale dans sa quotidienneté implacable.

Le réalisateur juxtapose également le profil identitaire de cette séduisante bureaucrate lâche et irresponsable, Hae Wong (interprétée par la ravissante Ji Sung-won), jeune femme refoulée rendue solitaire et égocentrique par la remise en cause d'un passé répréhensible, rongée par la culpabilité et le remord, incapable d'avoir su faire preuve de courage face à ses responsabilités et entreprendre un ultime baroud d'honneur à une époque où elle fut témoin d'un acte frauduleux impardonnable.

Seo Yeon-Hee se révèle souvent bouleversante dans son personnage en demi-teinte de mère suppliciée, éreintée de tant de tortures et sévices sexuels réprimandés avant que l'instinct meurtrier vindicatif ne l'entraîne dans un effroyable parcours chaotique jalonné de cadavres moribonds.

Dans une réalisation maîtrisée multipliant les anges de caméra inventifs et baignant dans une atmosphère idyllique souillée par l'emprise de la mort froidement exécutée (les FX sanglants sont particulièrement crus et cinglants), Debevilled est un surprenant drame hybride affermi par son horreur inéluctable. Un douloureux portrait d'une fragile intensité émotionnelle dans le caractère élucidé de deux jeunes femmes à jamais condamnées dans leur errance mentale réprouvée.
ATTENTION SPOILER !!!
Le final poignant qui laisse nos deux héroïnes sur le tapis, communément enlacées face à leur état d'âme terni et aseptisé s'achève dans l'opacité d'un désespoir irréversible. Triste destin sans exutoire alloué à la culpabilité et au remord sans que l'une des victimes n'ait pu permettre d'invoquer en ultime recours un pardon rédempteur ou ce potentiel bénéfice salvateur de concourir à une repentance équitable. FIN DU SPOILER.
Un très beau premier film personnel, rigide et émouvant qui élève le cinéma d'horreur à un échelon plus ambitieux dans ses codes facilement orthodoxes. Preuve éloquente avec son Grand Prix justement mérité à Gérardmer 2011 !
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BRUNO MATEI
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