Abattoir 5

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Messagepar BRUNO MATEI » 02 Juin 2011, 10:03

ABATTOIR 5
Titre Original: Slaughterhouse Five
Réalisateur: Georges Roy Hill.
Année: 1972.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h43.
Distribution: Michael Sacks, Ron Leibman, Eugene Roche, Sharon Gans, Valérie Perrine, Holly Near, Perry King.

FILMOGRAPHIE: George Roy Hill est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 20 Décembre 1921, mort le 27 décembre 2002 à New-York.
1962: L'Ecole des jeunes mariés, 1963: Le Tumulte, 1964: 2 copines... Un séducteur, 1966: Hawaii, 1967: Millie, 1969: Butch Cassidy et le Kid, 1972: Abattoir 5, 1973: l'Arnaque, 1974: La Kermesse des Aigles, 1977: La Castagne, 1979: I love you, je t'aime, 1982: Le Monde selon Garp, 1983: La Petite fille au Tambour, 1988: Funny Farm.

"Pour devenir un adulte et apprendre à survivre à l'existence, il faut redevenir un enfant".

C'est grâce à l'immense succès remporté par son western moderne Butch Cassidy et le Kid (1969) que Georges Roy Hill va trouver l'argent nécessaire afin de transposer à l'écran le célèbre roman de Kurt Vonnegit Jr, Abattoir 5 ou la croisade des enfants. Un récit écrit de façon insolite mais en grande partie autobiographique puisqu'il illustre l'expérience éprouvante vécue par l'écrivain dans l'Allemagne de la seconde guerre mondiale. En effet, il fut capturé par les nazis dans les Ardennes afin d'être recruté à Dresde pour inhumer les cadavres après un bombardement de la ville par les Alliés en février 1945 (25 000 à 40 000 morts auraient été pronostiqués selon différentes études d'historiens).

Billy Pilgrim est un ancien combattant américain ayant vécu les horreurs de la seconde guerre mondiale dans la région de Dresde en Allemagne. Cette homme taciturne possède la faculté de voyager dans le temps sans pouvoir contrôler ses allers retours entre présent, passé et futur et sans connaître la raison inexpliquée de son don.

Réquisitoire contre l'absurdité de la guerre imbriqué dans des éléments couillus de comédie satirique et de science-fiction spéculative consolidée sur le sens de l'existence, Abattoir 5 est un ovni atypique ne ressemblant à aucun autre métrage doué d'ambition insolite. Audace narrative et originalité singulière s'y juxtaposent abondamment dans une mise en scène assidue totalement impliquée.
Dans une chronologie destructurée, nous suivons le parcours chaotique de Billy Pilgrim, père de famille revenu d'entre les morts après son expérience éprouvante au camp de Dresde, en Allemagne, où un bombardement aura fait plusieurs milliers de morts. Après être rentré au pays dans son cocon familial superficiel parmi sa femme bedonnante et ses 2 enfants prospères, Billy peut subitement se retrouver à n'importe quel moment de son existence dans des épisodes vécus, entre présent, passé et futur. Et cela sans qu'il puisse pouvoir maîtriser ses va et vient incessants d'un voyage temporel anarchique.

A travers une narration déroutante qui ne cesse d'associer des évènements dramatiques, futiles, burlesques ou merveilleux, l'itinéraire métaphorique de Billy Pilgrim semble être une fuite et une hantise à travers le temps afin de mieux subir toute la tare de l'horreur délivrée. Entre ces mauvais souvenirs d'un génocide immoral et des moments idylliques sur la planète isolée de Tralfamadore. Soldat naïf, maladroit et candide ignorant l'influence du mal chez l'être humain orgueilleux, avide de pouvoir et de cupidité, son don surnaturel ne serait peut-être qu'une allégorie, un voyage fantasmagorique à travers un psyché persécuté d'images saisissantes. L'innocence élégiaque d'un homme prude agissant instinctivement comme la pudeur d'un enfant devant la folie putanesque de la guerre engendrant inlassablement des génocides de grande envergure (ici le massacre de Dresde).

Georges Roy Hill dépeint avec une sobre subtilité et un sens de suggestion éludé de violence permissive (ou si peu), le trauma de la guerre et son absurdité indécente mais aussi le retour difficile au pays de ces vétérans ayant connu des épisodes tragiquement éprouvants, voir traumatisants.
Après la fin de la guerre, Billy, revenu parmi les vivants, se retrouve dépressif, esseulé, faussement délaissé d'une femme aimante incapable de tenir ses promesses dérisoires d'amaigrissement pour son embonpoint excessif et d'un fils fier de connaître le sentiment d'un héroïsme patriotique en revenant de la guerre du Vietnam. C'est vers son animal de compagnie, Post, chien ignorant et solitaire, tout aussi candide que son maître qu'il trouvera finalement une tendresse affectueuse pour se détacher de la folie des hommes et d'un monde destructeur.
C'est sur Tralfamadore que Billy réussit l'entreprise de s'y réfugier en compagnie d'une jeune star porno et c'est avec l'amabilité d'êtres invisibles surveillants ces faits et geste à travers un igloo de cristal qu'il va apprendre le sens de sa propre vie. Que le monde est une collection de moments se succédant dans un merveilleux hasard et que pour survivre, il faut savoir se concentrer sur les bons moments afin d'ignorer les mauvais.
C'est ce que réussit finalement notre héros perdu au milieu de nulle part (est-il devenu fou ?) mais rassuré d'avoir trouvé la théorie de son épanouissement (voyage t-il réellement dans le temps ou toute cette farce corrosive n'était-elle que le reflet d'une imagination extériorisée ?)

BALADE CELESTE AVEC LE TEMPS.
Epuré d'une délicate partition musicale classique toute en poésie, Abattoir 5 est l'une des grandes réussites inclassables des années 70. Il doit sa réussite à l'interprétation limpide d'innocence infantile allouée envers l'excellent Michael Sacks et d'une structure narrative désarçonnante et déroutante autant que poignante et délirante. Mais c'est surtout sa réflexion sempiternelle sur le sens de l'existence qui tend à culminer une oeuvre formelle d'une grande intelligence et d'une richesse thématique passionnante.
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BRUNO MATEI
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Messagepar Lan » 05 Août 2011, 13:46

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Ecrit par Kurt Vonnegut Jr., Stephen Geller
Avec Sharon Gans, Sorrell Booke, Michael Sacks...

Année : 1972
Pays : USA
Durée : 104 min

.: L'HISTOIRE
Billy Pilgrim mène une vie heureuse avec sa femme Valencia. Mais sa conduite inquiète de plus en plus sa fille Barbara, son gendre Stanley et son fils Robert de retour du Viêtnam.
En effet, Billy a le don de voyager dans le temps. Il se revoit soldat au cours du deuxième conflit mondial ; d'abord agressé par deux GI, puis prisonnier de guerre, il se retrouve à Dresde au cœur du bombardement le plus meurtrier de l'histoire.


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.: LA CRITIQUE
Billy Pilgrim (Michael Sacks, vu dans l'"AMITYVILLE" original) vit une existence heureuse d'opticien dans une petite ville américaine. Heureuse ? Pas forcément ! Cet ancien soldat a survécu à la Seconde Guerre Mondiale, détenu dans un camp militaire non loin de Dresde (l'Abattoir 5 du titre, « Schlachthof fünf » comme on peut le lire sur une pancarte).
Son existence monotone est ponctuée par des sauts dans le temps (ou des souvenirs/fantasmes) l'amenant dans ce camp, dans son enfance, et même dans un futur où il est fait prisonnier à l'intérieur d'une sorte de zoo intergalactique par des aliens, qui étudient son comportement en lui attribuant pour compagne l'actrice porno de ses rêves.

Narration déconstruite où le présent et le passé se renvoient la balle, où le présent écrit le passé, où l'on attend le futur avec patience car lui seul fait rêver. La planète Trafalmadore sur laquelle « simplement le temps est », est décrite comme un Eden où notre personnage principal est à même de trouver le bonheur dans sa cage de verre.
George Roy Hill, immense réalisateur de "L'ARNAQUE" et de "BUTCH CASSIDY ET LE KID", adapte ici le livre de Kurt Vonnegut Jr (auteur de « Breakfast of Champions »), roman antimilitariste au possible, qui a pour morale : « ainsi va la vie » et il faut toujours se concentrer sur les bonnes choses qu'on a vécues.
C'est un peu le leitmotiv de ce film. Même si la phrase « ainsi va la vie » se retrouve plusieurs centaines de fois au cours du roman, mais jamais au cours du film, la réalisation se concentre sur des détails insignifiants laissant en arrière-plan les éléments plus sombres et plus dramatiques (La mort par fusillade de l'un de ses compagnons de cellule est mise au second plan, la réalisation préférant s'attacher au destin d'une babiole en porcelaine... Et c'est ainsi pour tous les morts du métrage).

Peu d'effets sont présents dans le film, et d'ailleurs plus n'auraient pas servi le propos, puisque l'essentiel de la narration et des effets de style se passent par l'intermédiaire du montage, où les différentes séquences se répondent à travers le temps. C'est d'ailleurs par cet intermédiaire que G.R. Hill insinue que notre héros voyage dans le temps, une attitude en appelle une autre, un discours de mariage appelle un discours des gardiens allemands, un crash d'avion appelle un bombardement de guerre... Rien n'est dit sur les aptitudes du héros au voyage temporel, juste une phrase laconique inscrite sur une vieille machine à écrire par un Billy Pilgrim, déjà perdu en dehors du présent au moment où commence le film.

Alors fantasme pour s'échapper de la réalité ou réelle capacité à vivre dans plusieurs époques différentes ? Il y a aussi ces libérations finales où seul le futur sur Trafalmadore dispose d'un avenir. Entre les traumas du passé, la monotonie du présent et nos espérances pour le futur, "ABATTOIR 5" c'est tout simplement la description de la vie.

Note de Arkham : 9 sur 10

Critique du film "ABATTOIR 5"
http://www.ablazine.com/
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