par BRUNO MATEI » 02 Juin 2012, 07:04
ALUCARDO
Titre d'origine: Alucarda, la hija de las tinieblas
Réalisateur: Juan Lopez Moctezuma
Année: 1975
Origine: Mexique
Durée: 1h20
Distribution: Tina Romero, Claudio Brook, Lili Garza, Tina French, David Silva, Susana Kamini.
Sortie le 26 Janvier 1978
FILMOGRAPHIE: Juan Lopez Moctezuma est un acteur, scénariste et réalisateur mexicain, né en 1932 à Mexico, décédé le 2 Août 1995 à Mexico.
1973: The Mansion of Madness
1975: Mary, Mary, Bloody Mary
1977: Alucarda
1987: Le Tueur
1994: El Alimento del Miedo
A sa naissance, Alucarda se retrouve adoptée par les nonnes d'un couvent sous les ordres de sa mère moribonde. Plusieurs années ont passé et la jeune fille fait la rencontre de Justine, une orpheline venue s'exiler dans le monastère. Ensemble, elles se lient d'une tendre amitié mais un jour, elles libèrent une force démoniaque dans un cercueil. Depuis, les jeunes candides semblent tributaires de l'allégeance du diable.
En pleine mouvance de démonologie depuis la sortie en 73 de l'Exorciste de Friedkin, le mexicain Juan Lopez Moctezuma réalise deux ans plus tard un curieux film fantastique imprégné d'obscurantisme religieux. La première qualité impartie à cette oeuvre étrange est qu'elle ne ressemble à rien de connu dans son alliage de culte spirituel, sorcellerie, superstitions et possession sataniste. Le réalisateur nous dépeignant ici une vision personnelle des affres de l'au-delà par l'entremise d'une communauté fondamentaliste. Justine et Alucarda sont deux jeunes filles abdiquées dès leur plus tendre enfance par leur famille. Elles se retrouvent embrigadées dans un couvent pour y vivre et subir une éducation drastique exposée aux valeurs de piété. Avides de liberté et d'épanouissement, elles décident un beau jour de partir en forêt pour y faire la rencontre d'étranges bohémiens. Elles pénètrent ensuite dans l'enceinte d'un bâtiment abandonné pour y libérer une force démoniaque inhumée dans un cercueil. C'est là qu'Alucarda va laisser libre court à son instinct libertaire, avouer son affection idyllique à son acolyte et se dévouer ensemble au satanisme en pactisant avec les forces du mal.
A travers ce canevas d'épouvante où le Mal s'empare de l'esprit de deux nonnes candides, le réalisateur dénonce le fanatisme religieux lié aux superstitions séculaires et au cours duquel un exorcisme moyenâgeux va être assujetti pour l'une d'entre elles. Juan Lopez Moctezuma insiste à mettre en exergue la propagande sectaire entreprise par l'église au cours des prières divines. Une doctrine machinalement inculquée auprès de nonnes terrifiées à l'idée que l'Enfer puisse les diaboliser si leur foi vertueuse était avilie. Par la cause de cet endoctrinement récursif et d'une existence fastidieuse, nos deux héroïnes vont finalement se réconforter auprès du démon pour y découvrir une forme d'autonomie frondeuse. Livrant leur nouvelle éthique sataniste aux autorités religieuses, Justine va d'abord devoir se confronter au jugement d'un exorcisme entrepris par ses supérieurs.
Attention spoiler ! Les évènements ultérieurs vont ensuite nous amener vers une vengeance démoniaque entreprise par Justine, exhumée de sa tombe ! Tandis qu'un médecin avisé va tenter d'extraire Alucarda des forces du Mal, d'une manière plus pondérée que ses confrères anachronistes. Fin du spoiler.
Émaillé de plages horrifiques laissant parfois libre court à une imagerie gore onirique, le film nous plonge dans un délire festif où l'emprise démoniaque souhaite sévèrement fustiger les fidèles de Dieu dans un apocalypse de feu. Certaines séquences de sensualité trouble ou poésie morbide (l'exorcisme pratiqué sur Justine ainsi que son exhumation sanglante, le sabbat érotique dans la forêt ou encore le brasier final) font preuve d'une imagination sans égale pour laisser dans l'esprit du spectateur une imagerie flamboyante.
Les Forces du Mal
Visuellement étonnant dans son emprunt à un onirisme macabre et insolite par son climat païen d'origine mexicaine (l'accoutrement vestimentaire des nonnes semblables à des momies obsolètes rajoute aussi une aura indicible), Alucarda est une fantasmagorie sur le totalitarisme religieux et la peur qui en résulte. La beauté scénographique de sa crypte baroque ainsi que la conviction des interprètes méconnus sont également des atouts probants pour se laisser embarquer dans une sarabande infernale à l'atmosphère chimérique. A ne pas rater.
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