5 ans après son controversé et maladif Cannibal Holocaust, Ruggero Deodato nous refourgue une de ces séries B d'exploitation jouissive et vigoureuse allouée à une mise en scène particulièrement fougueuse et endiablée entièrement dédiée à un sens de l'efficacité roublard.
Sur le même schéma que son compère notoire précité, Amazonia, la jungle blanche mélange le cinéma d'aventures et l'horreur gore éclaboussante avec un savoir-faire probant proprement attachant.
Une équipe de journalistes se retrouve en pleine jungle hostile après qu'un groupe de trafiquants de drogue soit retrouvé mystérieusement massacré sans mobile apparent. Dans le même temps, le fils du directeur d'une célèbre chaine de télévision a disparu.
Avec leur caméra, nos deux journalistes vont s'enfoncer dans la forêt pour découvrir l'horreur primitive de deux clans opposés se disputant un trafic de drogue et tenter par tous les moyens de retrouver la trace du jeune garçon pris en otage par l'un des groupuscules.
Amazonia démarre sur les chapeaux de roue avec une séquence introductive explosive et sanglante qui voit une bande de trafiquants se faire subitement agresser par des indigènes demeurés. Action et gore vont agréablement fusionnés pour nous faire partager un moment décomplexé fun rondement mené.
La suite de notre aventure nous entraine en plein coeur de l'amazonie avec ce duo de jeunes journalistes enquêtant sur cette sombre affaire de meurtres crapuleux commis par des sanguinaires sans pitié.
Pour pimenter le récit riche en épisodes conflictuels de personnages mesquins, le réalisateur s'octroie à une guerre des gangs commanditée par deux groupes de mercenaires chevronnés. Alors que l'un des leaders contestataires les plus réputés se soit associé avec une tribu d'indigènes tributaires de son influence autoritaire et farfelue. Ce leader surnommé le Colonel Brian Horne (Richard Lynch) est un ancien adepte d'une dérive religieuse tristement célébrée par un fondateur religieux fanatique et communiste, le révérend Jim Jones ! (un drogué dépendant qui affirmait ente autre à ses disciples être la réincarnation de Jésus !).
Toute la narration est donc un chassé croisé haletant, une traque sanglante parsemée d'embuches et un reportage de choc que nos 2 reporters vont dépeindre avec leur matériel vidéo pour dénoncer l'horreur d'une guerre impitoyable subordonnée au marché de la drogue.
A travers cette trame basique à peine débridée prétextant une surenchère violente échevelée, on sent que Ruggero Deodato est particulièrement inspiré à nous offrir un généreux spectacle d'action ludique dont chaque scène trépidante est souvent accentuée par le caractère choc de ses scènes sanglantes réussies. A cet effet racoleur volontairement explicite (et la touche polissonne, intermittente de quelques pointes d'érotisme), il ne faut pas manquer de relever une séquence quasi anthologique auquel un homme va se voir le corps déchiré en deux parties, dans le sens de la longueur ! L'effet spectaculaire inopiné dans sa cruauté viscérale se forge d'un impact réaliste très impressionnant !
Au répertoire des comédiens, quel plaisir non simulé de voir réunir à l'écran une galerie de trognes secondaires bien connues des amateurs de bisseries, séries B ou projets plus ambitieux ! S'affrontent donc dans un délire festif commun l'impayable Michael Berryman (la colline a des yeux) avec sa trogne d'ahuri, Eriq La Salle (l'Echelle de Jacob, la série TV Urgences), notre regrettée et séduisante Lisa Blount (Réincarnations, Officiers et Gentlemans, Prince des Ténèbres), Leonard Mann (le Dernier des Salauds, les Yeux de la terreur), Richard Bright (Marathon Man, l'ambulance) et enfin le patibulaire Richard Lynch et sa gueule pernicieuse (l'Epée Sauvage, Panics, Invasion U.S.A, les Barbarians) en leader déluré, suicidaire et orgueilleux.
Amazonia, la jungle blanche est sans aucun doute l'un des métrages les plus nerveux et réussis du réalisateur. Exacerbé par l'entraînante partition musicale de Claudio Simonetti offrant un punch supplémentaire à la structure du récit, il s'agit d'une véritable perle du Bis rondement menée dont la mise en scène appliquée maitrise avec une belle vigueur son tempo endiablé et l'utilisation esthétique d'un environnement hostile traversé de décors naturels de toute beauté.
Un pur spectacle de série B savoureusement concocté pour nous faire passer un moment de plaisir complice à la fougue communicative.
P.S: Killjoy, je t'ai dédicacé ma critique sur mon blog, croyant que tu vénérais ce film !