Réalisateur: Bob Swaim
Année: 1982
Origine: France
Durée: 1h42
Distribution: Nathalie Baye, Philippe Léotard, Richard Berry, Christophe Malavoy, Jean-Paul Comart, Bernard Freyd, Maurice Ronet.
Sortie salles France: 10 Novembre 1982
Récompenses: César du Meilleur Film
César de la Meilleure Actrice, Nathalie Baye
César du Meilleur Acteur, Philippe Léotard
FILMOGRAPHIE: Bob Swaim (Robert Frank Swaim Jr.) est un réalisateur et scénariste français, né le 2 Novembre 1943 à Evanston, Illinois, U.S.A.
1971: L'autoportrait d'un pornographe. 1972: Vive les Jacques. 1977: La Nuit de Saint-Germain des Prés. 1982: La Balance. 1986: Escort Girl. 1988: Mascarade. 1992: L'Atlantide. 1994: Parfum de meurtre (télé-film). 1995: Femme de passions (télé-film). 1998: Le Défi. 2004: Nos amis les flics. 2006: Lumières Noires.
Pour faire face à la croissance d'une nouvelle criminalité, "sauvage" et plus violente, la police judiciaire crée les Brigades Territoriales, seules unités de la police intégrées dans le tissu urbain de la pègre. Chaque groupe a son propre réseau d'informateurs sans lequel il ne peut pas travailler. L'informateur ou l'indic est appelé par le milieu "la Balance".
Gros succès commercial de l'époque, La Balance fut également le grand gagnant des Césars puisqu'il remporta en 1983 trois récompenses, dont celui du Meilleur Film, Meilleur Acteur pour Philippe Léotard et Meilleure actrice pour Nathalie Baye. Polar d'action rondement calibré, que ce soit au niveau de sa narration dressant le portrait sans concession d'une police insidieuse envers ses indics, que de l'interprétation solide des stars montantes du cinéma français (Leotard/Baye/Berry), La Balance s'alloue également d'une mise en scène nerveuse dans sa facture américanisée ! A l'instar de la sanglante fusillade urbaine perpétrée en plein carrefour embouteillé.
Natif des U.S.A., on sent bien que Bob Swain souhaite dépoussiérer le cinéma français dans sa réalisation vigoureuse alternant poursuites en voiture ou à pied dans les bas-fonds parisiens, règlements de compte sanglants, trafics de drogue et passage à tabac de malfrats à la petite semaine. En dénonçant les méthodes perfides de la police s'évertuant à faire chanter un indic pour atteindre un plus gros bonnet mafieux, et n'hésitant pas à employer la violence ou falsifier une preuve pour exécuter froidement un malfrat, la Balance s'épanche autant sur la relation singulière d'un macro au grand coeur avec une jeune prostituée. Outre la lâcheté des flicards prêts à faire assassiner un indic pour mieux alpaguer leur cible, le réalisateur s'attarde donc à nous attacher sur la romance impossible de Dédé et Nicole, couple de paumés pervertis par leur condition marginale mais éperdument amoureux l'un pour l'autre. La grande force du film résidant notamment dans leur complicité humaine fragile, désoeuvrée et torturée lorsqu'ils sont contraints de collaborer avec les flics pour dénoncer une relation de la pègre ou lorsqu'ils doivent endurer séances d'interrogatoire et harcèlement moral. Outre la prestance solide du duo Philippe Leotard (macro besogneux à la gueule de chien battu !), Nathalie Baye (catin enjouée au caractère bien trempé !), les seconds rôles (Richard Berry, Christophe Malavoy, Jean-Paul Comart, Bernard Freyd) ne sont pas en reste pour insuffler de la prestance dans leur cohésion délibérée à enrayer un dangereux mafieux (Maurice Ronet taillé dans l'élégance et le sang-froid en caïd renommée !) et son comparse (Tchéky Karyo épris de lâcheté en salop sans vergogne !).
Passionnant dans son cheminement narratif en suspens, transgressif dans la caractérisation d'une Brigade Territoriale à la morale douteuse, et réaliste dans sa violence parfois brutale ou dans la peinture allouée au Paris insalubre, La Balance insuffle surtout une empathie ambiguë face à la concertation d'amants en perdition et de flics mesquins. Si la chanson du générique d'intro s'avère aujourd'hui inévitablement obsolète, ne vous méprenez pas, La Balance s'avérant l'un des polars les plus attractifs des années 80 !