par BRUNO MATEI » 09 Août 2011, 11:48
Après avoir surfé sur le succès controversé de Cannibal Holocaust avec La Secte des Cannibales, l'inénarrable Umberto Lenzi s'empresse la même année à récupérer un autre filon dérivé du mythe du zombie, en pleine ascension depuis le notoire l'Enfer des Zombies, réalisé un an au préalable. Précurseur du film d'infectés, l'Avion de l'Apocalypse préfigure avec 20 ans d'avance le zombie cocaïné, coursant tel un aliéné écumé sa victime démunie.
A l'aéroport, un journaliste attend l'alunissage d'un avion duquel un scientifique notoire venait d'embarquer. Après avoir atterri, l'avion libère une cohorte de monstres humains au visage défiguré se jetant violemment sur les témoins médusés ! Dans un déchaînement de violence putassière, les victimes sont violemment trucidées et dévorées par ces créatures assoiffées de sang. L'invasion ne fait que commencer !
LES PIZZAS SE DECHAINENT !!!
En fustigeant les dangers du nucléaire en sous texte social tristement actuel, Umberto Lenzi essaie de se démarquer de son comparse Lucio Fulci (en pleine apogée zombiesque) grâce à la caractérisation de ces morts-vivants, ou plutôt de celle des infectés. En effet, dans l'Avion de l'apocalypse, aucun mort récalcitrant ne semble revenir à la vie car dès le préambule, la trame semble suggérer que cet équipage d'individus lambdas (en dehors du scientifique renommé) voyageant à bord d'un avion était préalablement bel et bien vivant. Des passagers subitement épris de folie meurtrière dès extraction de la navigation aérienne, faute d'une défaillance radioactive sans doute causée par la centrale nucléaire adjacente. Cette introduction échevelée déménage sec dans le massacre agencé à grand renfort de gunfights pétaradants et d'armes blanches acérées ! Gros plans sur les chairs éclatées ou entaillées, gorges tranchées, bras sectionnés, hurlements des victimes prises à parti par ces trognes d'ahuris surexcités de l'appât du sang, ressemblant à s'y m'éprendre à des têtes de pizza carbonisée ! La suite sans surprise est favorablement du même acabit ! Massacre déployé sur un plateau TV ou dans un club de gym avec à l'appui, jolies donzelles dévêtues, dont l'une d'entre elle aura le bout de sein saucissonné au poignard ou carnage improvisé dans un centre hospitalier (Rodriguez avait d'ailleurs emprunté l'idée dans son hommage bisseux Planet Terror) alors que d'illustres médecins sont entrain de pratiquer une opération chirurgicale auprès d'un de leur patient. Ces séquences bien coordonnés dans la gestion d'un rythme trépidant et de séquences gores parfois croquignolettes (du moins dans la version uncut qui présente entre autre une surprenante énucléation d'un oeil en gros plan ! Merci l'Enfer des Zombies !) font preuve d'un savoir-faire technique artisanal.
Place ensuite à quelques imprévus envers d'innocentes victimes sacrifiées comme ce couple inculte réuni dans un coin de campagne éludé de présence humaine ou encore ces deux jeunes femmes réfugiées dans une cave alors que l'une des créatures s'y est faufilée (la seule séquence de claustration au climat d'angoisse futilement palpable). Au même moment, la fuite est envisagée par notre héros journaliste (campé de façon lymphatique par le barbus inexpressif mais oh combien impayable, Hugo Stiglitz) épaulé de son épouse vers une destination inconnue à travers les contrées urbaines et bucoliques d'un état dévasté par une menace létale inexpliquée !
ATTENTION SPOILER !!! Leur déroute se culmine dans un parc d'attraction désert auquel notre duo va décider de se réfugier en amont d'un manège à haute altitude pour éviter les infectés calcinés ! Mais la cerise sur le gâteau que notre aimable Umberto Lenzi a eu l'idée saugrenue de nous infliger en ultime épilogue sera que tous ce que nous avons vu (ou subi) précédemment n'était que le fruit matérialisé d'un cauchemar incongru fantasmé par notre héros ! Une prescience devenue réalité puisque nous allons être à nouveau témoin parmi la présence de notre journaliste de l'atterrissage de l'avion libérant les mêmes abrutis au faciès grillé par la radioactivité ! FIN DU SPOILER.
LES PIZZAS ETAIENT TROP CUITES.
Rythmé par le score typiquement latin de Stelvio Cipriani et bénéficiant avec efficacité d'un rythme continuellement soutenu, l'Avion de l'Apocalypse est un petit fleuron du Bis transalpin. Un nanar Z estampillé "gore qui tâche" gardant son charme suranné par la grâce des dialogues risibles et d'une direction hasardeuse d'acteurs anémiques, transcendé par la trogne burinée de nos créatures foireuses à tête de pizza. L'audace complaisante de certaines gores typiquement ritales et le jeu minimaliste mais attachant de notre illustre Hugo Stiglitz parviennent encore aujourd'hui à rendre ce spectacle débridé bien jovial et jamais prétentieux.
