Menu successeur d'Olaf Ittenbach et Andreas Schnaas dans le domaine du Gore underground allemand, Timo Rose, qui s'était notamment fait remarquer grâce à son
Space Wolf en 2002, réalise ici un survival en vidéo lorgnant du côté de certains succès du genre sortis ces dernières années (
Détour Mortel,
Wolf Creek,
La Colline a des Yeux). Outre son aspect nettement plus amateur par rapport à ses modèles, surtout en terme de réalisation,
Barricade se focalise sur la notion de « Gore » là où les homologues américains préféraient miser sur le suspense, voire l'action. Rose démontre qu'il s'intéresse tout autant aux personnages de son film et s'applique à les développer considérablement. Mais une mise en scène aux relents clipesques inutiles, un fâcheux air de déjà-vu sur le papier et dans le déroulement de l'intrigue ainsi qu'une direction d'acteurs pas toujours au top trahissent les faiblesses de cette petite production horrifique à réserver moins aux amateurs de survival standard quaux friands de violence graphique extrême.
Barricade narre la promenade forestière de trois amis (deux Américains et un Allemand) qui tournera au bain de sang lorsque leur chemin croisera celui d'une famille de cannibales au moins aussi timbrée que celle de Leatherface, personnage emblématique de
Massacre à la Tronçonneuse, et qui se complaît à transformer en chair à pâté quiconque traîne dans les parages. Rapidement, on grimace face aux douteux choix de comédiens qu'a fait Timo Rose. Le « bodybuildesque » Joe Sazo ne convainc pas un seconde dans la peau d'un gentil boyfriend sentimental et le jeu approximatif d'Andre Reissig agace constamment. Heureusement, Raine Brown, que l'on sent impliquée dans son rôle, sauve les meubles. Le reste de la distribution est composé d'acteurs récurrents dans les films de Rose. Ce dernier camoufle généralement leur manque de professionnalisme en limitant leurs répliques et en les faisant assez vite passer à la casserole. À linstar de
Space Wolf, la mise en scène souffre d'effets vidéoclip inintéressants et dépassés depuis plusieurs années déjà, mais cette fois-ci, la photographie et les mouvements de caméra gagnent assurément en qualité. Exception faite de ses (mauvais) plans saccadés, l'esthétique de
Barricade rappelle quelquefois celle de
Wolf Creek; il s'agit donc là d'un gage positif, qui permet dans une certaine mesure d'apprécier les jolis décors campagnards dans lesquels fut tournée la bande. En dehors de cela, Rose nous gratifie d'une honnête quantité de scènes Gore qui auraient cependant gagner à être plus marquantes et insistantes. Nous sommes tout de même loin de la boucherie d'un
Premutos, d'un
Violent Shit 3 ou d'un
Black Past et seuls un ou deux sévices très trash visage d'une victime peu à peu rongé par l'acide, tranchage du téton d'une jeune femme et pénétration à l'intérieur du sein mutilé avec l'index resteront dans les mémoires du cinéphile adepte de « splatter movie » qui fait mal. Moins généreux que prévu, ce Gore-ci n'en reste pas moins efficace et constitue un avantage de taille dans
Barricade qui, force est de le reconnaître, ne propose en contrepartie guère un scénario fort palpitant, surtout lorsqu'il s'engage dans des sentiers bien trop battus. Rajoutons un bon point au niveau de la bande-son qui distille de sympathiques et légers beats hip-hop, RnB et pop dans l'air du temps, témoignage de la carrière musicale plus ou moins remarquée de Timo Rose, rappeur à ses heures sous le pseudonyme de King Hannibal.
Inutile d'espérer voir le film Gore ultime et encore moins le survival ultime en découvrant
Barricade. Si en revanche une petite production horrifique underground émaillée de quelques scènes trash bien senties peuvent faire l'affaire, et si sa réalisation en demi-teintes, son interprétation globalement médiocre et son script poussif ne posent guère trop d'écueils, voici ce qu'il faut. À réserver aux inconditionnels du genre.
4.5/10
