par BRUNO MATEI » 02 Novembre 2011, 07:56
2019, APRES LA CHUTE DE NEW-YORK
Titre d'origine: 2019 - Dopo la caduta di New York. 2019, After the fall of New-York
Réalisateur: Sergio Martino.
Année: 1983.
Origine: Italie.
Durée: 1h36.
Distribution: Michael Sopkiw, Valentine Monnier, Anna Kanakis, George Eastman, Roman Geer, Vincent Scalondro, Haruhiko Yamanouchi, Edmund Purdom, Louis Ecclesia.
Sortie en salles en France le 11 Janvier 1984.
FILMOGRAPHIE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie).
1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.
En 1981, sort sur les écrans internationaux deux oeuvres charnières de la science-fiction post-apo, Mad Max 2 et New-York 1997. Dès lors, une véritable révolution est engagée dans le genre ludique de la série B d'action futuriste dont la zone transalpine ne va pas tarder à s'approprier du filon mercantile privilégiant nombre de péripéties frénétiques inspirées de la bande dessinée et du western modernisé.
Deux ans après les succès fondateurs entrepris par Miller et Carpenter, c'est le réalisateur prolifique Sergio Martino (responsable de quelques petits classiques bien connus des amateurs comme Torso, la Queue du Scorpion, Mannaja ou le Continent des Hommes poissons) qui s'octroie de livrer sa version belliqueuse du genre post-apocalypse. Tandis que d'autres cinéastes cupides vont eux aussi durant cette même année délivrer leur copié collé avec des séries Z improbables tels que le gladiateur du futur, les guerriers du Bronx ou les Nouveaux Barbares pour citer les succédanés les plus saugrenus.
En 2019, notre monde est ravagé par une apocalypse nucléaire causant la stérilité des dernières femmes.
Les Euraks, une armée téméraire infiltrée dans les zones à risques est déployée pour prendre en chasse les quelques survivants irradiés afin de les étudier pour une éventuelle reproduction de l'humanité.
Un président américain exilé en Alaska décide de faire appel au mercenaire Parsifal pour tenter de retrouver la dernière femme fertile potentiellement égarée ou prisonnière des villes hostiles occupées par l'antagoniste. Pour cela, il s'accompagne de deux briscards chevronnés apte à combattre l'ennemi dans ce pays anarchisé. Une aventure trépidante à haut risque dans les ruines de New-York est sur le point de débuter !
Erigé dans le moule de la série Z ringarde involontairement pittoresque, faute d'un budget misérable et d'acteurs chauvins à la trogne caricaturale risible, 2019, après la chute de New-York peut sans conteste se targuer d'être le meilleur ersatz rital pour frauder ces classiques notoires cités au préalable. Grâce à l'habileté honorable d'un petit maître du Bis à la carrière loin d'être négligeable, cette bisserie intrépide et bondissante transcende ses flagrants défauts par le rythme cinglant d'un florilège de séquences d'action vigoureuses aux péripéties endiablées.
Avec l'entremise de protagonistes héroïques tous plus crétins et sévèrement ridicules, 2019 après la chute de New-York tire son charme indéniable par ses figures grotesques irrésistiblement attachantes et d'une verve visuelle soignant ses décors décharnés de carton pâte.
Que ce soit nos quidams contaminés à la gueule tuméfiée par la radiation nucléaire, un leader chinois surexcité adepte d'un cuisant fouet pour braconner les rats d'égout, un homme singe haut de deux mètres à l'épiderme poilu et rugueux (inénarrable George Eastman en sinbad déficient !), un borgne impassible humanoïde possédant une arme redoutable d'un lasso de métal relié à trois billes d'acier, un vaillant mercenaire tout aussi endurci et apte à se sacrifier pour contre-carrer l'ennemi, un nain sauteur valeureux prêt à s'éventrer pour sauvegarder la vie de ses supérieurs et enfin une femme esclave docile apte à conquérir le coeur d'un héros mad-maxien au charisme élitiste.
Dès le préambule d'une aura mélancolique exacerbée par la partition improvisée d'un trompettiste défaitiste observant de loin la beauté blême d'un new-york azur, Sergio Martino s'attache à soigner avec des moyens précaires son univers aride d'apocalypse. Tandis qu'une voix-off alarmiste va brièvement nous énoncer la situation nihiliste défavorisée pour la reproduction de l'humanité.
Après une mémorable course poursuite auto-tamponneuse entamée par des nouveaux gladiateurs conduisant des engins futuristes trafiqués en bolides blindés, la trame se confine ensuite sur le canevas payant de New-York 1997. Puisqu'un héros anarchiste, bellâtre mais inexpressif se voit contraint sous le commandement d'un chef de l'état à se retrouver en interne d'une mégalopole régie par l'armée tyrannique des Euraks. Une légion de chevaliers modernes muni d'arbalètes de rayons laser est décrétée pour assaillir le moindre survivant irradié, mais surtout tenter d'appréhender notre trio de missionnaires dépêchés sur les lieux pour retrouver la dernière femme féconde.
Grâce à la sympathie attachante de nos héros rétrogrades ou extravagants (le nain sauteur Kirke est devenu chez certains amateurs d'un pseudo Matéï une icône de bonhomie puérile) et surtout à l'action généreusement déployée pour empêcher le spectateur de s'adosser contre un ennui redouté, le montage nerveusement découpé réussit facilement à rendre ludique cette aventure frénétique rivalisant de rencontres aléatoires avec des belligérants autonomes se battant hargneusement pour la loi de la survie. Quelques séquences gores typiquement italiennes dans leur audace racoleuse vont également animer certaines péripéties s'engouffrant dans les dédales des égouts new-yorkais.
Si l'aventure échevelée se révèle si prégnante et jubilatoire pour le fan friand de nanar impayable, c'est aussi grâce à la drôlerie involontaire allouée aux dialogues présomptueux provoquant une hilarité incontrôlée par leur sobre verbalité.
En prime, le côté tapageur d'un son criard ou strident raccordé aux bruitages des armes à feu, des coups de poing fulgurants et des explosions pétaradantes sont ainsi exagérés pour accentuer sa violence débridée et vigoureuse.
La musique palpitante des frères Guido et Maurizio De Angelis va également permettre de scander le caractère risiblement épique des épreuves de force affrontées par nos héros pugnaces inlassablement traqués par les Euraks.
Les nains aussi ont commencé petit !
Efficacement troussé et nerveusement mis en scène dans une narration involontairement parodique, ce spectacle Bis haut en couleurs pillant sans complexe les derniers succès dans l'air du temps de spectacles barbares tributaires d'un monde post-apo est un pur moment de décontraction halluciné. Un dérivatif idéal contre la morosité de notre banalité, un miracle de ringardise compensant ses faibles moyens techniques par un généreux savoir-faire à structurer une action incessante et transcender des personnages ternes rivalisant de cabotinage démesuré. Eludé d'esprit prétentieux, 2019, après la chute de New-York est un fleuron du Z transalpin à jamais inégalable. Le meilleur succédané d'un Mad-Max appauvri dépassant les défaveurs du temps pour redoubler d'hilarité face à cette fantaisie surréaliste agrémentée d'une certaine ambiance palpable dans ses décors de casse froissée et de sous-terrains piégés.
Reste une question sempiternelle me taraudant toujours l'esprit ! Est-ce une faute grave d'être un nain ?
Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message.