L'Antéchrist

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Messagepar Killjoy » 29 Novembre 2007, 17:30

non, j'avais bien mis l'accent, c'est juste que je l'avais mis dans la catégorie "Gore, splatter" ! :wacko:
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Killjoy
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Messagepar SUSPIRIA » 30 Octobre 2010, 16:29

Un an à peine après le succès de l'Exorciste, il fallait bien que nos chers concitoyens transalpins entament leur propre version satanique d'un succès mondialement célébré.
Mais la sincérité inspirée d'Alberto De Martino sera de ne pas nous refourguer un copié-collé du chef-d'oeuvre de Friedkin, même si l'artillerie lourde des effets-spéciaux kitchs outranciers finiront par obnubiler un final pétaradant avec ces trois séances d'exorcisme imposées.

La réalisateur offre ici une vision gothico-latine du satanisme vétuste sous le thème ancestral d'une sorcellerie vindicative. Avec également une habile utilisation des décors intérieurs d'une demeure flamboyante en nuance rouge (dont un hall d'entrée longé de magnifiques statues) ainsi que ces extérieurs architecturaux ou touristiques comme la visite impromptue dans un musée, le début mystique devant une icône religieuse parmi une foule hystérique ou le final rédempteur dans le colisée avec ces monuments historiques dantesques assombris sous une nuit pluvieuse.
La première partie nous invite à découvrir l'existence terne d'une Hippolita sexuellement refoulée, jalouse et rancunière d'un père amoureux d'une nouvelle aimante. Après le décès de sa mère retrouvée morte dans un accident de voiture mis en cause par son mari, Hippolita qui se trouvait également à l'intérieur du véhicule se retrouvera dans un état d'impotence, condamnée à rester cloitré sur une chaise roulante.
Un médecin spécialisé va tenter des séances d'hypnose régulières pour essayer d'apaiser les tourments psychologiques et la colère d'Hippolita. Avec aussi l'ambition prioritaire de lui faire retrouver l'usage de ses jambes.
Mais pendant ces séances improvisées, la jeune femme en état de transe ira se remémorer dans un souvenir lointain un passé antérieur auquel elle aurait été une sorcière prête à enfanter l'antéchrist, avant de périr sur le bucher par les pouvoirs religieux.
Au fur et à mesure des séances d'hypnose davantage expansives, Hippolita va être irrémédiablement possédé par son ancêtre maudit. Une sorcière revancharde habitée par le malin, fermement décidée cette fois-ci à réhabiliter l'antéchrist sur terre !

Dans une mise en scène soignée, Alberto De Martino oriente sa trame antique dans une ambiance gothique du plus bel effet. Pour preuve, la scène fantasmagorique matérialisée sous hypnose dans le refuge d'une forêt ténébreuse reste l'un des moments les plus immersifs, d'une beauté funèbre surprenante et prégnante.
Un spectacle macabro-érotique où se mêlent et s'entrêmelent des corps nus enlacés pendant qu'une sorcière affalée sur le sol attend inlassablement l'emprise du messie du Mal. Un démon d''apparence humaine, masqué d'un animal à corne qui aura la tâche suprême d'ingérer dans la bouche de sa prêtresse soumise la tête fraichement arrachée de ses propres mains d'un crapaud blafard ! Sans oublier cette étape suivante restée dans toutes les mémoires des spectateurs non avertis quand la sorcière se verra obliger de lécher langoureusement l'anus d'un bouc ! Effet répugnant garanti !!!!
C'est cette longue première partie du métrage habilitée qui implique le spectateur au niveau du profil psychologique d'Hippoleta. Une jeune femme esseulée réunie dans la familiarité d'une magnifique demeure parmi son père, son frère, un médecin, une maitresse de service et une amante malencontreuse. Une femme rendue impuissante de l'handicap de ses deux jambes, furieusement jalouse d'une nouvelle idylle naissante entre son père et sa maitresse, incapable de couper le cordon ombilicale, trop éprise d'amour autant que de rancoeur envers ce responsable paternel d'un accident involontaire.
C'est ce scénario imbriqué dans des relations familiales conflictuelles autour d'un cas de réincarnation innoportun qui séduit et approuve l'attachement. Le réalisateur réussit à se démarquer du modèle de Friedkin (même s'il s'agit la encore d'une connivence parentale entre un père rendu impuissant face aux forces obscures du démon, incarné par sa fille sexuellement refoulée).
Alberto De Martino nous offre une trame assez prenante, traversée d'une succession de flashs-back interposés, soigneusement imagés, même si les FX cheaps laissent parfois à désirer.
L'interprétation générale aimablement impliquée nous accède à une pléiade de trognes familières du cinéma Bis et de seconds couteaux attachants, ce qui offre un plaisir supplémentaire à la vision adhérente de l'Antéchrist.
La dernière partie nous refait le coup des séances d'exorcisme avec un racolage grossier et une avalanche d'effets-spéciaux parfois grotesques ou totalement improbables (la scène de lévitation dans la maison où Hippoleta partira se balader dans les airs à l'extérieur de la maison ou ce prêtre néophyte, étranglé par le bras coupé de celle-ci, figé dans l'espace par esprit de zèle !).
La solide interprétation de Carla Gravina empêche malgré tout ses dernières scènes complaisamment excessives de faire sombrer le film dans la médiocrité attendue. Alors que son final funestement pluvieux, étonnamment pictural parmi la richesse historique de décors majestueux se démarque une fois de plus du film de Friedkin pour conclure son histoire cathartique d'une manière séduisante et crédible.

Si l'Exorciste n'était pas intervenu, l'Antéchrist aurait été sans nul doute la meilleure copie des cas de possession sataniste.
Il reste en l'état une excellente série B d'exploitation soigneusement concoctée dans une première heure tangible, traversée de séquences marquantes et fantasmagoriques (le banquet blafard entre bacchanale effrontée et sacrifice débauché dans une forêt endiablée, photographié par Joe d'Amato !), bien interprété, renforcé par le charme indocile de son actrice principale convaincue. Et cela même si la dernière partie se laisse parfois divaguer dans des scènes chocs puériles, ridicules ou risibles, avant que ne s'achève un final réapproprié dans la richesse enjôleuse de décors gothiques.
SUSPIRIA
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