LE BATEAU DE LA MORT.
Titre Original: Death Ship
Réalisateur: Alvin Rakoff.
Année: 1980.
Origine: Angleterre.
Durée: 1H31.
Distribution: George Kennedy, Richard Crenna, Nick Mancuso, Sally Ann Howes, Kate Reid, Victoria Burgoyne, Jennifer McKinney, Danny Higham, Saul Rubinek, Murray Cruchley.
FILMOGRAPHIE: Alvin Rakoff est un réalisateur canadien né le 6 Février 1927 à Toronto.
1958: Passeport pour la Honte, 1959: Larry, agent secret, 1960: Vendredi 13 Heures, 1970: Hoffmann, 1971: Say Hello to Yesterda, 1979: Cité en feu, 1980: Accroche toi j'arrive, 1980: Le Bateau de la mort.
Le scénariste Jack Hill ("Coffy") et son co-scénariste David P. Lewis nous dépêche une trame tirée d'une légende classique (le hollandais volant et ses flibustiers fantômes), remise au goût du jour dans notre époque contemporaine pour l'exploitation d'un décor assez inhabituel et photogénique dans le thème récurrent des demeures hantées: le Bateau fantôme !
A la suite d'une collision mortelle entre deux bateaux (l'un réunissant des touristes aisés pour une croisière festive, l'autre déclinant toute identité), un groupe de rescapés vont pouvoir réembarquer sur un autre paquebot mystérieusement dénué de passagers et de gouverneur. Très vite, des évènements inexpliqués et meurtriers ne vont pas tarder à terroriser ces invités fustigés.
Le Bateau de la mort est une petite série B sans prétention au scénario basiquement linéaire et sans surprise, interprétée de manière frêle mais agrémentée d'un charme Bis prégnant et quelques valeurs sures de seconds rôles qu'on aime toujours revoir (Richard Grenna, Georges Kennedy). Un film mineur qui aurait pu sombrer dans l'oubli s'il n'avait pas été rehaussé de façon fructueuse par son ambiance inquiétante sous-jacente.
Une atmosphère putride mêlant avec un soin plastique la matière glauque et poisseuse des parois rubigineuses d'un paquebot exsangue, véritable star hostile qui s'accapare de l'écran avec beaucoup de charisme dans son authenticité vétuste.
L'idée du spectre du nazisme ayant torturé des juifs durant la seconde guerre mondiale à bord d'une bâtisse maritime est également intéressante dans son immoralité misanthrope puisque le Mal vindicatif continue en toute impunité sa morbide devise. Des représailles d'officiers SS renouées sous l'emprise surnaturelle, perpétrant pour l'éternité leur méfaits invoqués au nom d'un navire maudit (le bateau doit se nourrir de sang humain pour survivre).
Le premier meurtre (supposément accidentel pour nos protagonistes) intervenant au bout de 25 minutes surprend par son côté cruel, rude et suffocant. Un homme suspendu par les pieds d'un des câbles du bateau va se retrouver valsé dans les airs dans une succession de va et vient perfides avant de périr noyé dans l'eau glaciale de la mer des caraïbes. Cette séquence particulièrement éprouvante se joue de manière latente et sadique, à savoir si l'homme accroché par les pieds pourrait éventuellement s'en délier et sortir de sa besogne mortifère.
La suite des évènements troubles nous invoque la visite impromptue de nos passagers déambulant dans les investigations lugubres de l'enceinte du vaisseau alors que le capitaine, rescapé de l'ancienne croisière va subitement se voir posséder par l'emprise d'une entité diabolique invisible.
Dès lors, la panique va rapidement s'accaparer de chacun de nos invités emprisonnés à bord de ce lieu clos opaque, tentant désespérément d'y réchapper, auquel nombre de phénomènes inexpliqués vont violemment s'acharner sur eux.
Comme la sonnerie inopinée d'un téléphone sans qu'un quelconque interlocuteur ne soit au bout du fil, un électrophone émettant sans raison une musique jazzy, le visage subitement défiguré d'une des héroïnes va se charger de pustules purulentes, des chuchotements et voix d'outre-tombe se font entendre dans les couloirs, un bain de douche se met à ruisseler du sang en guise d'eau purificatrice et enfin des accidents meurtriers seront souvent commis par la cause des mécanismes industriels des sous-sols du vaisseau.
Il faut impérativement souligner le soin accordé aux décors lugubres de l'intérieur du bateau suintant et transpirant la rouille, les toiles d'araignées ainsi qu'une présence diabolique palpable s'emparant de chaque mur de l'enceinte. Comme ses fameuses machines qui permettent d'alimenter le navire, s'activant avec vigueur de manière inlassable, véritables veines sanguines de l'engin maritime caverneux. Il y a aussi la découverte blafarde d'une chambre froide renfermant une rangée de soldats morts congelés, empalés par des crochets de boucher.
C'est donc ce décorum habilement mis en scène qui rend l'oeuvre si efficace, captivante et finalement convaincante dans ses tentatives d'apporter une réelle aura, une teneur mortuaire perceptive (avec nombre de visions morbides de corps décomposés) à une histoire surnaturelle mis en exergue sur le macabre et la mort violente.
Nonobstant le peu de soin accordé au scénario, aux dialogues risibles et aux personnages dénués de psychologie, Le Bateau de la mort est pourtant un bon film horrifique qui doit tout à son ambiance véritablement intrigante et tangible, de par ses décors formidablement exploités dans une tonalité blême, presque malsaine.
Alors que certaines scènes-chocs (le 1er meurtre, l'héroïne immolée, inlassablement piégée dans l'étroitesse de sa cabine de douche ensanglantée et le protagoniste embrigadé dans un filet de pêche rempli de cadavres liquéfiés et décharnés) marquent les esprits et restent particulièrement efficaces, terrifiantes dans leur impact graphique particulièrement réaliste.
NOTE: Un remake nullissime réalisé par Steve Beck fut entrepris en 2001. L'ambiance qui faisait tout le sel du film d'origine en saura totalement bannie au profit d'FX horrifiques pétaradants.